Pourquoi j’ai dû croire

Version au 30 octobre 2018

La place de l’Occidental : une double contrainte ?

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La place de l’Occidental : une double contrainte ?

Revenons aux dernières semaines de mon premier séjour et à cette « scène primordiale » de mon enquête, dont quinze années auront à peine suffi à m’extirper. Cette scène est bien un signe des temps. Ce n’est pas par accident qu’elle est venue s’incruster là, dans mon travail et dans ma vie. Si Nabil n’a jamais tenté de me violer, il fallait pourtant que je le croie. M’y contraignaient les Yéménites « ouverts d’esprit », ainsi que l’exercice sociologique dont je devais m’acquitter, afin de rentrer en France la tête haute, et pouvoir voyager encore l’année suivante.

Pour continuer à aller sur le terrain, j’avais besoin de croire en la société yéménite. J’avais besoin de croire en sa cohérence, en la complicité sous-jacente de ses membres. Et de fait, à un moment donné de mon séjour - après que Ziad ait choisi de se retirer dans son village - tous mes interlocuteurs yéménites s’étaient retrouvés d’accord pour me mettre en garde contre Nabil (alors qu’auparavant, seuls des interlocuteurs extérieurs me mettaient en garde, et de manière très vague, surtout dans l’espoir que je m’éloigne de Ziad).

J’avais bien compris aussi qu’à travers ces sous-entendus, c’est ma place qui était en jeu : on me faisait comprendre que je n’étais pas à ma place, ou en tous cas que je gênais, il y avait un problème. Et ce problème pouvait avoir plusieurs noms : le Régime, la violence, l’extrémisme religieux, etc.. En fait c’était un problème de place, seulement de place - ça je peux le dire aujourd’hui, mais à l’époque c’était encore difficile à imaginer. Car on tentait de me faire comprendre que je n’étais pas à ma place, tout en mettant un point d’honneur à faire en sorte que je me sente à ma place partout. Taez se donnait pour une société moderniste, une société ouverte : tout l’inverse d’une société tribale et lignagère, où l’hôte étranger est le seul à ne pas avoir de place bien définie. Quand bien même Taez aurait été, en fait, une société structurée, je n’avais pas vraiment l’expérience de ce que cela pouvait recouvrir comme réalité.

Taez passait donc pour une société « ouverte », mais une société « opprimée » par un « Régime ». Le « Régime » s’imposait comme une explication alternative, palliant l’insuffisance de mes analyses et de ma conscience : c’était cette entité « là dehors », insaisissable mais dont j’imaginais des figures (le chef de la police des souks par exemple, comme dans certains films égyptiens des années 2000) - un Régime qui contrôlait ce que je faisais, ce dont nous parlions, qui ne voulait pas que ma recherche soit trop intéressante. Qu’à travers tous ces sous-entendus, il ait été question en fait de ce problème-là, cela passait pour une explication plausible. Sur le papier au moins - car ça ne collait pas vraiment avec mon ressenti, au contact des personnes occupant des positions institutionnelles (Nabil), ou ouvertement affiliées au parti présidentiel (un certain Salâh, un intello, envoyé dans le quartier exprès pour échanger avec moi…) - non, je ne saisissais rien de tel qu’un « Régime » à l’oeuvre, ça ne collait absolument pas à mon ressenti. Mais c’était la seule explication plausible sur le papier, et en concevoir une autre aurait exigé une révision totale de tous mes a priori sur le monde.

Après coup, j’ai donc compris cette tentative de viol comme une mise en scène, conçue de manière collective et transversale, en lien avec des considérations liées au Régime. Cette idée a dû s’installer dans mon esprit vers 2004, et elle y est restée jusqu’au printemps 2018. Dans cette perspective, Ziad était disculpé de toute perversité, mais Nabil restait encore entaché d’une tare congénitale, malgré mes tentatives de réhabilitation ultérieures1. Je savais bien que Nabil n’avait pas vraiment voulu me violer, mais il avait tout de même accepté d’endosser ce rôle. Nabil travaillait avec le Régime - on en revenait toujours là…

La question est donc : comment mes interlocuteurs privilégiés, fin septembre 2003 après le départ de Ziad, ont-ils réussi à détourner vers Nabil un certain malaise cognitif et psychique, lié au sentiment de ne pas trouver ma place et de n’y rien comprendre, jusqu’au point où j’ai accepté de croire que Nabil était un violeur d’enfants, capable de concevoir ce genre de désir. Pour y parvenir, ce que mes interlocuteurs ont mis en place, n’est rien de moins qu’un « printemps arabe » - mais je ne pouvais pas le nommer comme ça à l’époque évidemment… - un printemps arabe dans un verre d’eau, centré sur ma subjectivité. Je ne vais pas le raconter ici encore une fois : l’important est qu’ils ont réussi. À un moment donné, j’ai accepté de ne plus voir que tout reposait sur ma subjectivité. J’ai accepté de partir, et d’enfermer mes interlocuteurs dans mes propres représentations. Je savais bien qu’à terme je n’aurais pas d’autre choix, de toute façon, même s’il me restait encore quatre semaines. J’ai accepté de fuir ou, plus exactement, de croire que j’avais fui. Mais ce n’était absolument pas le cas, d’un point de vue très factuel : dès le lendemain de l’incident, j’étais de retour face à Nabil. Et si je suis monté dans la Capitale le surlendemain, c’est parce que j’avais appris que ma prof d’arabe Houda Ayoub était justement de passage à Sanaa… Ça me faisait un « but de promenade », lui faire une bise et prendre un peu l’air, ça tombait très bien.

Une fois à Sanaa, je recontacte un cousin de Ziad que j’avais croisé brièvement lors de son passage à Taez : un exilé du quartier, monté dans la Capitale pour le travail, mais qui ne demandait qu’à répondre à toutes mes questions, pour clarifier ce que ses « voyous de cousins » avaient embrouillé dans ma tête. Waddah ne mets pas en doute un seul instant le geste de l’infâme Nabil, bien sûr, mais il veut surtout savoir ce que Ziad a tenté avec moi, et il y revient avec insistance… Même s’il s’agît de ses cousins, Waddah fait passer son hôte en premier : il est sérieux et factuel, me parle sans aucune mise au défi, aucun sous-entendu et aucun jeu. Il répond simplement à toutes mes questions, consciencieusement, pendant quarante-huit heures de discussions presque ininterrompues. Après une première nuit chez des amis à lui, dans un local-dortoir de célibataires (dukkân), nous nous replions dans le logement que j’occupe : une maison traditionnelle de l’ancien quartier juif louée par de jeunes chercheurs français, alors en vacances en France mais qui m’ont laissé les clés. Et voilà qu’à l’aube du troisième jour, Waddah qui n’a pas fermé l’oeil me réveille depuis la porte de ma chambre, en appelant mon nom. Il veut savoir si par hasard, à travers cette recherche, je ne chercherais pas à établir un rapport… Il voudrait que j’admette quelque chose, que je me confie à lui mais il se trompe : je n’ai rien à avouer. Sans doute il s’en rend compte sur mon visage, à la manière dont je me frotte les yeux… À Taez j’étais en train de perdre la tête, et Waddah est mon dernier interlocuteur : je ne vais pas l’humilier lui aussi, ça n’a plus de sens ! Alors je lui prends la main et l’entraine vers le salon.

Donc ce n’était pas une fuite, mais une décision délibérée : envisager chez les Yéménites quelque chose que j’avais refusé d’envisager jusque là, tant que j’étais face à eux. Une dimension occulte de la réalité sociale, qui commençait à peine à faire jour dans mon esprit, mais qui promettait d’être la clé, pour enfin comprendre et m’insérer harmonieusement.

D’emblée, Waddah m’était apparu comme l’interlocuteur idéal. Par nostalgie, il avait à coeur d’évoquer ses cousins, voisins et amis d’enfance, mais en même temps il tenait à se démarquer d’eux, à apparaître comme plus responsable, comme ayant rompu avec ce mode de vie de légèreté - pour devenir « réglo »2. Ma recherche portait déjà sur le rôle du sentiment amoureux dans l’adhésion à l’autorité charismatique du Leader. Au cours de deux jours de discussions ininterrompues, j’exposais à Waddah l’ensemble des intrigues qui s’étaient succédées dans les six semaines précédentes. Waddah m’écoutait, cherchait à comprendre et remplissait les blancs, pris dans une sorte d’hypnose. Au passage, il me livrait quantité d’informations cruciales dont je n’avais jamais disposé, et se confiait à moi comme personne ne l’avait encore fait : comme un insider disposé à parler, à objectiver le monde dont il était issu, dans l’espoir d’en être encore un peu.

De ces premières discussions, il me reste quelques notes dans mon grand cahier - qui vont s’interrompre ensuite - mais aussi une scène, très révélatrice, qui est restée gravée dans ma mémoire. Waddah et moi marchons côte-à-côte à Sanaa dans la rue du 26 septembre, débouchant sur la Place de la Libération, quand soudain mon téléphone sonne. C’est ma petite amie, qui a suivi depuis la France mes péripéties depuis deux mois, non sans inquiétude parfois. Le sourire jusqu’aux oreilles, je lui raconte ces derniers développements. Je lui parle de cet interlocuteur providentiel, de tout ce que je suis en train de comprendre, de surprendre, à propos de ce quartier dont j’ai fini par m’extraire… À cet instant, je réalise le degré de familiarité intime, dans cette vie sociale que je redécouvre autrement aux cotés de Waddah : une forme de « promiscuité » que je n’ose encore nommer. Je sens Waddah qui m’observe parler dans cette langue étrangère, et je ressens soudain une sorte de honte. Bien sûr il ne comprend pas, mais… Nous parlerons plus tard. Je raccroche. Waddah et moi reprenons notre conversation qui se poursuivra tout l’après midi, et la soirée jusque tard dans la maison de mes amis.

À ce stade, je n’appelle pas encore cela de l’homosexualité. Je n’appelle pas cela du tout, je me contente de le vivre - et je ne cherche pas à l’expliquer à ma copine au téléphone. Je sais que dans trois semaines je me retrouverai entre ses bras, et ce sera bien assez tôt. En ce mois d’octobre 2003, je me contente d’évoluer dans la société yéménite, incroyablement à l’aise, incroyablement à ma place dans les rues de la Capitale, et de revisiter mes notes sur Taez à la lumière de cette aisance, comme pour l’ancrer dans ma mémoire. Je tente surtout de trouver le juste comportement avec Waddah, qui se révèle beaucoup moins stable et beaucoup moins sain d’esprit qu’il n’y paraissait quelques jours plus tôt. Il se révèle tour à tour haineux, blessé, alcoolique, désespéré, puis drôle à nouveau, mais digne, et toujours fondamentalement sincère. Je l’écoute, je joue l’infirmière, j’essaie d’être digne moi-aussi. Peu à peu, Waddah comprend que cet incident n’est pas un simple dérapage ponctuel dans le péché, mais une épreuve. Dans cette compréhension, il puise des ressources pour mieux réagir. Quant à moi, je fonctionne à l’instinct ; j’essaie de le rassurer, sans savoir exactement sur quoi. Peut-être de lui rester fidèle : même si Ziad devait devenir le seul ritable héros, je ne le trahirai pas.

Et de fait, j’ai recontacté Waddah quasiment chaque année, à ma descente de l’avion, et nous passions ensemble quelques heures, avant que je prenne le car pour Taez. Un peu comme les formalités pour le permis de recherche, auprès des institutions yéménites : c’était comme un rituel, mais qui m’importait beaucoup plus. Une histoire dont je ne savais plus quoi faire, mais à laquelle il me fallait continuer de payer un tribu - comme une femme adultère maintenue enfermée dans sa maison, « jusqu’à ce que la mort vienne mettre fin à sa vie, ou que Dieu lui offre une autre issue » (Coran 4:15). Cela a duré plus d’une décennie, avant que la révolution et la guerre ne défasse entre nous ce pacte. Nos derniers échanges remontent à 2013, bien que je sois encore en contact régulier avec ses cousins, mais puisque je ne reviens plus au Yémen, puisqu’il n’y a plus de Yémen - ou en tous cas plus d’État - cela n’a plus lieu d’être. Quoi qu’il en soit, Waddah a toujours été digne3.

> lire l’épilogue plus théorique de mai 2018 :
« 
4 octobre 2003 : ma transmission arabe d’Aristote  »

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Nous sommes aujourd’hui en 2018. J’ai 38 ans et je suis musulman depuis plus d’une décennie, pourtant mon histoire ne passe toujours pas. Ni chez les musulmans diplômés, ni chez les spécialistes de l’islam, on n’arrive à comprendre comment l’homosexualité a pu être une étape de mon cheminement - avant que l’islam ne fasse sens, et pour qu’il fasse sens finalement, une étape nécessaire. On n’arrive pas à comprendre et on ne veut pas. Ethnographie réflexive ou pas, on considère qu’il y a là une question personnelle. Et plus j’affronte ce refus, plus il m’apparait comme le symptôme d’un déni : déni d’un ordre pourtant flagrant, d’une structure qui relie (G. Bateson), où l’unité et la cohérence du monde contemporain se donnent à voir et à penser. Refus d’entendre mon témoignage sur le monde, refus d’en concevoir la part de nécessité - c’est-à-dire au fond : refus d’envisager l’existence sociale de l’islam, au-delà de ce que les sciences sociales peuvent en dire, au-delà et au-dessus. On pourrait donc traiter l’islam comme une chose, ou bien comme l’appartenance confessionnelle de certains chercheurs, mais jamais comme l’une et l’autre à la fois. De ce pacte tacite entre les sociologues et les musulmans diplômés, découle la fermeture de tous nos horizons.

Onze années se sont écoulées depuis la mort de Nabil, l’incendie et ma conversion. Je me suis enraciné dans l’islam dans mon propre pays, bien loin du Yémen, mais je n’ai jamais renoncé à rejoindre le Bassin des Saints. Il est resté pour moi un lieu mythique, renfermant le secret des origines, pour moi seulement… Pour la plupart des Yéménites, le Hawdh al-Ashraf n’est peut-être qu’une intersection parmi beaucoup d’autres4. J’ai bien tenté de les convaincre de se pencher sur mon histoire, inlassablement, mais rien n’y a fait. Cette pseudo-tentative de viol faisait blocage, m’empêchant d’expliquer ce qui me liait à cette famille. Ma recherche est restée une affaire bizarre, que personne ne voulait comprendre, et j’ai échoué à devenir anthropologue. Parallèlement, le Yémen s’est enfoncé dans la guerre. J’ai échoué.

Le Mensonge est une rivière tumultueuse, issue d’un lac d’altitude qui est la Vérité. Mais on ne revient jamais à la source. Les hommes meurent, les villes disparaissent, et chaque individu se retrouve confronté seul à sa propre histoire.

Pourtant, j’ai toujours eu l’ambition de proposer une vision équilibrée et cohérente du Régime yéménite, comme j’avais su le faire dans mon premier mémoire à l’échelle d’un charisme de quartier. Après Ziad, proposer une vision cohérente de Nabil, l’homme du Régime : c’était la suite logique de mon travail. Et dès 2006, toujours avec pudeur, j’étais prêt à assumer mon passage par l’homosexualité. J’étais prêt à toutes les remises en question épistémologiques, plus encore après ma conversion à l’islam. Mais malgré cela, ou à cause de cela peut-être, j’ai échoué. Sociologues et musulmans, ensemble et obstinément, ont refusé que nous vivions dans le même monde, Nabil, Ziad et moi.

Au-delà du souvenir de Nabil, et au-delà d’être au clair avec cette petite mésaventure personnelle, c’est la cohérence de l’expérience sociale yéménite que l’on m’a empêché de rapatrier. Mais réunir le monde est une prérogative divine, et peut-être fallait-il cela pour que je le comprenne.

Sur les eaux calmes et profondes de ce lac d’altitude, je remplissais chaque soir les pages de mon carnet, comme le vulgaire espion de je-ne-sais-quelle théorie, la dernière mode universitaire. Mauvaise habitude secrète, dont sans doute les Yéménites se rendaient compte à la longue, car elle me maintenait toujours hors de leur portée, incorrigible pour une part au moins. Cela justifiait sans doute que ceux-ci me poussent peu à peu vers le barrage, et me précipitent par-dessus bord. Mais j’ai changé les années suivantes : j’ai appris peu à peu à ne plus écrire, à ne plus prendre en note, discipliner mon esprit jusqu’à ne plus voir, presque ne plus penser. J’ai appris à baisser le regard sociologique, comme tout sociologue musulman devrait apprendre à le faire, plutôt qu’ajouter à la cacophonie. Je voulais écrire une thèse différente, mais les Yéménites m’ont regardé me débattre, avec amusement et indifférence, incompréhension peut-être… Au fond, si les Yéménites m’ont jeté par dessus bord, loin des eaux calmes et profondes de la Vérité, n’est-ce pas un peu qu’ils se débattaient eux-mêmes dans le torrent du Mensonge ?

L’enquête est un djihad dans le chemin de Dieu. Je n’ai jamais écrit cette thèse, mais comment pourrais-je le regretter aujourd’hui ? Huit ans se sont écoulés depuis mon dernier voyage, mais je me rends presque chaque jour sur les bords de ce carrefour, pour revivre telle ou telle anecdote, telle ou telle intrigue. Et comme je ris…

On m’a dit que ce lieu n’existait plus. J’ai vu des photos sur internet, et des vidéos : quelques reporters agrippés à leur micro, portant le casque et le gilet pare-balle, dans un paysage de ruines étrangement familier5. Factuellement je le sais ; objectivement ça n’a aucun sens, ça n’en aura jamais. Comme toutes ces thèses que j’ai refusé d’écrire, hypothèses dont j’ai su me préserver. Peu importe que j’aie été retenu par un scrupule, par une honte ou par une fierté. L’essentiel est que dans ma mémoire, les acteurs restent vivants. L’essentiel est que je puisse retourner chaque jour sur les eaux de ce lac, y découvrir des paysages enfouis, frémissements de surface et courants silencieux, que jamais autrefois je n’aurais pu déceler. Et que mon coeur en soit comblé, récompensé par quelque ironie rétrospective, une force d’airain. En fait, Nabil a toujours été à mes côtés. Quant à mon saut dans l’homosexualité - à vrai dire je n’ai jamais pu me convaincre d’en avoir honte, et je sais aujourd’hui pourquoi. Replacé en contexte, c’était un saut instinctif dans la Vérité.
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1Voir notamment un texte de 2012 : « L'ethnologue et les trois frères de Taez, ou la chute des figures charismatiques urbaines dans le Yémen des années 2000 »

2Cette problématique de la rupture avec le quartier pour « changer de vie » est longuement développée dans mon mémoire de maîtrise. Waddah y est évoqué page 110-111, mais cette problématique est surtout mise en lumière à travers Nashwan, acteur central de mes péripéties antérieures dans le quartier, qui décide ensuite de me suivre à Sanaa, pour « changer de vie » à son tour. La transposition avec les quartiers populaires français semble avoir joué comme un « attracteur » cognitif, qui m’a permis de retomber sur mes pieds en termes de posture. J’ai eu à coeur de problématiser cette transposition par la suite, dès ma seconde enquête, mais cela s’est avéré une autre paire de manches…

3Dans les archives vidéo personnelles que j’ai mis en ligne en janvier dernier, on peut percevoir chez Waddah quelque chose de cette dignité silencieuse, face au drame qui se déroule sous nos yeux. Notamment dans cette scène où Ziad s’adresse sobrement à la caméra (https://youtu.be/TGeLsf6XFfA?t=2034, Waddah est au second plan), mais également un peu plus tôt vers la 20ème minute où il apparaît également (version sous-titrée ici), et dans sa posture en général lors de cette journée d’adieux un peu solennelle, le 17 novembre 2008.

4[J’ai depuis réalisé l’importance du Hawdh dans la guerre actuelle - voir mon second texte, « un carrefour dans l’histoire » - que je n’osais envisager par une sorte de déni].

5Voir par exemple le reportage de Skynews Arabia, tourné le 19 février 2016 sur l’emblématique carrefour du Hawdh al-Ashraf (https://www.skynewsarabia.com/video/817649).

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