Scène primitive. Un chantier ethnographique du Yémen d'avant-guerre

Capture d'écran de mes échanges avec Yazid sur Whatsapp, le 27 mai 2018.
Révélation sur un quiproquo de quinze ans (capture d'écran de mes échanges avec Yazid sur Whatsapp, le 27 mai 2018).
Traduction disponible au début du premier texte (accès direct).

Ensemble de textes centrés sur cette "révélation", sur lesquels j'ai travaillé durant l'été et l'automne 2018 (mise en ligne le 28 octobre 2018)
jusque dans les premières semaines du mouvement Gilet Jaune, et qui m'ont finalement permis de revisiter la relation avec Waddah (voir tout en bas).


La scène primitive de l'ethnographe
Une tragédie ethnographique dans le Yémen des années 2000

(septembre 2018)
Ou bien lire : résumé et bilan de janvier 2019

Les autres textes m'ont permis d'approfondir selon différents points de vue :
Axe Point de vue Aspect du quiproquo Textes concernés (survoler pour plus de détails)
1 Narratif Ses conséquences
pour mes rapports avec la famille de Ziad.
L'enquête et le destin (2004-2007)
Arbre de parenté & Chronologie synthétique
2 Structural
Sa fonction
dans mon enquête, ce qu’il m’a permis de comprendre de la société yéménite des années 2000.
La Bataille de Taez : topologie et enjeux
Incertitude & insécurité dans le Yémen des années 2000
3 Processuel Sa genèse
et les raisons de son maintien pendant quinze ans.
Pourquoi j'ai dû croire?
Qui m'a conduit au Hawdh? (reprise terrain 2003)
4 Auto-analytique Sa fonction pour moi
dans ma vie et mon histoire personnelle.
Sur l’expression « scène primitive » en psychanalyse
En amont (1999-2002)
Mohammed, un pur matheux. Science et société, islam et alphabétisation
Islamophobie à grande vitesse (quand je rêve de mon oncle de Tunis…)
5 Structure qui relie Sa fonction pour mes lecteurs potentiels
Pourquoi les sociologues et les Yéménites m'ont-ils laissé me dépatouiller avec ce quiproquo pendant quinze ans?
Quel rôle des musulmans pourraient-ils jouer dans une telle situation?
Le "ça" de François Burgat
Objectivisme & passions. Conditions pour une anthropologie musulmane
4 octobre 2003 : ma transmission arabe d’Aristote
À propos de la fermeture de la mosquée de Sète.
Et dans mon chantier "Gilets Jaunes" :

Gilet Jaune
Anthropologue-musulman.
Une défense intellectuelle de l’islam et de la laïcité

Dans la mesure où je cherche à produire un livre, je vais tenter de construire une suite cohérente de textes, envisageant successivement les différents axes. Mais je dispose aussi de textes partiellement redondants, que je pourrai placer en ligne, et les remodeler peu à peu… L'important pour l'instant est d'exhumer ces textes, qu'ils cessent de dormir sur mon disque dur. Je rappelle que ceci est un chantier : ces textes sont destinés à évoluer. Si vous souhaitez vraiment les citer, merci de préciser la date de la version consultée.



Conclusion du 29 janvier 2019 : « homoérotisme » vs. « scène primitive »

(29 janvier 2019) [Voir d'abord le résumé de l'intrigue sur la page d’accueil]

Pour mener sa recherche de terrain, tout anthropologue a besoin de nouer une alliance avec un interlocuteur privilégié, qui s’engage personnellement pour la réussite de l’enquête. Cet aspect du travail de recherche est parfois passé sous silence, mais la stratégie de l’anthropologie réflexive consiste au contraire à viser son explicitation : on considère que le chercheur n’a vraiment compris le fonctionnement de la société étudiée qu’à partir du moment où il est capable de rendre compte de l'alliance d’enquête. Depuis le tournant des décolonisations, avec la critique de la tradition orientaliste et de son objectivisme surplombant, cette stratégie tend à devenir la norme, sans qu’une réflexion soit vraiment menée sur d’éventuelles contre-indications…

Initialement, je me pensais capable de gérer la « charge homoérotique » associée à cette démarche dans le contexte yéménite. Faire de l’ethnographie réflexive, c’était m’engager dans la société yéménite en étant prêt à assumer la part d’affect, en acceptant de « tomber amoureux ». Dès que j’eus identifié l’interlocuteur dont j’avais besoin en la personne de Ziad (vers le 15 août 2003), les Yéménites de son entourage perçurent cette posture et l’encouragèrent tacitement : plus j’assumais ma relation avec Ziad, plus je gagnais à leurs yeux une sorte de crédit. D’autant qu’à l’extérieur, d’autres interlocuteurs m’adressaient des mises en gardes lourdes de sous-entendus… Au fil des semaines, cette situation dégénéra en une situation explosive, qui contraint Ziad à se retirer de son propre quartier. Une mésaventure difficilement compréhensible à l'époque, dont je tirai néanmoins la matière d'une première étude pour ma maîtrise.

Ce n'est qu'à un stade ultérieur que « l’homoérotisme » est devenu une problématique de recherche explicite, lorsque j’ai formulé la problématique de ma thèse (2005-2006). J’étais décidé à comprendre ce qui s’était passé lors de ma première étude, et mon insistance a clairement contribué à faire sortir Ziad de ses gonds. Après son internement en clinique psychiatrique (2007), j'ai peu à peu négocié mon retrait avec son frère Yazid. Et jusqu'à l'effondrement total du Yémen dans la guerre, j'ai tenté d'encourager l'expertise étrangère à faire de même, toujours à partir de cette même histoire (voir mes textes depuis dix ans).

Suite à l'effondrement total du pays, avec en outre la déroute définitive du camps de l'ancien régime, sanctionnée par l’assassinat d’Ali Saleh le 4 décembre 2017, j’ai pu commencer à envisager autrement toute cette histoire. Au début de l'année 2018, j’ai commencé à revendiquer publiquement, en arabe, ce qui m’était arrivé en octobre 2003, moment du premier arrachement au terrain et du premier passage à l’écriture. Et en mai 2018, j’ai enfin découvert pourquoi cet incident avait été source de fierté. Ce chantier « scène primitive » est la traduction française de ce nouveau positionnement.

Il faut donc clairement distinguer :

  • Dès 2003, un penchant intellectuel pour l'interactionnisme et la réflexivité, formalisé à partir de 2006 dans une réflexion pudique sur  « l'homoérotisme ».
  • En 2018 à travers ce chantier « scène primitive », la revendication explicite d'une mésaventure initiatique, fondatrice d'un lien affectif profond, en tant que dernière histoire encore susceptible de faire lien dans la débâcle humaniste généralisée.

Waddah à Aden en octobre 2003
La solitude de Waddah
ou la condition de musulman diplômé
.
(janvier 2019)

+ un texte de janvier 2018 (juste après la mort de Saleh, mais avant la révélation de cette "scène primitive"),
« Les hauts murs de la Maison Al-Bahr. Petite leçon d'épistémologie du régime yéménite »
à propos du non-rôle dans cette histoire d'un haut responsable de la police politique du Régime
Mise en ligne en septembre 2019.

La boucle est bouclée. Reste le plus dur :
convaincre des lecteurs de s'intéresser à cette histoire…


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Première mise en ligne : 28 octobre 2018.
Dernières modifications à ce jour : 11 novembre 2018.

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