En amont de 2003
Il y a vingt ans
très exactement, à l’automne 1998 juste après mon bac, j’intègre une
classe de « maths sup » au lycée Louis-le-Grand, situé à Paris
juste derrière la Sorbonne. Dans notre classe, un bon tiers d’élèves
viennent de ce lycée, l’un des plus élitistes du pays. Leurs parents les
ont inscrits-là dès la classe de seconde, afin qu’ils fassent partie de
l’élite de la France, et ils ont dû travailler dans une ambiance de
compétition détestable, avec la peur de décevoir, de ne pas être admis
finalement en classe préparatoire. Finalement ils sont là, mais pour
tout dire ils sont un peu fous… Un quart des élèves viennent de grands
lycées de province au fonctionnement analogue, et ils sont tout aussi
conditionnés. Un autre quart vient comme moi de région parisienne,
c’est-à-dire de lycées de banlieue avec une certaine mixité : nous
sommes tous des premiers de la classe, mais nous avons quand même appris
à vivre sans tout ramener aux résultats scolaires. Et puis il y a des
étrangers, originaires du Maghreb et d’Europe de l’Est. Parmi eux il y a
Mohammed Amine, un petit génie des mathématiques venu de Tunisie, qui
devient cette année-là mon meilleur ami
C’est une année
particulière aussi car mon père vient de tomber malade. Quelques mois
plus tôt, au début de l’année 1998, mon père a commencé à souffrir de
douleurs inexpliquées au bas ventre, qui se sont faites de plus en plus
intenses au fil des mois. Pendant l’été, les médecins finissent par
diagnostiquer la rechute d’un cancer traité cinq ans plus tôt,
qu’ils pensaient guéri. À condition de commencer en urgence les
traitements, ils estiment pouvoir offrir à mon père entre six mois et
deux ans d’espérance de vie. Mon père a tout juste cinquante ans.
Les années
précédentes, nos rapports n’avaient pas été spécialement bons, sans être
exécrables, seulement à cause de l’adolescence. Je trouvais mon père
largué, surtout sur le plan de la psychologie et des rapports humains,
et je le lui faisais souvent sentir avec un peu d’insolence. Pour le
reste, il n’avait pas à se soucier de mon travail scolaire, qui avançait
depuis toujours comme sur des roulettes. Mon père était un physicien
passionné et il travaillait beaucoup. Ma mère également, psychiatre
et psychanalyste. Chacun vivait sa vie dans notre maison, selon une
routine que j’avais toujours connue. Et puis voilà cette terrible
annonce, qui coïncide avec mon entrée en classe préparatoire :
cette fois, c’est moi qui vais devoir travailler, au moment même où
cette organisation connaît une sorte de flottement. Mon père voudrait
continuer d’aller au labo, mais la morphine lui interdit de conduire. Il
y a bien les bus, qu’il empruntait souvent jusque là, mais la pudeur à
l’égard des passagers l’oblige à renoncer, vu son état général. Alors il
travaille à la maison et se remet à fumer la pipe, qui éteint
l’angoisse. Ma mère continue de recevoir ses patients, dans son cabinet
attenant à la maison, et elle veille sur lui comme elle veillait sur
nous autrefois. C’est mon tour de rentrer tard le soir, et de partir tôt
le matin. J’ai ma première carte orange et je suis fier comme Artaban.
L’organisation générale de la maison n’évolue pas vraiment, ni son
esprit. Bien sûr pour mon père tout s’effondre, mais ça s’effondre en
silence. Je n’ai pas vraiment le temps de m’en apercevoir, ni d’y
réfléchir. Ma mère tient bon aussi, grâce à son travail. Tous les trois
en fait, guidés par une sorte de pudeur instinctive, nous continuons sur
notre lancée.
Dans ma classe à
Louis-le-Grand, il y a ce jeune Tunisien, qui
vouvoie tout le monde. Je le vois le matin descendre les marches de
l’internat, un peu guindé. Il vient du lycée pilote de Sfax, et est
bénéficiaire d’une bourse de l’État Tunisien. Pour ceux qui ne sont pas
noyés de travail, l’ambiance de la classe prépa est propice à la
camaraderie. Au sein de la classe, une complicité s’installe
progressivement entre Mohammed est moi. Nous sommes les deux compères
improbables, qui s’appliquent à faire dérailler l’esprit
scolaire, lorsqu’il tourne à l’excès .
Notre amitié s’installe peu à peu dans la classe,
comme un rocher auquel s’accrochent des élèves plus en difficulté, au
bord de la dépression. Quant aux « petits poulains » du
lycée Louis-le-Grand, qui y ont déjà fait leur classe du secondaire,
ils nous regardent avec dédain et incompréhension : Mohammed et
moi « cartonnons » d’une manière qui les inquiète, et qui
bouscule pas mal de leurs certitudes. Il faut dire que nous sortons
lui et moi de plusieurs années d’hibernation, comme premiers de la
classe dans nos lycées respectifs, et nous opérons une sorte de mue
charismatique. Mohammed devient Momo, mutation irrémédiable qui fera
de lui un Parisien.
Parallèlement à
Antony, l’état de mon père se dégrade lentement. Les
doses de morphine augmentent, son rythme de sommeil se dérègle,
finissant par confondre les journées et les nuits. Lorsque je descends
à l’aube prendre mon petit déjeuner, je le trouve souvent affaissé
dans le fauteuil du salon, assoupi dans la fumée de sa pipe, lumière
allumée et lunettes sur le nez. Mon père est un rationaliste,
contraint par les circonstances de s’observer lui-même. Pour tenter de
faire aboutir sa réflexion malgré les vapeurs de la morphine, il
s’aide d’un crayon à papier et d’un petit carnet, qui resteront avec
sa pipe dans un tiroir, plusieurs années après sa mort. Mais mon père
ne s’est jamais observé lui-même, et il n’a aucune méthode. Il y note
un rêve, quelques idées à peine discernables, d’une écriture minuscule
qui s’endort en cours de phrase. Il m’entend dans la cuisine, il bouge
mais n’appelle pas. La pudeur, toujours. Sous la surface, mon père se
noie. Je sors dans la nuit froide pour attraper mon train.
Assis au dernier
rang, Momo m’enseigne mes premiers rudiments d’arabe, dans la marge de mon
cours de maths. Kataba, kâtib, yaktub, kitâb .
Je passe avec lui le plus de temps possible, dans une dépendance qui
tourne peu à peu à l’obsession. Les cours deviennent un prétexte pour
voir Momo, passer quelques minutes à ses côtés dans l’interclasse,
pour déjeuner avec lui, et attendre l’heure des colles en fin de
journée. Quand les journées sont trop longues, je reste parfois dormir
avec lui à l’internat, pour m’éviter un aller-retour inutile. Momo
s’adapte, accepte avec pudeur, n’exprime jamais la moindre impatience.
Il se contente parfois de disparaître mystérieusement, me laissant
arpenter les couloirs de l’internat. Ma passion ne passe pas
inaperçue, mais je la tourne moi-même en dérision, blaguant tantôt que
« j’ai perdu mô mômôn » ,
tantôt que je suis « momosexuel » .
La classe prépa est un monde un peu fou, de toute manière : tant
que les résultats sont là, ce sont les autres qui s’effondrent. Notre
attention reste captivée par les équations et les formules, auxquelles
viennent se joindre pour moi, de plus en plus, les listes de
vocabulaire arabe et les formes verbales dérivées. La langue arabe est
un refuge, dans les trajets quotidiens et les week-ends, tous les
moments de ma vie où Momo ne peut m’accompagner. Elle me maintient la
tête ailleurs, dans mes fiches de grammaire et d’électromagnétisme, là
où l’air est étrangement respirable.
Mon père a
ses habitudes à l’Institut Curie, en plein Quartier Latin, et c’est
chaque fois comme s’il me rendait visite dans ma nouvelle vie. Nous
passons de longues heures dans les couloirs près de la machine à café,
où on l’autorise à fumer la pipe. Quelques fauteuils roulants trainent
là, près de l’ascenseur, dans lesquels je m’assois pour m’amuser. Il
me regarde de dos, poussant sur les roues, et s’amuse de me découvrir
jeune adulte, à l’âge des accidents de moto. Nous discutons comme en
apesanteur, de maths et de morphologie arabe, de la vie, et du voyage
en Tunisie que je prépare avec mes amis pour l’été.
Les
semaines passent, mon père ne rentre plus guère à Antony mais nos
rapports restent les mêmes, gonflés par les sèves du printemps. « Ce
serait bête que tu rates l’Ecole Normale à cause de l’arabe… » ,
me dit-il un jour, d’un ton un peu sérieux, mais je hausse les
épaules. Quand nous apprenons son admission en centre de soin
palliatifs, je lui demande s’il est satisfait, comme s’il venait
d’intégrer une nouvelle école, et il me répond sur un ton tout aussi
irréel : « Sauf que ce n’est pas
là qu’on va me guérir
de ce cancer » .
Un vendredi vers la
fin du mois de juin, j’accompagne Momo à l’aéroport,
la mort dans l’âme. Dimanche matin
commencent les trois jours de la Fête du Cinéma. Je suis au
Forum des Halles, j’élabore mon programme de
la journée et j’appelle le centre de
soin palliatifs. Mon père se plaint encore des visites
trop fréquentes, qui l’empêchent d’avancer dans son travail : i l
veut juste que je passe le
voir avant mon départ en Tunisie. Le vol, c’est demain lundi, mais
bien sûr j’ai déjà annulé mon vol. Lorsque mon père comprend, il
s’effondre en larmes, et je reste comme un idiot accroché à cette
cabine, au milieu du Forum des Halles. Ma mère est là-bas avec lui. Je
passerai le voir le soir, mais il ne parle déjà plus. Il s’éteint deux
jours plus tard, avec la Fête du Cinéma. Quand je rentre à Antony
après ma dernière séance - un film de cowboys de Stephen
Frears - ma grande sœur est là, au téléphone avec ma mère. Je me
couche, j’éteins la lumière, et je me fais cette réflexion
immédiatement : ma passion pour l’arabe n’était qu’une fuite, un
déni. J’ai baigné toute mon enfance dans le vocabulaire de la
psychanalyse. Ma mère est d’orientation freudienne mais en réalité,
c’est le mot hypnose
qui est approprié.
Je rejoins
finalement la Tunisie une semaine après l’enterrement, juste à temps
pour croiser mes camarades qui prennent l’avion du retour. À Sfax sous
une chaleur écrasante, je mesure mes compétences linguistiques pour la
première fois. Des hommes enturbannés se penchent sur mes gazouillis et
s’émerveillent, comme au dessus d’un berceau. L a
langue arabe se mêle en moi
à un sentiment violent de honte et de tristesse, qui ne la quittera
jamais. Dans ma méthode d’arabe en quatre-vingt-dix leçons, j’ai
atteint la quarante-cinquième, mais je ne vais pas plus loin.
Je passerai l’année
suivante sous anti-dépresseurs, à ma propre demande, car j’ai compris
après quelques semaines que je n’y arriverais pas. Momo et moi restons
soudé par notre bande d’amis, mais il manque quelque chose, le lien
profond et calme qui existait entre nous : quelque chose que je
n’ai jamais su nommer, qui a disparu en même temps que mon père, et que
j’associe dorénavant au souvenir de son regard posé sur moi. Momo, pour
sa part, est redevenu un blédard un peu ridicule, auquel je garde
pourtant un rapport sentimental, comme une grosse peluche qu’on évite de
montrer à ses amis. Cette année-là, je fais toutes mes révisions avec
Brice, son voisin d’internat - un jeune homme ténébreux, passionné
par Freud et Nietzsche, banlieusard comme moi - et nous rentrons
tous deux à l’Ecole Normale Supérieure. Momo passe une année dissipée,
mais il met un coup de collier un mois avant le concours et rentre à
l’Ecole Polytechnique.
En septembre 2000
j’entrais donc à la rue d’Ulm, fonctionnaire à tout juste 20 ans,
estampillé « Normalien » pour la vie. Si je ne regrettais pas
le rythme effréné de la prépa, bien sûr, je ne saisissais pas bien non
plus tout ce que j’avais pu perdre en deux années. Mon groupe d’amis du
lycée avait mal vécu mes nouvelles aventures parisiennes, et mon succès
à l’ENS scella la fin de nos rapports. Mais à vrai dire, même le cocon
de la prépa explosa comme prévu en plein vol, avec les résultats des
concours. Quant à ma famille, déjà recomposée à la base, elle ne pouvait
pas survivre à la disparition de mon père : il y avait ma mère chez
elle, seule et déprimée, mes demi-sœurs chacune faisant leur vie. Mon
passage par Louis-le-Grand avait été une métamorphose, dans laquelle
personne ne m’avait suivi, si ce n’est le regard de mon père. Je me
sentais différent des autres, obsédé par la mort - ou plus
exactement, obsédé par la question de savoir si le garçon en face de moi
avait perdu son père lui-aussi. C ’était la
seule question qui m’importait vraiment, au fil de mes rencontres, la
seule chose que je recherchais autour de moi.
D ans
mes efforts pour donner sens à mon malaise, je devins de plus en plus
sensible à des questions politiques, qui avaient à peine effleuré ma
conscience jusque là. À l’époque, c’étaient les bombardements
périodiques sur l’Irak de Saddam Hussein, sous embargo alimentaire
depuis le début des années 1990, puis le réveil de l’intifada
palestinienne, après la visite d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des
Mosquées. Sur le Plateau de Saclay, Momo aussi
se débattait dans des problèmes que nous ne comprenions pas, qui sont
les problèmes de l’exil. Son pauvre père, instituteur
dans la campagne de Sfax, m’envoyait lettre sur lettre pour me
rappeler qu’il était mon frère, et de veiller sur lui. Il ne le savait
pas mais Momo vivait en couple, il était déprimé et ne sortait plus de
chez lui – il finira par se faire virer de Polytechnique, à la
fin de la première année. J’avais le sentiment de ne rien pouvoir
faire, mais je ne pouvais m’empêcher de ressentir ma lâcheté,
une tristesse aussi, qui résonnait curieusement avec le deuil, et en
même temps avec les drames du Moyen-Orient. À côté de
cette question lancinante, mes études de physiques apparaissaient
curieusement irréelles - surtout cette mécanique quantique
absurde, dont se gargarisaient les mêmes horribles matheux, qui
semblaient nous avoir suivi tout droit depuis Louis-le-Grand…
Heureusement,
j’avais repris l’arabe à mon entrée à l’ENS. Professeur
d’arabe charismatique, Houda Ayoub attirait à elle quantité de
Normaliens, autant scientifiques que littéraires. Houda accueillit mon
récit avec une bienveillance presque maternelle, et me fit intégrer ce
cours directement en deuxième année. Je me retrouvais ainsi avec des
étudiants de toutes les disciplines, déjà engagés dans des DEA et
parfois des thèses, réunis dans une joyeuse familiarité.
Je
commençai ainsi à me rêver Normalien littéraire, ce qui était bien sûr
complètement fou - je ne lisais même pas les livres de physique,
et n’avais quasiment jamais pratiqué l’écriture… Mais depuis
l’adolescence je pratiquais la photographie, qui m’accompagnait
naturellement dans ma découverte des pays arabes (Tunisie et Maroc).
Dans ce contexte, je me pris d’un intérêt très sérieux pour Johan Van
der Keuken (1938-2001), réalisateur néerlandais d’un cinéma
documentaire et expérimental, mais aussi photographe et théoricien de
la photographie, que j’avais découvert par son dernier film, Vacances
prolongées . A tteint
d’un cancer, le réalisateur y traite de l’imminence de sa propre mort,
en même temps que des thématiques qui lui sont chères - les
inégalités Nord-Sud, le temps, la technique, l’observation du monde.
Et tout cela dans un mélange de contemplation et
d’intellectualisme - en fait sur un mode très proche de ce
qu’avait vécu mon père en étant confronté à une épreuve analogue, mais
que la pudeur nous avait empêché de partager. Aussi, je m’accompagnai
de cette figure sur de nouveaux chemins, dont je savais avec certitude
qu’ils étaient faits pour moi. En février 2001, j’exposais à l’ENS
quelques photos du Maroc accompagnées de courts textes, obsédés déjà
par mes thèmes de prédilection : la honte associée à la prise de
vue et la fuite vers les paysages naturels.
Et puis vint le
premier contact avec la société yéménite, en juillet
2001 à Sanaa, à l’occasion d’un stage
linguistique avec la classe d’arabe de l’ENS. Je
constatais l’hospitalité des Yéménites, leur jeunesse et leur appétit
de rencontre, préservés apparemment des complexes post-coloniaux,
auxquels les pays du Maghreb me confrontaient sans cesse. Je pus aussi
mieux connaître les autres élèves de la classe d’Arabe
et partager mes questionnements. C’est ainsi qu’à la fin du mois
d’août, je finis par découvrir l’existence de l’anthropologie, cette
discipline à la fois analytique et expérimentale, qui semblait me
correspondre. Je l’appris de la bouche d’une jeune fille allemande,
étudiante en Angleterre, qui croyait en moi. J’avais déjà passé une
nuit à discuter avec elle, ma dernière nuit à Sanaa, sur la terrasse
de l’hôtel parmi les maisons tours.
De retour en
septembre pour mon stage de maîtrise, sur une manip
d’ atomes froids à Orsay,
j’étais confronté à la réalité très prosaïque de la recherche, qui
avait été le travail de mon père : plusieurs années dans une cave
à « serrer des boulons », comme ils le disaient eux-mêmes,
puis rejoindre les étages supérieurs, pour se vouer à des tâches
bureaucratiques et hiérarchisées, certes agrémentées par des voyages
et des colloques internationaux. Je n’étais pas sûr que le mystère
quantique le justifiait, ni à vrai dire que les réponses que je
recherchais se trouvaient vraiment là. C’est dans cette
cave que je me trouvais lors des attentats du 11
septembre. Je pris mon après-midi pour rejoindre Momo, sur le campus
voisin de l’école Polytechnique, et nous vîmes ensemble les tours
jumelles s’effondrer en direct à la télévision.
Au
fond , ma reconversion aux sciences sociales allait
reposer toute
entière sur un pari : la possibilité de
renouveler les approches classiques des « littéraires », de
manière expérimentale, en reproduisant
l’emballement charismatique vécu à Louis-le-Grand aux côtés de Mohammed
Amine. Plus je m’intéressais aux pays arabes, plus
j’affirmais un point de vue autonome sur les questions associées au
Moyen-Orient, et plus je ressentais la pertinence de cette expérience
initiatique, où positionnement social et émulation intellectuelle
s’étaient trouvés indissociablement mêlés.
Quelques
semaines après les attentats, je partais un week-end à Cambridge,
rendre visite à la jeune fille, et elle devint ma petite amie. Ce fut
assez pour considérer que j’étais un adulte, et que je pouvais assumer
des choix malgré la mort de mon père. Dès le lundi suivant,
j’annonçais ma décision à la direction des études de l’ENS :
j’allais me réorienter vers l’anthropologie et les sciences sociales.
En fait cette relation ne dura pas longtemps, mais peu importe :
j’avais fait le grand saut. À la rentrée suivante, j’intégrais une
licence d’anthropologie à l’Université de Nanterre, tout en suivant les
enseignements du département de sciences sociales de l’ENS 1 .
Et c’est ainsi qu’à l’été 2003, le 23 juillet, je repartis au Yémen pour
y mener un premier terrain de trois mois, cette fois dans la ville de
Taez.
https://old.taez.fr/sites/2018-2020/ScenePrimitive/docs-SP/SP_17aout2003.pdf
Retour
sommaire
J’ai
en fait commencé à me former en anthropologie à Cambridge, ainsi
qu’à perfectionner mon arabe , en marge d’un
stage prévu dans mon cursus de physique, sur des simulations de
bionanotechnologie (janvier-juillet 2002) .
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