Du chercheur en sciences sociales comme connard

Textes rédigés durant le confinement (J+8 à J+10, intro à J+19)


Le temps du confinement

3 avril 2020

Avec son texte « Les connards qui nous gouvernent », publié le jeudi 19 mars sur son blog du Monde Diplomatique, le chercheur Frédéric Lordon est l’un des premiers à avoir rompu le silence, qui prédominait depuis l’annonce du confinement. Il prédominait jusque là une sorte de stupéfaction face à la nouveauté, face à cette brusque irruption de la Nature - certains diront de la Souveraineté Divine - dans le jeu de nos existences collectives, qui nous apparaissait jusque là relativement cadré. L’irruption de quelque chose d’impensable, ou plutôt la modification soudaine des prémisses fondamentales de nos analyses - quant aux contours du « social » et du « biologique », quant à l’espace de sens où peut se déployer la volonté collective, entre l’intimité des personnes et le rapport à l’État. Et donc le réflexe de se taire, réflexe bien naturel, pour ne pas dire une connerie.

Mais c’est le propre des sociétés humaines, à vrai dire, qu’il s’y trouve des institutions dont la raison d’être est de parler en toutes circonstances : qui pour interroger son Dieu ; qui pour interroger la Science ; qui pour dire ce que Jésus aurait fait ; qui pour expliquer en quoi il y a un rapport avec le Yémen, avec la ville de Taez et le carrefour du Hawdh al-Ashraf (ça c’est pour la petite pointe d’auto-dérision…). Et comme nous sommes le pays des guerres de religion - le pays où plus qu’aucun autre, l’État central s’est construit comme arbitre des différences d’orientation métaphysique - la cacophonie a aujourd’hui repris ses droits. Chacun y va maintenant de sa petite analyse, qui sur les inégalités sociales face à la pandémie, qui sur la « proxémie » en temps de confinement, qui sur le lien entre coronavirus et changement climatique - manière de dire en somme « rien de nouveau » : la catastrophe se produira comme nous l’avions annoncé. Exactement comme sur d’autres affaires - et je pense notamment à l’affaire Merah - le langage aura tôt fait de transformer l’épidémie de Covid-19 en un problème inextricable, dont notre pays ne se sortira qu’au prix de très lourdes pertes.

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Comme je crois l’avoir montré quelque part, les répercussions de l’affaire Merah furent d’autant plus graves que les meurtres furent commis en mars 2012, peu de temps avant l’arrivée de la Gauche au pouvoir. Les Sarkozystes n’étant plus aux affaires, il suffit à Bernard Squarcini de faire le dos rond en assumant d’être le « connard » de l’histoire - tout en maintenant sa version des faits (Merah avait agi seul), que personne ne lui demandait vraiment de toute manière.

Car en réalité, c’est au fil de l’été 2012 que s’est construit l’affaire Merah proprement dite, dans une connivence malsaine entre un Ministre de l’Intérieur (Manuel Valls), soucieux d’incarner à gauche « l’homme de la situation » en vue des présidentielles de 2017, et des commentateurs eux-même enclins à asséner « l’humanisme » de leur propre vision du monde. Jusque dans ses soi-disant « zones d’ombre », l’affaire s’est constituée dans l’activité discursive des acteurs de ce nouveau pouvoir : à travers un certain nombre d’éléments de langage, repris de manière disciplinée par tous les « professionnels de l’information », chaque fois qu’on créait le buzz avec des fuites sélectives du secret-défense, en instrumentalisant la douleur des familles de victimes. Le tout reposant sur l’orientation générale d’une « morale de l’histoire » : il y a les connards de l’extérieur et ceux de l’intérieur, il y a le « fascisme » néolibéral et le « fascisme » islamique. Mais on ne les a jamais qualifié de « connards », ceux qui n’ont jamais cessé de parler sans vergogne, toujours préoccupés de se tailler la part du lion dans les contradictions de leurs prédécesseurs. Sur ce point au moins, les sciences sociales fonctionnent comme la politique. On ne les a jamais traité de connards, on s’est même solidarisé avec eux, en défilant derrière avec notre stylo. Et quand le monde extérieur, finalement, s’est invité dans cette affaire pour de vrai, un certain 13 novembre 2015… Eh bien tout le monde a été très triste : pas tant pour les victimes anonymes, mais parce que plus personne ne serait plus solidaire de personne, et chacun le savait en son for intérieur. Était venu le temps du confinement.

En octobre 2017, dans le procès aux assises du frère aîné Abdelkader Merah, Squarcini est finalement appelé à la barre pour s’expliquer, et il a la sagesse de se rallier à l’avis majoritaire : tout compte fait, Mohammed Merah n’était pas un loup solitaire. Comme le monde extérieur est dangereux, le connard est pardonné.

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(23 mars)

En fait il est difficile de prendre conscience à quel point notre pays est marqué par la lâcheté collective des chercheurs en sciences sociales, difficile même d’envisager un monde où il en serait autrement. C’est néanmoins dans cette direction que j’aimerais poser quelques balises.

Sur l’affaire Merah, il faut le dire et le redire : les chercheurs en sciences sociales n’ont pas su trouver la posture décente qui s’imposait, en tant que salariés d’un État dont la responsabilité était manifestement engagée. En 2012 et les années suivantes, ils n’ont pas su apporter les quelques clés d’interprétation simples, dont le débat public avait cruellement besoin. Ils ont préféré broder des « éclairages » et des « explications multifactorielles », contribuant activement à la fabrication des clones…

[Je renvoie à un texte ancien : « La cybernétique de l’affaire Merah »]

Il y a bien une lâcheté spécifique du chercheur en sciences sociales français, qu’on peut aussi faire remonter au début des années 2000, à l’héroïsme intellectuel dont les Français se paraient alors dans un monde menacé par la guerre - alors que l’état interne du pays et de la gauche contredisait à l’évidence une telle fierté (voir la présidentielle du 21 avril 2002…).

Voir le récit personnel ci-dessous : « Plus rien ne sera jamais comme avant » (Automne 2001)

Et bien sûr on peut remonter plus loin, peut-être à la Cinquième République et à la Décolonisation, peut-être à la Seconde Guerre Mondiale et la Collaboration. Mais ce qui me semble important dans la période actuelle, c’est de nommer cette lâcheté de l’intérieur même du paradigme des « sciences sociales », telle qu’il s’est imposé dans le monde intellectuel dominant, et le paysage institutionnel français.

J’ai tenté de me prendre moi-même comme cobaye dans l’un des textes ci-dessous, « Le jeune Yéménite et la petite amie ». J’ai abouti à la conclusion suivante.

Fondamentalement, le « chercheur en sciences sociales » français est un connard pour des raisons épistémologiques très simples, liées à la manière dont celui-ci s’arroge un accès autonome au social, par-dessus les traditions et les idoles disciplinaires - cf le « laboratoire de sciences sociales » de l’ENS, fondé au début des années 1980… - mais dans des conditions qui le condamnent en pratique à entretenir un rapport au monde bien particulier, ce dont la société française souffre considérablement…

Pendant le mouvement des Gilets Jaunes non plus, on peut dire que les sciences sociales n’ont pas été à la hauteur. Si certains chercheurs ou chercheuses se sont engagées dans le mouvement, résolument et à égalité, d’autres se sont empressés d’offrir les cautions de « l’objectivité scientifique », à une colère qui initialement n’en avait cure, pour lui offrir de bien minces perspectives d’émancipation intellectuelle. En lui communiquant leurs mots, tel un mauvais virus, ceux-là ont contribué à son enlisement, à son étouffement en fait.

Un an et demi plus tard, le covid-19 peut bien apparaître comme une revanche, pour un mouvement Gilet Jaune qui veille encore sous la cendre. Ce qui explique les choix opérés par le Pouvoir dans la mise en œuvre du confinement : finalement ne s’agit-il pas, à la faveur du Covid-19, de mettre en quarantaine les sciences sociales, et de renouer avec sa population sur un terrain strictement biologique et sanitaire ? Aux chercheurs en sciences sociales de se positionner habilement dans ce contexte, pour faire la preuve de leur apport dans la lutte contre la maladie. Sans céder cette fois à la rhétorique facile où le chercheur se confond avec ses enquêtés, le nom avec la chose nommée, la carte avec le repas…

« Plus rien ne sera jamais comme avant » (Automne 2001)

24 mars 2020

Souvenez-vous, c’était il y a presque vingt ans. Les avions étaient cloués au sol, les médias étaient obsédés par le ralentissement économique, on affirmait que le monde ne serait plus jamais comme avant. Des hommes qui apprennent à piloter des avions, pour les projeter dans des tours ! Il est difficile de reconstituer l’effroi provoqué par cette attaque, venue soudain du coeur de notre modernité, comme si le sol s’effondrait sous nos pieds. Il semble que nous nous soyons accoutumés…

Ce mardi 11 septembre 2001, je me trouvais au troisième sous-sol de l’institut d’optique d’Orsay, dans une cave où des chercheurs s’amusaient à isoler des atomes dans un piège dipolaire, par refroidissement magnéto-optique. J’avais 21 ans à l’époque, et je ne voulais pas vraiment devenir physicien.

J’ai pris la décision de me reconvertir aux sciences sociales durant ces semaines un peu étranges, où nous étions tous en route vers « plus rien comme avant ». Pour moi, plus rien n’était comme avant déjà depuis trois ans, depuis le cancer diagnostiqué chez mon père âgé d’à peine 50 ans, et son décès au terme d’une année, ma première année de classe préparatoire. C’est dans cette période que j’avais commencé à apprendre l’arabe, avec un camarade boursier de l’État Tunisien. Mohammed débarquait en plein coeur du cinquième arrondissement, dans un lycée élitiste et bourgeois, au terme d’une adolescence studieuse et paisible dans la ville secondaire de Sfax. Plus rien n’était comme avant pour lui aussi dans cette période, et il sut me soutenir comme nul autre. Dans la rencontre entre ces deux drames, celui de l’exil et celui d’une mort prématurée, s’est nouée une intuition qui ne m’a jamais quitté.

Le Moyen-Orient était déjà associé à certaines questions politiques, des problèmes « en cours de règlement », que pour ma part je découvrais à peine : le conflit israëlo-palestinien, l’embargo alimentaire sur l’Irak de Saddam Hussein, ou les bombardements périodiques décidés par le Président Démocrate Bill Clinton, pour détourner l’opinion américaine de ses frasques dans l’affaire Lewinsky. A priori, je n’avais aucune légitimité à me sentir concerné, mais tous ces drames faisaient écho au malaise dans lequel je me débattais, et ces scandales étaient devenus les miens. Mohammed à ce stade était devenu Parisien, il poursuivait son propre bout de chemin, mais il ne pouvait pas vraiment comprendre cette révolte solitaire et douloureuse. Certaines discussions me faisaient sortir de mes gonds, apparemment sans raison, avec des amis ou à la table dominicale : je me montrais peu « raisonnable » et différent des autres, malade en somme. À l’origine, ç’avait été juste une faille intime, dans le roc des certitudes environnantes. J’avais suivi cette faille à la trace, je l’avais élargie progressivement pour en tirer un peu d’air, de quoi persévérer. À mon entrée à l’ENS, j’avais intégré la classe d’arabe directement en seconde année, avec des étudiants plus avancés de toutes les disciplines. Une petite communauté rassurante, rassemblée autour de notre prof d’arabe, une femme libanaise généreuse et charismatique. Nous venions de découvrir ensemble le Yémen à l’occasion d’un stage linguistique, au mois de juillet 2001. Quelques mois plus tard vers la Toussaint, j’allais faire des avances à une jeune fille, et entrer finalement dans la sexualité. La semaine suivante, je négociais ma reconversion avec la direction de l’ENS. Rien décidément n’était plus comme avant, mais j’avais le sentiment d’avoir rejoint le monde et de laisser derrière moi l’enfance, pour toujours.

De fait, je n’ai jamais cessé d’être adulte. Durant l’été et l’automne 2003, mon premier séjour d’immersion au Yémen fut une épreuve que j’ai traversé en conscience, en m’accrochant aux ressources de ma rationalité, chaque soir sur mon carnet de terrain, autant qu’à des ressources plus instinctives, en nouant des relations et en faisant des choix (voir ci-dessous mon texte rédigé hier). La force de cette expérience m’a nourri en retour dans la société française, elle m’a conduit à nouer d’autres relations, à faire d’autres choix. Chaque aller-retour a représenté un défi, celui de capitaliser sur ces expériences, de ne pas tout détricoter mais de construire une conscience du monde plus générale, englobant chaque rencontre et chaque situation particulière. De sorte qu’après quelques années, comme pour un athlète ayant suffisamment entraîné son corps, la traversée ne posait plus vraiment problème.

J’ai fait pleinement usage de ce privilège qui était le notre à l’époque, de pouvoir circuler librement dans ce genre de pays, de pouvoir s’exposer à la morale de l’autre et lui répondre, en affirmant la sienne. Et c’est bien en tant qu’adulte que j’ai pris la décision la plus importante : celle de me retirer du Yémen, progressivement à partir de 2008, celle de ne plus tirer sur la corde, au-delà de ce que mes relations là-bas auraient pu supporter. Lorsque je me retire définitivement en novembre 2010 - soit quelques semaines avant l’irruption des Printemps Arabes, je suis pas devin, je ne suis pas extra-lucide, simplement je connais instinctivement la valeur de ces relations, et j’ai confiance en ma capacité à les maintenir, bien qu’à distance, à ne pas les trahir. Bref, je suis un adulte.

C’est malheureux d’avoir encore à le préciser, mais à aucun moment dans cette affaire, ma vie ne s’est effondrée. Peut-être par ma narration, j’ai eu tendance à induire cette idée. Toutes ces années, je me suis adressé à des gens pour qui le monde n’avait jamais cessé d’être comme avant : c’était à moi d’assumer l’effondrement… Mais ma vie ne s’est jamais effondrée : je ne me suis jamais retrouvé à la rue, je ne me suis jamais retrouvé délirant dans un lit d’hôpital. Si c’était arrivé, ce serait une toute autre histoire, et ma réflexion aujourd’hui n’aurait pas cette clarté. Que certains considèrent que je suis sorti des clous académiques, cela les concerne, mais cela n’implique en rien mon propre effondrement subjectif. De mon point de vue, je n’ai jamais cessé d’être ethnographe. Je n’ai fait que capitaliser, grandir, clarifier.

« N’est trop personnel que ce que vous ne comprenez pas », me disait Florence Weber en février 2004 (sur l’un des premiers textes que je lui ai soumis, j’ai retrouvé avec plaisir cette phrase dans ses annotations…). Si aujourd’hui je peux construire ce récit, c’est bien parce qu’il s’adosse à une compréhension générale du monde. Quinze ans après les faits, je peux reconstituer les conditions réelles de mon « mariage » avec les sciences sociales. Peu de chercheurs, je pense, seraient capables d’en faire autant.

Le jeune Yéménite et la petite amie (Octobre 2003 - Juin 2004)


Rédigé les 22-23 mars 2020 (pour le Jeune Yéménite) et le 6 octobre 2019 (pour la jeune fille),
c’est le premier rédigé en vue de ce projet « Du chercheur en sciences sociales comme connard ».

Texte à retrouver maintenant dans la quatrième partie de « Déconfinement » (#JYPA).

Retour dans la ville des connards (épilogue)

(24 mars)

À Frédéric Lordon et d’autres chercheurs en sciences sociales français, il manque quelques données fondamentales sur le monde dans lequel nous vivons, sur notre époque et ses transformations.

Comme Alep en Syrie, Taez fait partie de ces grandes villes modernistes, qui ont été annihilées ces dernières années, dans l’indifférence générale. On s’est ému du sort d’Alep sur le mode humanitaire, comme on s’émeut du sort du Yémen, mais on a peu réfléchi sur le fait que Taez comme Alep était la ville de nos informateurs, la ville qui nous servait de lunettes. On a peu réfléchi aux conséquences de l’annihilation de ces villes, du point de vue de notre propre conscience historique, de notre propre destin. Or ce qui est en cause ici, c’est encore ce même angle-mort des chercheurs en sciences sociales.

Taez au Yémen, c’était la ville des connards. C’était la ville des connards du Régime, des connards alliés aux Occidentaux, des connards commerçants, etc.. Ce fut une énorme surprise en 2011 (voir mes articles sur Médiapart) lorsque l’ensemble du Yémen - le grand et noble Yémen tribal - s’identifia soudain à la ville des connards… Et c’est là qu’on réalisa la grandeur des Taezis, toutes ces années : avoir été des connards en connaissance de cause.

Ma recherche au Yémen, c’est l’histoire d’un connard au pays des connards, qui réalise progressivement pourquoi il en est un. Si l’on a pas cet élément en tête, on ne peut rien comprendre à la suite de l’histoire.

* * *

À mon retour quelques semaines plus tard, les retrouvailles avec Waddah sont laborieuses. Je l’accompagne quelques semaines dans sa vie à Sanaa, mais je veux surtout retrouver Ziad et le quartier de Hawdh al-Ashraf, sur lequel je porte un regard totalement nouveau, un regard sociologisé. J’ai posé les termes de la question, une hypothèse de degré zéro, mais je commence seulement à comprendre. Je ne peux lancer une nouvelle recherche avec Waddah, dans ce milieu et cette situation qui m’oppresse [Voir mon texte : « Les hauts murs de la Maison Al-Bahr » de janvier 2018, où je pose la question : ai-je été violé par le régime yéménite?]

Lorsque je descends à Taez, Waddah insiste pour s’y rendre aussi, car il veut se confronter à Ziad. Le voilà qui me demande solennellement de choisir, entre lui et son cousin. Ses gesticulations me font honte, et la question ne souffre aucune hésitation : c’est Ziad dans l’immédiat qui est mon interlocuteur, et j’insiste pour qu’il retourne à Sanaa.

Tous mes séjours ultérieurs, jusqu’à l’année 2010, se sont déroulés essentiellement dans la même bulle, au Hawdh al-Ashraf, où j’évoluais avec aisance. Essentiellement parce qu’à cet endroit, on était au courant de mon histoire avant le passage à l’acte, avant le passage à l’écriture. Une partie au moins de la société locale, avait été témoin du déroulement de mon premier séjour : une histoire que je ne savais plus dire, dont certains détails ne me sont devenus intelligibles que quinze ans plus tard (voir mon chantier « scène primitive » de 2018) mais une histoire dont j’ai toujours su en tous cas que je n’avais pas à en rougir. C’est ce qui m’a permis de construire simultanément, à cet endroit, à la fois une interprétation de la structure sociale locale et une archéologie du regard sociologique.

L’important : je n’ai jamais fait l’impasse sur cette histoire - le rôle du jeune Yéménite et de la petite amie. Dès l’année 2005, j’étais prêt à affronter la question de l’homosexualité, et j’ai reformulé mon sujet de thèse en conséquence, autour de la thématique de l’homoérotisme. Dès l’année 2007, à travers ma conversion à l’islam, je me suis donné les moyens de desserrer l’étau qui me liait à cette situation. Dès l’année 2008, j’ai commencé à me retirer progressivement du terrain, pour préserver ma relation à cette famille. Dès l’année 2011… Etc, etc.

Je ne reprends pas ici l’histoire de mon « mariage avec les sciences sociales », dans sa dimension institutionnelle, mais c’était juste pour dire : ils ont toujours été là, les chercheurs en sciences sociales comme Frédéric Lordon - le genre qui paie des cafés à ses étudiantes… J’ai l’impression qu’ils font partie des meubles ! L’épidémie de covid-19 est une occasion pour que la société française change son rapport à ce genre de « connards ». C’est indispensable pour qu’elle puisse mettre à jour ses données sur le monde, et vivre un peu moins mal son confinement.