Métacontexte : un antidote à la « dette civilisationnelle »

Mes péripéties dans la société yéménite illustrent une vérité historique profonde, que notre époque a cruellement besoin de redécouvrir :

L’Islam (*) est un métacontexte de la culture européenne.

Elles l’illustrent de manière plus éloquente et accessible que les études historiques habituelles, en mobilisant les sciences du comportement (systémique familiale, psychologie de l’apprentissage, ressources humaines…), dont est issue la notion de métacontexte (ou « contexte profond »).

Schéma triangulaire : science européenne / Logos (modèle) / monothéisme (intuition)
La dialectique structurante de la culture européenne, redécouverte sur le terrain yéménite (voir mon petit théorème…).

(1) Impuissance relative de l’approche historique

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les publications se sont multipliées sur l’histoire longue des rapports entre l’islam et l’Europe. Bien que scientifiquement rigoureuses le plus souvent, ces études sont souvent résumées en termes de « dette civilisationnelle », aussi apparaissent-elles peu en phase avec l’état actuel de l’opinion. Dans un contexte de crise démocratique lié à la perte de souveraineté nationale, ce recours à l’histoire nourrit des polémiques interminables (« repentance », accusations « d’islamo-gauchisme »…), qu’on ne peut simplement réduire à des manipulations médiatiques.

Le problème vient d’une faiblesse théorique inhérente à la discipline historique : l’histoire n’est pas une pensée systémique, elle ne peut pas l’être véritablement. Aussi apparaît-elle désarmée pour contrer les approches pseudo-systémiques qui font florès aujourd’hui, telle que l’approche décoloniale (thèse du « racisme systémique »).

(2) Le fil directeur de mon parcours : combiner anthropologie historique et cybernétique

Donc quand je parle aujourd’hui de Ziad et des péripéties de ma première enquête, c’est à la lumière de tout ce parcours, et aussi compte-tenu des contextes français (crise démocratique, problèmes de terrorisme) et moyen-oriental (situation au Yémen, effondrement de la formule politique antérieure).

(3) Une intrigue-catalyseur

Face aux problématiques actuelles - précisément parce que la « dette civilisationnelle » n’est pas une bonne manière de les traiter - il me semble intéressant d’expliquer « pourquoi Ziad n’est pas une affaire privée ».

Globalement, cette affaire m’a appris à distinguer ce qu’on ne peut pas mélanger. Ma dette d’anthropologue n’a pas été prise en charge par une hypothétique communauté musulmane transnationale - celle-là même que fantasment les « islamophobes », et que les « études décoloniales » prétendent faire émerger… En réalité, elle ne pouvait pas l’être. D’ailleurs Ziad en avait bien conscience, et dès 2007 il botte en touche en se considérant dorénavant comme « chrétien » (cela lui a d'ailleurs valu quelques soucis ces dernières années…).

Discuter ma dette à l’égard de Ziad, c’est pointer un certain nombre de dysfonctionnements structurels dans les sciences sociales contemporaines - mais c’est aussi marquer une limite, au-delà de laquelle la notion de dette cesse d’avoir un sens. C’est mettre en valeur une complexité indispensable à notre laïcité, dans laquelle ne sont pas réellement prises les études historiques, et face à laquelle démissionnent les bons sentiments.

Retour


(*) En langue française, les religions ne prennent pas de majuscule, donc :

Précisément pour naviguer dans cette complexité, la notion de « métacontexte » me semble utile : elle permet de pointer une réalité anthropologique qui était sous-jacente à la distinction du droit colonial, et que les militants de l’antiracisme prétendent trop souvent ignorer.