Le verbatim de mon agression sexuelle
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Mise en ligne le 15 juillet 2020.

 

Je mets en ligne aujourd’hui quelques pages de mon carnet de terrain de 2003 (pages C025 à C040), correspondant aux notes rédigées du 25 au 30 septembre 2003.

Cette année-là, je travaillais avec un petit carnet que j’avais toujours avec moi, sur lequel je prenais des notes sommaires (surtout du vocabulaire, des expressions, des dictons), et avec un grand cahier, sur lequel je reprenais au propre le déroulement de la journée écoulée, chaque soir ou au plus tard le lendemain matin. Cette chronique est tenue sur la page de droite, conformément à la méthode enseignée dans les classes, la page de gauche étant laissée libre pour des remarques d’ordre théorique, ou au contraire pour des intuitions plus subjectives, voire des états d’âme. Ce sont les pages de ce grand carnet qui sont retranscrites ici. J’épargne au lecteur de déchiffrer mon écriture, mais les pages elles-mêmes étant accessibles par des liens insérés entre crochets.

L’intérêt de ces pages, c’est de tenter de comprendre comment j’ai cessé de tenir ce grand cahier, quelques jours plus tard, c’est-à-dire les circonstances de mon premier passage à l’écriture sociologique.

 

Présentation

Dans le théâtre de la segmentarité

Nabil et le souk

Quelques moments forts (LIENS)

Une confrontation décisive

Retranscription

25/9 : Un coup de blues

26/9 : La rencontre avec Waddah

27/9 : Nashwan se confie

28/9 : Le dernier passage de Ziad

29/9 : La journée du coup de téléphone

30/9 : Dernières heures dans le quartier

1/10 : premières réflexions dans l’autocar

Index des personnages

 

Présentation

Le 1er octobre 2003, après deux mois d’un premier terrain à Taez qui devait en durer trois, je suis monté dans la capitale Sanaa, juste pour quelques jours initialement. Je l’avais décidé la veille, en apprenant que ma prof d’arabe était de passage au Yémen : j’allais lui faire une surprise en venant lui faire une bise. Au fond j’avais besoin de souffler. Nous voilà donc, Houda et moi, dans le cadre familier du Centre Français d’Archéologie et de Sciences Sociales de Sanaa, passant quelques heures à discuter près de la birké. Mais ma prof d’arabe ne fut pas vraiment rassurée. Je venais d’échapper à une tentative de viol, apparemment, mais je lui en parlais avec le sourire, tout excité de comprendre de plus en plus de choses : je gérais parfaitement, il ne fallait pas qu’elle s’inquiète… Une bise sur chaque joue, et je replongeais dans la ville.

Puisque j’étais à Sanaa, j’ai voulu faire un entretien avec un jeune homme rencontré à Taez quelques jours plus tôt, à l’occasion des congés du 26 septembre (il était descendu voir ses parents). L’entretien s’est prolongé. Nous avons passé une première nuit chez des amis à lui, dans un local de célibataires quelque part dans le quartier du Ministère du Plan. Puis nous avons continué à discuter, en reprenant tous mes matériaux dans le quartier de son enfance. Le deuxième soir je lui ai fait son lit dans le salon, ce qui n’a pas été très utile car il n’a pas dormi de la nuit. À l’aube du troisième jour, Waddah me réveille juste après la première prière, et me pose timidement la question qui le taraude, depuis le seuil de la porte, de la manière la plus respectueuse possible. Je lui répond en me frottant les yeux : non, dans notre discussion la veille au soir, je ne cherchais pas à établir un rapport sexuel avec lui. Je pourrais monter sur mes grands chevaux, trouver scandaleux qu’il entretienne de tels préjugés sur les Occidentaux, mais Waddah n’est pas le premier : depuis deux mois je suis constamment confronté à cette question, et à vrai dire je ne suis pas si sûr qu’il s’agisse d’une affaire de préjugés. Là il est six heures du matin, je suis debout en caleçon dans la porte de la chambre, et je veux maintenir cette relation dans le respect. Alors je prends sa main, je vais m’allonger à ses côtés dans le salon. Finalement je ne suis pas retourné à Taez, seulement deux semaines plus tard pour dire au revoir et prendre mes affaires, et c’est Waddah qui m’a conduit à l’aéroport.

Huit mois plus tard en juin 2004, je dépose mon premier travail en anthropologie à l’Université Paris-X Nanterre : « Le “Za’im” et les frères du quartier. Une ethnographie du vide ». Le portrait d’une bande de jeunes citadins désoeuvrés, dans un petit quartier d’habitation du centre-ville moderne, noyé dans les avenues commerciales et par l’afflux des travailleurs ruraux. Le mémoire est centré sur la figure de Ziad, un jeune diplômé en expertise comptable qui s’apprête à s’élancer dans une brillante carrière, mais qui garde l’influence d’un grand-frère sur ses amis d’enfance. J’ai rencontré Ziad le 13 août, deux semaines après mon arrivée à Taez, lors du mariage d’un professeur de français, et entre nous s’est établi d’emblée une vive affinité intellectuelle. Ziad tente d’abord de m’attirer à Sanaa (ce point n’est pas dit dans le mémoire), et me laisse finalement arpenter seul les rues de son secteur, sous l’observation tacite de son frère Nabil. Il ne rentre à Taez que le 3 septembre, et commence à me socialiser dans son quartier, parmi ces jeunes dont les commerçants et mes interlocuteurs de l’université disent qu’ils sont des voyous. Pourtant à un certain stade de mon séjour, la situation se retourne de manière totalement inattendue : c’est de l’intérieur-même du quartier que vient la contestation. L’autorité de Ziad vacille, ses propres amis d’enfance le présentant comme un apprenti dictateur sournois et manipulateur. Après quelques tentatives de reprendre la main sur ses troupes, Ziad décide finalement de se retirer dans son village, me laissant à mon propre sort et dans une grande confusion.

Mon désarroi dans cette période vient de ce que personne ne veut revenir sur l’affaire qui vient de se dérouler - ce dont j’ai pourtant besoin, pour rédiger quelque chose de compréhensible…

Aucun interlocuteur ne consent à porter un regard dépassionné sur le coeur de cette affaire : soit ils sont animés par une flamme révolutionnaire, soit ils bottent en touche par un diagnostique sociologique, approximatif et méprisant. Le seul point sur lequel tous pourraient éventuellement s’accorder, c’est la dangerosité de Nabil. Et de fait au fil des jours, cette dangerosité prend corps. Elle se cristallisera quelques jours plus tard, dans un incident qui est resté fixé dans ma mémoire : un soir, on me fait monter précipitamment dans un appartement, échappant ainsi « de justesse » à une pseudo-tentative de viol.

En fait dans mes notes, l’incident proprement dit ne constitue absolument pas un tournant traumatique : il occupe une ligne en tout et pour tout, le 28 septembre (voir ici). Au point que je ne l’ai pas retrouvé en 2018, quand je me suis vraiment replongé dans ces notes pour la première fois. Je n’ai pas voulu croire que cette ligne désignait bien l’incident qui m’était resté en mémoire. J’en concluais que l’incident s’était produit le 29 au soir, parce que je décelais un changement de ton dans les notes rédigées le 30 au matin : alors seulement, je commence à interpréter sexuellement tous les gestes de Nabil, à me reprocher d’avoir été naïf, de n’avoir pas voulu voir…

En fait, ce changement de ton s’effectue progressivement, en lien avec une évolution collective que je peux maintenant reconstituer. Tous les acteurs du quartier savent déjà à l’avance que je vais passer de la mainmise de Ziad à celle de Waddah. Ils le savent parce que c’est inscrit dans la logique des rapports entre les deux branches de cette famille, leur territoire respectif. À partir du moment où je refuse de suivre Ziad au village, je tombe tacitement sous la responsabilité de Waddah.

Dans le théâtre de la segmentarité

Pour rappel, le grand-père maternel de Ziad et Waddah a eu deux épouses :

 

Arrêtons-nous un instant pour observer les structures anthropologiques sous-jacentes à la situation décrite. Le principe général est celui que les anthropologues nomment « segmentarité » : la parenté arabe et le système de valeur sont entièrement orientés pour préserver la force et l’autonomie du patrilignage. Selon les anthropologues, ce principe se décline par un certain nombre de « règles », à commencer par celle du « mariage arabe » : le cousin a priorité, en théorie, sur la fille du frère de son père. Mais au-delà des cas d’école de ce genre, le principe de « segmentarité » infiltre de manière diffuse les situations de la vie, et comporte des implications épistémologiques fondamentales.

Ce recoupement des liens familiaux, caractéristique de la parenté arabe, conduit souvent à des situations où l’histoire nationale se rejoue au sein de chaque patrilignage, de manière relativement autonome. L’intrigue de mes rapports avec Ziad et ses différents cousins déchaîne les passions, parce qu’elle incarne toutes les contradictions de l’histoire sociale de Taez. C’est ce qui explique que les Yéménites se passionnent pour notre histoire - du moins ceux qui en possèdent les clés, les jeunes du quartier. C’est le genre de petites intrigues qui rythment la vie interne du quartier, dont les voisins peuvent pressentir l’issue, parce qu’ils connaissent intimement les acteurs. Quant aux commerçants du carrefour et aux étudiants rencontrés via l’université, ils n’ont aucun moyen de suivre ce qui se trame : par défaut, ils se replient sur une posture sociologisante.

Tout mon problème méthodologique, depuis le départ, est de surmonter ce gap, entre ces indices externes de nature sociologique, et les témoignages internes, à valeur anthropologique.

Ici, tout mon problème est de comprendre dans quel contexte s’expriment mes camarades du quartier, les seuls à suivre l’histoire de près. Or le contexte de leur élocution est celui d’une évolution qu’ils pressentent, qu’ils pensent inéluctable, mais qui reste pour moi impensable, et contre laquelle je me débats sous leurs yeux. De mon point de vue à l’époque, un tel comportement ne peut s’expliquer que par des expériences antérieures : ça voudrait dire que Nabil les violerait tous depuis leur plus tendre enfance, ou alors qu’ils seraient tous liés par des liens de familiarité homosexuelle. Bien entendu, je m’interdis de penser ce genre de choses, mais ils m’y acculent peu à peu.

La clé se trouve dans un paradoxe, intimement lié à la segmentarité (très bien décrit par Jeanne Favret-Saada)1 : les camarades du quartier savent parfaitement qu’ils interviennent au titre de personnages secondaires. Personne ne pourra prendre la place de Ziad dans mon enquête, si ce n’est un membre de son patrilignage. Car pour prendre la place de Ziad, il faut me parler de lui, et ils ne sont pas en position. Pour autant, cette petite intrigue constitue un « moment politique », dans lequel ils peuvent se positionner - avec des retombées dans quantité d’autres intrigues simultanées et parallèles, dont ils tireront profit. (C’est ce que j’explique dans mon texte de 2010, « L’expédition à Hammam Kresh », l’analyse du moment de réconciliation de toute cette affaire, en 2008).
La conséquence, c’est que le quartier agit comme une sorte de caisse de résonance, qui dramatise les enjeux de manière codifiée, selon des schèmes culturels bien déterminés (ceux décrits par Jocelyne Dakhlia dans son Empire des Passions)2. À quoi s’ajoute la caisse de résonance de l’opinion moderniste, qui s’exprime plutôt depuis les bords du carrefour. Parfois les deux résonnent en phase, parfois en opposition de phase - c’est ce que j’ai tenté d’étudier toutes les années suivantes…

Mais en 2003 bien entendu, je n’ai absolument pas conscience de tout ce qui se trame dans les coulisses. Comme un baromètre, mes notes reflètent la montée d’une pression. Il faut dire aussi qu’à cette époque (jusqu’à 2011), Taez n’était pas censée être une région tribale - parce que les anthropologues ne percevaient pas les situations locales en termes de segmentarité. Et moi-même ce n’est qu’après de longues années, que j’ai été capable de déceler la marque de la « segmentarité » dans ma propre histoire (voir mon texte de 2011-2012 « L'ethnologue et les trois frères de Taez, ou la chute des des figures charismatiques urbaines dans le Yémen des années 2000 »).

Nabil et le souk

En fait le pillier de cette famille et de ce petit quartier, c’était plutôt le grand-frère de Ziad. Né vers 1974, Nabil avait su imposer sa médiation à toutes les bandes des quartiers environnants, par la force de son caractère. Il était déjà une légende locale, avant d’être recruté par la municipalité de Taez à la fin des années 1990, comme Directeur Adjoint aux travaux pour le secteur-clé des souks centraux de la ville. Nabil devait réguler l’occupation de l’espace public par les devantures des commerçants, superviser le contrôle de l’hygiène élémentaire dans les restaurants, mais il était surtout confronté au défi des vendeurs ambulants, qui se multipliaient malgré plusieurs arrêtés d’interdiction. Pour mener à bien cette mission de gulation, Nabil recrutait comme inspecteurs des jeunes citadins, souvent issus des quartiers les plus anciens comme al-Gahmaliyya, autrefois le quartier des troupes de l’imam. Sous sa supervision, il laissait ces jeunes instaurer une sorte de marché concurrentiel de la protection, négociant l’application des règles de manière suffisamment souple, en imposant des amandes raisonnables, en fait une sorte de redevance. Mais Nabil n’hésitait pas à descendre lui-même dans la rue dans certains cas, pour corriger de ses propres mains tel ou tel vendeur ambulant récalcitrant. Cette implication personnelle et charismatique n’était pas au goût des observateurs modernistes, socialistes ou nasseriens. À leurs yeux, Nabil incarnait une figure repoussoir, emblématique de la corruption du Régime et de tout ce qui n’allait pas. On le voyait sévir contre de pauvres misérables, venus avec quelques marchandises sur une brouette pour gagner son pain quotidien : à partir de quelques scènes décontextualisées, on faisait tout un symbole - d’où la difficulté de faire de la sociologie dans un tel contexte.

Car le travail de Nabil n’était pas seulement ça. La difficulté venait surtout de la structure tribale de la société, et de ce que les commerçants du souk tentaient constamment d’établir des passe-droits directement avec sa hiérarchie. Une hiérarchie structurellement corrompue, ou plutôt corruptible par fonction, puisque conçue précisément pour reflêter les équilibres politiques régionaux. C’est cette équation insoluble que Nabil affrontait quotidiennement, réaffirmant régulièrement son charisme en démissionnant avec fracas, jusqu’à ce que les plus hauts responsables viennent lui rendre visite dans son quartier, pour le supplier de réintégrer son poste. Dans les arcanes du Régime, la vie bureaucratique n’était jamais dénuée d’une dimension passionnelle, en fait indispensable au fonctionnement de l’administration. Ça ne plaisait peut-être pas aux observateurs modernistes, mais ça marchait : Nabil parvenait à assurer la stabilité de l’activité commerciale du souk, et les commerçants savaient bien à qui ils le devaient.

Quelques moments forts (LIENS)

L’arche commença alors à voguer au milieu d’énormes vagues, aussi hautes que des montagnes. Noé appela son fils qui était resté à l’écart :

– « Mon cher fils, monte avec nous ! Ne reste pas avec les impies ! »

– « Je vais me retirer, dit-il, sur une montagne qui me mettra à l’abri des eaux ! »

– « Nul n’échappera aujourd’hui à l’arrêt de Dieu, excepté celui qui aura bénéficié de Sa grâce ! », dit Noé.

Puis les flots s’interposèrent entre eux ; et le fils de Noé fut submergé.

(Coran 11:42-43)

Une confrontation décisive

On retiendra surtout cette scène du 30 septembre, où Nabil apparaît et me tombe dessus : « Qu’est-ce que tu as dit à Ziad ? ». Il veut que je le redise en face. Moi bien sûr je botte en touche, je plaide l’irresponsabilité. Il n’empêche, j’ai bien parlé à Ziad au téléphone, je lui ai demandé de revenir à Taez. À l’époque je ne saisissais presque rien de la situation, mais je sais au fond de moi que j’abuse, à l’instant où je parle à Ziad au téléphone. Ça je m’en souviens distinctement. Donc peu importe comment j’en suis venu à faire ça, peu importe que j’aie été manipulé, par Nashwan ou par d’autres : je suis pris en flagrant délit de « fouteur de merde ».

J’ai refusé de suivre Ziad dans son village, à plusieurs reprises, et maintenant je lui demande de revenir à Taez pour me protéger de son propre frère.

L’incident cristallise la position du sociologue post-colonial : celui qui exige de ses interlocuteurs qu’ils fassent la démonstration de leur modernité, en participant activement (et sincèrement) à l’entreprise sociologique, tout en refusant de plonger dans l’islam, le coeur anthropologique de ces sociétés. C’est dans ce jeu que l’Europe a réussi à piéger l’Islam - à moins que ce ne soit l’inverse…

Quoi qu’il en soit à cet instant, Nabil me met au défi de reconnaître ce que j’ai dit à son frère : il me met au défi de reconnaître que je suis un fouteur de merde. Mais le sociologue est toujours un fouteur de merde, et de cela je suis conscient - c’est l’une des pierres angulaires de l’ethnographie réflexive. Tout le but de mon terrain, c’était d’enrôler des complices en dépit de cette conscience réflexive, et je suis en train d’y parvenir.

Cette scène est décisive, parce qu’elle explique le pacte qui m’a toujours lié à Nabil, le respect réciproque. De nombreux passages en témoignent, dans mes carnets de l’année suivante (2004). Je n’ai jamais été complaisant envers lui parce qu’il représentait le Régime, et mes autres interlocuteurs ne me l’auraient pas pardonné. À mon retour en 2006, par exemple, je voulais revenir avec de beaux cadeaux : j’ai amené une montre pour Ziad, un lecteur MP3 pour Yazid, et rien pour lui. Sa mère me l’avait fait remarquer, de derrière son voile : « Pourquoi rien pour Nabil ? ». C’était comme ça. Jusqu’à sa mort en décembre 2006, il était peut-être la seule personne à Taez que je n’essayais pas de comprendre, à laquelle je ne tentais pas de m’identifier subjectivement. Pour autant je l’ai toujours respecté, et il m’a toujours respecté lui aussi.

Au sortir de cette confrontation, je rejoins les amis du Département de Français, et c’est là que Tarek m’apprend que Houda est de passage à Sanaa. J’achète mon billet de bus quelques heures plus tard, avec Nashwan, qui a décidé de changer de vie (il va rejoindre son oncle, qui tient un magasin de chaussure au centre de Sanaa).

* * *

Est arrivé ce qui devait arriver. Je ne vais pas prétendre que Nabil ne serait pas mort, ou encore que le Yémen n’aurait pas sombré dans la guerre civile, si plus tôt j’avais su relire ma propre écriture, si j’y avais été encouragé plus activement par ma directrice de thèse, ou par tout autre interlocuteur. Comme le dit une parole attribuée au Prophète : le mot “si” ouvre la porte au travail de Satan…

Cependant, on ne m’empêchera pas de penser que certains ne font pas leur travail, parmi ceux qui se prétendent « médiateurs entre les cultures », qui nous laissent Ziad et moi hurler dans le désert depuis 15 ans. On ne m’empêchera pas de penser qu’il y a beaucoup de « squateurs » et beaucoup de complaisance, et que c’est la véritable origine des malheurs dont souffre le monde actuel. D’ailleurs s’il fallait résumer ces pages, on pourrait dire simplement : circulez y’a rien à voir.

Je n’ai pas eu besoin de me replonger dans ces notes, quand j’ai parlé pour la première fois de cette histoire, dans une vidéo en arabe sur youtube au printemps 2018. Même si je déformais certains détails, la vérité profonde de cet incident ne m’avait jamais quitté - à savoir la présence de la pudeur et du respect, par delà une situation apparemment explosive. C’est cette vérité profonde qu’aucun interlocuteur n’accepte de prendre en compte jusqu’à aujourd’hui.

À propos des chercheurs en sciences sociales, je pense à ce proverbe : « Ne lance pas de pierres, si ta maison est de verre… ». Certes, mais est-il encore permis de construire sa maison en pierre, « tel un mur scellé » (Coran 61:4) ?

 

Retranscription

Codage couleur des différents niveaux d’écriture :

Corps du carnet de terrain [explicitations]

Remarques supplémentaires de la page de gauche

Remarque de 2018

Remarque de 2020

25/9 : Un coup de blues

[C025.jpg]

Le jeudi 25 septembre

Après le qat sabri, j’ai un peu le blues. Je suis mal. J’ai fini par me dire que je me sens seul. J’ai envie de retrouver Ziad. En même temps je sais que ce n’est pas la solution. Tout ce temps que je passe avec des amis, à papoter, des gens que j’aime beaucoup, que j’apprécie… mais il manque quelque chose.

Serait-ce le fait d’avoir trop donné à Ziad, qui maintenant me rend renfermé ? Je me sens français, pas à ma place. Comme j’ai dit à Khaldoun, jusque là j’avais un projet : m’intégrer. J’en étais heureux et je riais (lui me dit qu’il veut le Mansour de la première semaine). Maintenant je suis intégré, et voilà, il me reste un mois à passer, j’ai conscience de devoir partir bientôt, et je ne construis rien.

Je ne construis rien. Peut-être suis-je brûlé d’avoir cru en l’amitié avec Ziad, et pourtant je peux y croire ! Je ne construis rien, c’est-à-dire je ne donne pas. Je ne fais pas plaisir aux gens. Je suis comme un meuble, un animal de compagnie. Je n’ai plus la foi, je n’ai plus envie de faire plaisir.

Il me faut une chambre. Je veux être là, pouvoir être là quand on veut me voir, accueillir des gens avec ma musique, rire, être là. En ce moment quand je redescends à Tahrir, c’est à chaque fois comme si je revenais en France.

J’ai besoin de devenir une personne, qui est responsable des liens qu’elle tisse. Je ne sais plus que faire  l’attraction, faire le beau dans un diwan d’hommes que je ne connais pas encore.

À l’heure qu’il est, tous les copains de Taez sont des bouche-trou. Ceux qui me tiennent compagnie quand Ziad est parti, ceux qui m’en parlent quand il me fait la gueule. Ceux qui me retiennent à lui quand il ne veut plus me voir. Ça suffit.

Coup de téléphone de Mari, ça fait du bien. D’entendre ta voix. Claire. Tu danses, tu te passionnes, tu es belle au téléphone. Et je t’aime.

[C026.jpg] Jeudi 25, donc…

[SUITE A RETRANSCRIRE]

 

26/9 : La rencontre avec Waddah

[C029.jpg]

(27 septembre) journée du 26.

Croise Omar par hasard, vers 1h30, qui va au qat. M’invite chez Taymour, mais je dis que je préfère aller cher Mohammed Faysal.

Croise Wa’il qui sort avec Waddah. Me présente : Waddah, le second Za’îm. → on doit faire connaissance. Veut que j’aille avec lui au marché du qat (« Tu as dit hier que aujourd’hui on qatait ensemble, et tu fournis… »). Je refuse.

 

Séance de qat avec des étudiants

Mamlaka avec Walid (« Pourquoi tu m’aimes pas… ? »)

puis Fuwwaz 2, puis Fuwwaz 1.

Fuwwaz est juste passé pour voir si Abderrahmane était là. Il va qater chez al-ma’dani, parce que « là-bas les gens sont biens, étudiants, diplômés → il y a de la conversation, c’est pas comme ici. » (mi-ironique, pas vraiment en fait. C’est juste « comme ça », pas sérieux).

Fuwwaz 2 s’incruste, puis moi, puis Walid.

(entre temps, Khaldun m’a téléphoné pour annuler le qat chez lui : « on va chez un autre copain ».)

Qat avec Mohammed Al-Ma’dani, revenu de Amman (pharma). Discussion avec Fuwwaz, Nagy al-Ali, Palestine, les Saoud au Yémen. Présent Jalal. Amis école secondaire, inconnus pour la plupart.

Quartier : Wadi Bana : région d’origine des Aïdi.

 

Qui est Za’îm ? → Fuwwaz.

Autre personnalité : [shériff]‘âqil ‘ubaydî, mais représentant de l’État. → pour la paperasse.

Différents individus qui s’imposent par leur force individuelle, se distinguent par leurs qualités.

→ (Soleil / Kaoukab [astre]) → mais moi je suis indépendant. Que les faibles ont des Za’îm.

→ les gens ici…

Mais connaissent Ziad, quand Fuwwaz leur explique.

[Page de gauche : ] Là, position de ceux qui ne sont pas dedans. Dénigrent de l’extérieur → mais participent. ~Bessam, ~Salah.

 

[C030.jpg]

Quand on sort, Fuwwaz dit : « La discussion était pas très intéressante… »

 

Na’if. Croise Ammar sur le rond-point. Veut qater. Je dis j’ai pas envie, puis insiste. Je lui donne 200.

[Page de gauche :] Quelque chose dans le rapport à l’argent & l’économie des aides. Tip.

On va vers mamlaka. Nashwan, Walid, Abdallah.

Je dis je reviens après manger pour connaître Waddah.

Mais quand je reviens, on monte chez le mort.

Mohammed Faysal, Abdallah, Ammar (Kazim al-Sahir), Omar, Ammar. Nashwân, Saïd, Moi.

On fait les Maouled, Omar chante très fort…

Saïd me parle, m’explique maouled ~soufi. Interdit en Arabie et beaucoup d’autres endroits. Ici tout le monde. Discussion sur l’orientalisme.

 

Chambre (je dois rentrer…). Je dis que Omar ne dit pas ce qui se passe… Saïd : appart déjà loué…

Puis au retour : ce n’est pas que Omar veut pas, mais difficile pour les célibataires : dukkan.

Saïd dort sur le toit de Nashwan.

 

On descend, trouve Waddah en chemin, fait genre n’a pas déjà été présenté, puis « Non, pas de chambre pour un Français… » (en rigolant, de manière très implicite).

Ensuite dans Mamlaka, veut que je lui dise ce que je pense de Ziad. Je refuse (privé/public) (n’est pas une personne publique). [Waddah pose la question :] Est-ce que tu penses que quelqu’un d’autre pourrait jouer le même rôle ?

Comment tu me connais moi ?, dit Nashwan. Franc, dit les choses, à la fois avantage et inconvénient. Car il y a des choses qui ne se disent pas. Place à coté, loin. Remarquable mais isolée.

 

[C031.jpg]

Omar me demande → je dis je sais pas, tu dois.

 

Waddah aime ce que je dis. Dit que il y a que Nashwan et « Walid abu… » qui l’ont compris. S’excuse pour le début (test).

 

Je lui demande de parler, pour que je le connaisse. Il dit que je peux pas le connaître…

 

Discours convenu sur le quartier : une seule main. Une seule famille. Celui avec qui tu as mangé, pas possible qu’il le trahissent.

 

[page de gauche :] Test des étrangers. Gardent les infos.

« Parler : ce qui fait qu’on connaît les gens » (Nashwan).

Certaines personnes ne parlent pas → on ne les connaît pas. On doit se fier à l’intuition. Faire confiance.

 

Waddah : si tu avais été mon hôte ici, toutes les portes se seraient ouvertes, qat, invité ici et là, dormir et couvert…

Qaba’il [honneur tribal], karam [générosité], dit de lui Nashwan.

 

De Ziad. Passé (depuis 7 mois pour Waddah, depuis 4 ans pour Saïd).

Violent… faisait peur (Khawf). (Nashwan acquiesce).

→ les gens continuent d’agir et de juger par rapport au passé.

Mais moi je le comprends. On a eu des engueulades, on s’est frappés, mais…

 

Tout ça, c’est de la narration, fiction dressée sur les évènements. Mais liens d’une autre nature (voir + loin [illisible])

Morale (honnêteté…), jugement des pairs / Plaisir de la vie, connerie, amitiés/rivalités.

Comme hier, Mohammed Faysal qui me dit qu’Abdallah est son meilleur pote… → + complexe. D’ailleurs Abdallah n’est pas sur la même longueur d’onde. Sans que ça porte à conséquence.

(je lie métaphore : radio).

 

Respect, type magnifique…

 

Discu sur la religion. On va acheter des beignets avec Saïd, on choppe Salah.

 

Retour, passe Nabil. Parle de projets de casser mur, faire porte, hammam, coussins. Malaise. Vulgaire, mal poli avec moi.

Waddah sort faire un tour avec Nashwan, je les suis sans trop savoir.

[C032.jpg] Waddah voulait m’éloigner.

Nabil. Drogues. Violent. Histoires de viols d’enfants.

« Ammar et Waddah, c’est les seuls qui ont pas traîné dans ce genre d’histoire, mais sinon toute la famille ».

Nabil + un autre, qui a été ostracisé après viol d’enfant.

 

Ces accusations contre Nabil viennent à l’appui d’un constat : Nabil ne me respecterait pas, il n’aurait pas le comportement approprié. Moi j’ai plutôt confiance, même s’il n’y a pas spécialement d’atomes crochus entre nous, je le sens bien. Nabil instaure une complicité fondée sur la vulgarité, mais parce que c’est son fonctionnement et son langage, pas parce qu’il me veut du mal. Or Waddah veut s’insérer dans le type de rapport que nous entretenons, qu’il juge malsain, dangereux pour moi. Je me rends compte de l’opération, et je ne peux pas ignorer la mise en garde de Waddah, mais je fais en sorte que ça se lise dans mes notes.

En arrière plan de cette scène, il faut voir que Waddah et son frère Walid appartiennent à un autre milieu, plus citadin et plus privilégié : leur mère est une femme de la ville. Ils sont intimidés par ces cousins, constamment sur le fil entre l’admiration et la réprobation. Notre petit jeu ne les amuse pas du tout, du coup : cet enchantement qui s’installe autour de moi, autour de l’idée que moi je pourrais être un homme d’honneur, alors que je viens de France. D’où le comportement de Walid, très irritant (voir le lendemain). Il y a une sorte de jalousie.

Au fond, c’est sur cette jalousie que se nouent les rapports avec Waddah. Car j’avais déjà ces rapports en France avec les autres premiers de la classe, qui ne supportaient pas mes alliances avec les cancres du dernier rang. Les gardiens du dualisme. C’est pour ça que j’ai quitté la France. Et en même temps, je sais que je ne peux pas faire abstraction des « réalités ». D’où mon alliance avec Waddah.

On parle de Ziad avec Nashwan.

Lui et Ziad, amitié très proche, très influents l’un sur l’autre, mais quand est arrivé pb à la maison (tuteur qui coupe les fonds car ne va pas à l’école), maladie… N’a pas du tout fait attention. Pour lui tout seul. Contrôle tout. Intérêts, projets. Veut te faire jouer des rôles sans que tu saches (Abdallah).

Dès que tu joues un jeu, il en change // mon histoire.

 

Moi : explique avec logique : considère bonne porte d’entrée, respectable, protection, pour entrer dans le quartier.

Très important à comprendre !!! => On reste méfiant, sur un certain canal.

 

Parle de ce quand il parle comme ça aux autres, ils le disent fou. → je parle des niveaux de discours. En effet (// Aqsa).

→ s’exclame, c’est fort ce que tu dis…

 

Ensuite, discu sur logique, sentiments, paradoxes, Discu / humains… Sont assez fascinés.

Waddah essaie de me convaincre, mais je lui expose mon statut quo. Est satisfait : « Ce type comprend l’islam ». Veulent que je rencontre le grand-père de Nashwan à Hodeida.

 

« Omar petit tête » Nashwan.

 

Saïd parle qu’il n’a lu que 10 livres. (c’est ce qu’on en fait…).

Ammar → Waddah regrette de devoir partir à Sanaa. Où es-tu depuis trois jours que je suis ici !

Nashwan s’exclame : « c’est la première fois que il est comme ça. D’habitude ne dit rien, reste. »  Waddah dit touché par moi.

 

On va prendre thé.

Parle de l’affaire avec moi. (Ne t’en fais pas il va revenir, tranquille).

Abdallah, Salah, se retournent, Omar.

 

Puis anecdotes… Avec Mansour Abu Arafat. Jeu, voitures, cris… Cours d’histoires, les engueulades… Les bagarres avec quartiers voisins (Mohammed Faysal organise…).

Le toit de Nashwan. Vidéo. Oum Kalthoum.

Se dégage séparation entre Abdallah… Wa’il.

1 jour musulmans, 1 jour Kafir, 1 jour…

 

[Page de gauche :] à ce moment-là, sommes-nous vraiment sur la base, ou sommes-nous sur un autre canal ?

Ce n’est pas du mensonge, c’est une façon de voir les choses.

À travers façon dont ils se présentent à moi, mise en scène / extérieur, normes.

→ passage à l’âge adulte.

 

Passé, on a vécu 2-3 ans, après c’est retombé.

« Ah, si tu étais venu il y a un an ! »

Nashwan veut revivre → voyage chez Arafat.

« Mais passé a conséquences sur futur. » dit Waddah [Qui est exilé à Sanaa…] « Moi j’essaie d’oublier le passé. ». Pensif. Va se coucher. 71923600

 

[C034.jpg]

Thé avec Ammar et Nashwan. Histoires de son grand-père. Ammar me demande comment se passe les relations avec la famille de ma chérie.

 

Khaldoun. [il perd son père ces jours-ci]

 

27/9 : Nashwan se confie

Samedi [27 septembre]

Lâ tash’ur al-duniya qabl an tafqad wâhid min ahlak [Tu ne ressens pas le monde avant d’avoir perdu un de tes proches].

 

Tour à [l’Hotel] Shamsan avec Ammar pour trouver une chambre.

 

Apparemment tension avec Nabil, aurait lancé un caillou alors que Nashwan et moi on discute dans la pièce.

Petits indices d’exaspération, pas anodins.

 

Nashwan : père socialiste, Aden, a étudié en Russie, politicien. Mais a répudié sa mère quand il était jeune.

Oncle, jeune frère de sa mère était responsable d’eux (lui et sa sœur), présent jusqu’à son mariage. (17 ans de plus que lui).

 

Quand on me dit : ils veulent traîner avec toi parce qu’ils veulent que tu les emmènes en France. Caricature. C’est ce que je symbolise. Nashwan, comme d’hab, est le plus explicite : « je veux travailler pour le Mossad ».

 

[C035.jpg] Notes pour un questionnaire – guide d’entretien.

Niveau d’études.

Prof père, grand-père. Émigration.

Région d’origine.

Lieux de sociabilité.

Projets de vie.

Religiosité → comment poser ? « Est-ce que tu te considères… » ?

Frères + situation !

 

 

28/9 : Le dernier passage de Ziad

[C036.jpg] Le dimanche 28.

-Nashwan me téléphone pour me proposer de venir avec moi si je trouve pas Ammar.

-Réveille Ammar, et on part au jawazât [bureau des permis de séjour, où je dois pointer tous les mois]. (la copine de Ziad appelle). Ensuite on repasse voir la pièce.

On achète qat pour 2, puis on tombe sur Walid & Ziad → Salta.

Au resto, Ziad me raconte qu’il s’est fiancé au village. « mais il me racontera + tard, quand on qatera ».

C’est une manœuvre pour m’attirer au village, et en fait je le sens, d’où les guillemets. Ziad cherche à m’inviter dans une histoire dont il est le héros, mais ça ne m’intéresse pas.

Le charme est brisé à ce stade, c’est bien le drame de nos rapports…

Passe à Walid tout son fric, et lui demande d’acheter du qat (1200 d’après Walid).

 

- Blagues avec Ammar, il veut plus me passer le qat, après quand il divise, pas très équitable. Ensuite il prend dans mon qat, je lui fais remarquer.

 

- Walid & Ziad & moi. Walid dit à Ziad que Nashwan a écrit une lettre sur toi, et il veut te faire une leçon…

J’interviens, je dis pourquoi tu racontes ça…

Ziad dit qu’il est d’accord, mais je lui dis que lui-même il écoute et il utilise ça.

On voit bien dans ce passage comment l’intrigue du Za’îm me permet d’exister subjectivement, de faire la morale à la fois à Ziad, à Walid, à Nashwan, à tout le monde en fait. Toutes les sensibilités sont représentées, toutes les postures imaginables dans l’ordre social post-colonial. Et moi je distribue les points. Mais en même temps tout repose sur moi, sur ma subjectivité, et c’est ce mystère qui m’attire de manière magnétique.

- Raconte ensuite que Ammar aurait raconté que je suis un PD. Je souris. Quand il entre, me disent de lui demander des explications. Eux lui demandent, il se défend, c’est pas lui qui l’a dit, c’est Nasser.

[Ajout page de gauche:] (jeudi 2 octobre, Waddah) a assisté à engueulade, Ziad dit à Ammar, alors que je suis allé acheter de l’eau : « Alors comme ça tu veux enculer Mansour ! ».

Moi je coupe la discussion en disant que je m’en fous, qu’il raconte ce qu’il veut ce qui m’importe c’est comment il se comporte avec moi.

Ziad : Moi ça m’importe. Tu es notre hôte… C’est une insulte pour nous !…

→ Non, je suis pas hôte.

 

-Débat sur Za’îm. Waddah (qui n’est pas encore remonté) dit que c’est des blagues. Que personne ne sera jamais za’îm. Que personne ne contrôle. « Et moi, ça ne me plaît pas de contrôler, je ne recherche jamais ça. »

 

[C037.jpg]

- Ziad dit à un moment « Non, je veux pas monter à Sanaa. Je suis en plein dans une recherche, avec Mansour… ». Faux cul.

- Dit qu’il est contre que je monte à el-Hodeida pour voir le Sheikh Omar… (Si tu lui parles comme tu me parles à moi, il te tue).

C’est une idée de Nashwan, qui a de la famille à Hodeida, et ce cheikh lui est apparenté (voir plus haut). C’est comme Waddah deux semaines plus tard, qui fera les démarches pour obtenir un rendez-vous avec le cheikh Abdelmajid al-Zindani, après s’être décrédibilisé par un quiproquo sexuel.

En fait cette configuration est en place déjà en amont, et Ziad est beaucoup plus lucide, sur le fait que notre histoire est déjà inassummable : avec moi, il est sorti des sentiers battus depuis longtemps.

- Nabil passe. Vulgaire (raie contre raie). Je le prend à la rigolade. Nabil finit par dire : tous ceux là, des enculés. Tu les paye 500 [2€], et tu les encules. « Même le Za’îm [?] (ils blaguent, les autres) » Ouais, [lui il se fait enculer pour] 550.

 

« Raie pour raie » (khayt bikhayt) fait référence à une blague vulgaire, assez récurrente : « Et si on se donnait l’un à l’autre, toi et moi, chacun son tour… ? Qu’est-ce que tu en dis ? ». L’usage veut qu’on réponde : « Entendu. Je passe en premier… ».

La blague est surtout une manière de tester l’interlocuteur.

On voit dans ce passage que je suis encore assez à l’aise - comparé à l’échange du lendemain avec ce même Nabil. Je suis dans ce bain de vulgarité, et j’entrevois le sens profond de la remarque de Nabil (sinon je ne l’aurais pas noté), à savoir que tout est du théâtre. Une ethnographie du vide.

 

- Ziad me dit : tu sais que pas mal de gens pensent que je t’ai chassé du quartier parce que tu as cherché à faire du sexe avec moi…

Je blague : « Ah ! Oui, c’est peut-être ça… »

Je réponds en blaguant, avec cette assurance typique de ceux qui utilisent la psychanalyse comme parade universelle. Bien sûr cela ne rassure pas du tout Ziad. Le problème n’est pas que cette version de l’histoire soit factuellement vraie ou pas. Le problème est qu’elle pourrait bien le devenir, de manière performative. Ziad voit bien que je n’ai aucune conscience de la réalité à laquelle il fait référence : l’existence de personnes mieux placées que lui, disposant de ressources qu’il n’a pas, qui voient les choses sous cet angle.

Ziad sort. Revient énervé, veut repartir au village.

(on lui a proposé un job ailleurs, dans une spécialité différente, a refusé). Veut 1000 pour descendre, que Walid me rendra. Je refuse. Je refuse. Il sort.

Ammar me dit de lui donner, pour pas qu’il s’énerve, m’en veule. (pour qu’il voie que tu prends son malaise au sérieux).

 

→ je vais lui donner, on discute.

Il dit qu’est-ce que tu fais, toi / chambre.

Parle d’Omar, lui reproche d’avoir accepté que je lui paie le qat (500). Je dis « Non,mais c’est toi qui a les 4 000, non ? » Puis je suis responsable de mes amitiés. Je comprends très bien les gens. Omar sait les choses que je lui reproche, n’est pas fier.

(aujourd’hui, serre la main, mais n’est pas resté dans la pièce…)

Ziad sait très bien que Omar ne va pas changer d’avis, parce que changer d’avis me concernant reviendrait à trahir Dieu… Mais ça, je ne peux pas le penser : je suis obligé de croire qu’il va prendre la main que je lui tends.

Je lui dis que j’ai finalement compris Nashwan, et que maintenant je l’aime beaucoup et je sais lire les belles choses en lui derrière les bêtises.

Bref, je veux profiter des gens et que tu sois là.

« Après, quand je me serais détendu. »  « Appelle avant de descendre, pour que tu arrives au moment adapté. »

[Adapté] par rapport à toi ?

« Non, par rapport aux gens. ».

échange très explicite : Ziad se pose comme celui qui sait comment fonctionnent les gens, et moi je lui reproche son égocentrisme pathologique.

[C038.jpg]

- Et il est parti. Dans mafraj, passe Bessam. Veut parler de la mort, « c’est un sujet auquel je pense en ce moment » (ivre, il me semble). S’engueule avec Nashwan parce qu’il lui dit « ses 4 vérités ». Après avec moi, grossier, dit que on veut pas d’étrangers ici…

 

-Tout l’aprèm, Walid joue au Caïd. « Va chercher de l’eau », « va m’acheter des cigarettes. » « Qui est le Cheikh ? ».

Ammar aussi : « va racheter du qat… » Fatigué. « C’est de ta faute (soleil), va m’acheter… ».

La maladresse de Walid est systématique. Il a beaucoup de mal à trouver sa place dans mon enquête, à établir une complicité, à cause du jeu établi autour de moi. Il est le plus irritant de tous.

Je sors voir Khaldoun. Nashwan passe me chercher mais je suis en train de manger. Discussion sur le quartier avec Na’if.

 

Je reviens (on ne va pas chez le proprio, j’irai demain avec Mahfouz). Je trouve Walid à sa place, + Nashwan et Ammar tête bêche, blagues salaces. Je m’assois à côté.

Ammar très très affectueux… « Mon chéri, tu as cassé mon coeur ». « Ia Fatima. Dors avec moi cette nuit », etc.. Je le tiens à distance, sans le casser.

Les avances de Ammar (qui était chargé par le quartier de « vérifier si j’étais un jeune homme normal »).

[Page de gauche : ]

Moi je veux rester mais je suis sur mes gardes, je sens que Ammar joue avec moi. J’ai déjà pensé que Ziad voulait me tester, alors je me méfie beaucoup.

 

Pour changer de sujet, je lance l’histoire des 1000 [rials].

Au fond il y a un parallélisme exact entre les questions d’argent et les questions de séduction. Parce que dans la société yéménite, l’argent est un défi permanent, un prétexte pour réaffirmer les relations. Là on voit bien que mon bateau prend l’eau. NOTE INUTILE, DEJA PAGE DE GAUCHE (je disais la même chose il y a 17 ans, c’est déprimant…).

 

Walid s’énerve, les 1000 je les ai pas. Ne reste que 550 rials (après il me dit qu’il les lui a donné aussi).

Je m’énerve contre lui, hausse le ton.

Me dit : c’est ta faute, t’es bête, tu te fais avoir par Ziad. Je lui fais remarquer qu’il m’a dit cet aprèm que les 1000 sont chez la mère à Ziad… → [tu as] menti. Après je règlerai l’histoire avec Ziad.

Explication avec eux. Ne pensez pas que je suis con. Beaucoup de jeunes du quartier, je les vois très bien venir. Je mets limite. Je suis plus malin que Ziad. Après avec toi, je laisse la porte ouverte.

[ajout à gauche : ] Et là Nashwan dit : « Ce type il nous apprend notre religion. »

([Walid] me dit que m’a menti parce qu’il s’en fout, et qu’il ne m’aime pas).

J’apprécie, je lui dis je sais bien, après si tu es responsable ça peut changer.

 

C’est toute l’ambiguïté de ces histoires, que ce soit avec l’argent ou ici avec les sentiments. Je ne sais pas s’ils jouent où s’ils sont sincères, et peut-être ils sont les deux.

[Barré : ] Bref, je ne sais pas si ce retournement…

Retournement de Ammar, forcément lié à Ziad. Après, je trouve qu’il joue bien la comédie. Double jeu.

 

On voit bien dans mes analyses que toutes mes interprétations remontent à Ziad : c’est lui qui manipule, c’est lui provoque des changements de posture chez les uns ou chez les autres. Je suis absolument inconscient de la connivence collective, associée à la « Corrida ».

 

De fait Walid est le seul à me le dire explicitement. Les rapports avec Walid frôlent avec le mépris.

[C039.jpg]

Je leur décris, exemplaire de comment Ziad utilise les gens (ici Ammar et Nashwan et Walid) (qui étaient sûrs que son argent chez Walid). Donne un minimum de renseignements, et les autres le suivre sur la confiance (vend la peau de l’ours) pour d’autre raisons (flatte).

Ex : Omar l’autre nuit.

+ Vous pensez que je suis un con.

 

Mon argumentaire est entièrement construit contre la société, ou contre l’islam : Contre cette connivence de l’intelligence collective, qu’inlassablement les années suivantes je tenterai de réintégrer. Ici manifestement, je le vis comme une tentative de manipulation généralisée.

Très révélateur aussi, cette phrase qui revient : « Vous pensez que je suis un con ». Mais ce n’est pas qu’ils me prennent pour un idiot, au contraire : plus je comprends les subtilités de la situation, plus je me défends intelligemment, plus quelque chose se dérobe à moi, qui me rend fou, et plus ils prennent plaisir à me regarder me débattre.

Il y a dans cette expérience une réfutation de la méthode ethnographique, telle que formulée juste après : l’idée qu’on apprend en surmontant les problèmes. En fait non, ce problème est insurmontable. Parce qu’en fait, tout repose sur ma subjectivité.

On sort. Papote avec Ahmed de mes résultats. (De fait, c’est vrai qu’on apprend plus avec les problèmes…).

À ce moment là, Nashwan me dit de monter. Peur de Nabil. On fuit. (a bu, menacé avec pistolet, et me cherche).

Voilà le fameux incident, qui m’est resté en mémoire. Même si je n’en ai parlé que quinze ans plus tard. (On voit pudeur dans l’écriture, à propos du fait qu’il aurait bu, qu’il aurait porté une arme : je note ces détails, mais je ne veux surtout pas les prendre au pied de la lettre).

 

Discussion avec Nashwan. Explication sur Nabil, + quel lien avec discu sur ce qu’aurait dit Nasser…

Il dit : « les gens en général, ils pensent que tu es un enculé. (Raison pour venir, étranger…)

Ziad ne fait qu’utiliser ça. Triste.

Comme on disait l’autre jour, un jeu échoue, il essaie un autre. »

Il y a une identification très forte avec Nashwan. Qui bien sûr ne survivra pas. Pourtant ce qu’il dit est très proche de ma formulation actuelle : il pointe quelque chose comme un comportement structurel. « Ils pensent que tu es un enculé. » = « L’islam est un méta-contexte de l’histoire européenne des idées ».

 

[Page de gauche :]

Nashwan est très franc avec moi. Un type bien. Mais il mouille aussi dans l’affaire à mon avis. Je ne sais pas à quel point, mais il était aussi « en chaleur » ce soir-là…

C’est un peu fatiguant ces histoires, il ne faut pas le prendre trop à coeur…

Du coup j’aime de plus en plus Nashwan, et Khaldun. Après Ammar aussi, je veux apprendre à jouer avec lui, malgré qu’il cherche à me tirer des sous, malgré qu’il joue.

 

[C040.jpg]

Page de bilan dans laquelle j’affirme une subjectivité sociologique.

Euréka. J’écris une histoire de corruption.

C’est ça la corruption. C’est que tous jouent sur deux tableaux différents.

Sauf Nashwan, peut-être.

 

Corruption des sentiments, toujours sur le qui-vive.

En même temps, n’empêche pas d’aimer…

 

Ziad, j’imagine, doit avoir compris cela depuis longtemps. Il se demande ce qui m’attire là dedans.

 

Comment Ziad obtient-il son autorité ?

→ phénomène spécifique, à un terreau de corruption.

__

Maintenant, voir la problématique dans la durée. S’en sortir.

Ziad, figure magnifique. (aller voir Waddah aussi ! [rencontré deux jours plus tôt])

- études.

- religion. → il y croit, et cette foi l’isole. L’enferme.

Sort du quartier avec ça. (au moins il pense, me présente les choses comme ça…).

Ambiguité : c’est aussi un « entrepreneur »… sert aussi sa domination.

Mais il y croit.

 

Donc je vais écrire d’abord la corruption ordinaire. - Amitié. Quoi d’autre.

Dans son environnement (drogue).

Et puis des portraits. S’en sortir.

Ou

Dominer. Puis s’en sortir.

Le quartier, c’est peut-être le seul niveau où la corruption n’est pas un problème… (sauf pour un étranger…).

 

[ajout ultérieur, dans une encre différente]

Attention : ne pas oublier mon regard de chrétien. J’insiste sur l’opportunisme, mais le revers de la médaille, c’est la solidarité.

1ère phrase : explication essentialiste : chrétien / musulman.

2ème phase : explication moralo-économiste. Corruption.

 

Faut-il en fait parler de jeux de valeurs différents ?

 

Définition corruption : divorce entre les sentiments et les intérêts. La responsabilité affective ne s’applique pas aux questions matérielles.

 

 

29/9 : La journée du coup de téléphone

Dans cette journée, on note une montée en puissance des interprétations sexuelles, qui restent néanmoins irréelles, et je m’en rends compte aussi. Encouragé par Nashwan, j’appelle Ziad au téléphone.

[C041.jpg]

(Mardi 30 septembre) Lundi 29 septembre.

10h, Mahfouz Abu Ammar → Appart de la mosquée el-khayr. Change un peu de comportement quand voit la feuille → espoir.

Première rencontre avec Lotfi !

Devant Khaldoun, frère لطفي Lotfi + cousin. Blagues. Marché du qat (encore, comportement لطفي avec les اخدام!)

 

Qat chez le Cadi

Chez le Qadi, puis face à Abdennasser (officier des renseignements local). Je me replie sur la position misérabiliste et paternaliste que l’on attend d’un sociologue responsable. En même temps, on voit bien que je cherche encore à comprendre où est le problème - ce qui continuera sans doute de faire enfler la « rumeur ».

En effet, je garde en tête ma problématique sur la « corruption », qui fonde mon alliance avec Nashwan, Ammar, Saïd, qui m’apparaissent alors comme les citadins « normaux » à l’intérieur du quartier.

Sauf que Ammar me fait des suggestions sexuelles.

Maouled chez  منصور العودي

Patiente en bas, avec Ammar & Nashwan, + فارس dont je me rappelle plus le nom, + un autre. Sinon, des vieux, qq jeunes. Déjeuner. Rencontre Arafat. Blague avec lui devant l’épicerie. + Ibrahim – bin el-Qadi - qui arrive.

Walid veut que j’aille qater dans la pièce en début d’ap, Nashwan hésite, finalement je vais chez le Qadi, Walid dans la pièce, Nashwan chez lui.

Chez le Qadi :

 

Vieux type

Arafat

Jeune frère d’Arafat ~15 ans

………

………

قاضي

 

 

 

 

 

 

Autre h, qui était général.

Moi

منصور العودي

……

……

 

Le Qadi m’apparaît pas sympathique du tout, منصور un peu plus, et l’officier aussi.

Arafat, qui se cache pour me donner cigarette.

Remarque du père, 1 peu paternaliste.

Occasion d’expliquer ce que je fais.

Montre mon permis. « Ah, ça c’est Très important, autant que le passeport. » « C’est bien, parce que il y a eu des questions à ton sujet… ». « Où que tu habites, tu montres ça au proprio… ».

On me demande de raconter, plusieurs fois. - +ENS, …

Je dis que je suis arrivé dans 1 certain milieu, et je n’ai réalisé que maintenant que c’était un groupe bien spécifique.

Le message passe → « Bref, tu veux changer d’amis ? »

 

Ibrahim me demande s’il y a eu des Pbs avec les jeunes. Je dis non, il y a eu des difficultés, mais c’est arrangé.

Ben oui, à partir du moment où je comprends, je peux leur dire ce qu’ils veulent entendre. Ce qui est très pratique ici !

+ En Général, je parle des difficultés éco, vie difficile → même regard qu’eux.

 

 

Discussion avec Lotfi

[C042.jpg]

Qat chez Khaldoun. Papote avec Lotfi. 32 ans,

depuis 6 mois à Sanaa (ateliers de Rolex, ou…), avant 4 ans à Aden (idem), avant magasin.

Marié à 21 ans, divorcé. 2 fils, Mohammed~10 et Bessam ~5 qui vivent avec sa mère ?

Aden mieux que Sanaa. Tu peux sortir. Sanaa : (Métro) boulot dodo. Gens pas ouverts. Se sent étranger.

Qate beaucoup (2 paquets) +shamma (tabac à chiquer).

Même discours que Khaldoun : y’a les gens biens, et y’a les gens pas bien.

 

Frères : Yasser. Salah. سند.

 

Je réalise en ce moment :

- J’ai pris les mises en garde de Khaldoun comme une mise en garde de quartier à quartier (ethnocentrisme. quartier riche, quartier pauvre).

=> oublié qu’il y avait peut-être des « gens bien » à l’intérieur.

-Plus, bien sûr, position d’hôte → réticences à te présenter comme chercheur.

Viens ensuite le moment de l’indép.

 

Une suggestion douteuse de Nabil

Interaction très révélatrice, surtout le fait que je l’interprète comme signe d’une dangerosité de Nabil, avec une allusion sexuelle que je perçois parfaitement. En réalité, Nabil ne fait que mettre en scène nos rapports pour son interlocuteur, en soulignant ma position de dépendant à son égard, mais de manière très innocente.

Vers 8h, passe au mamlaka La pièce de Ziad. Nabil - avec un copain inconnu :

- « Ahlan ! [«Bienvenue»] Où est Ziad ? »

Veut que je reste.

- « Où étais-tu hier, je t’ai cherché… ».

- Pourquoi ?

- « Je voulais que tu me passes de l’argent. »

- Je suis pas la banque. D’ailleurs j’ai décidé hier que je coupais toutes les transactions avec les amis.

- « Ouais, mais moi c’est différent. Tiens, tu veux 10 000, je te les passes. Quand tu veux, tu demandes…

 

Je réalise que mon insertion était dangereuse. Trop focalisé, et surtout pas de contact diversifiés au sein du milieu d’interconnaissance.

=> je suis la créature des Khodshy, ils font ce qu’ils veulent avec moi.

 Axe Nashwan-Walid-Khaldoun contre Nabil

Il est remarquable ici que les jeunes du quartier s’assoient avec Khaldoun (le commerçant), pour débattre de la situation et du « danger » constitué par Nabil.

Rencontre révélatrice de ce moment, où la société se reforme contre Nabil. Tous les Yéménites se mettent en valeur sur le dos du Grand Méchant Nabil. Sans doute avec une intention louable, que je cesse de me rendre dans ce quartier.

Cet épisode explique peut-être la culpabilité ultérieure de Khaldoun par rapport à toute cette histoire, et sa volonté en 2006 de défendre Nabil comme avocat. De tous les témoins de l’histoire, je pense qu’il a été le plus lucide, le plus tôt.

Je sors, tombe sur Nashwan et Walid, stressés. On va diner avec Nashwân, me demande ce qu’a dit Nabil. Propose d’appeler Ziad. Papote à trois avec Khaldoun. Je lui dis de faire gaffe à Nabil.

Ma remarque en dit long sur ma perception : je considère Khaldoun comme extérieur, donc vulnérable à l’égard de Nabil. Cela dit bien à quel point je ne peux me figurer la complicité sous-jacente des Yéménites.

Sombre espace domestique (Les palabres des jeunes du quartier face au « danger » de Nabil)

Les jeunes du quartier évoquent librement leur peur à l’égard de Nabil, tout en continuant de me tester par des suggestions plus ou moins « homoérotiques ».

[C043.jpg]

Retour chez Nashwan. Walid arrive. Parle de sa peur (j’ai pas joué au Sheikh!) (Tu ne rentres pas dans la pièce !). Je demande s’il sait où est Ammar.

→ Me dit « Pourquoi ? Qu’est-ce que tu veux. » l’air curieux…

(Je demande à Walid, pourquoi veut garder le mmmmamlaka ILLISIBLE ?

→ « J’ai donné loyer… » « Me plait… 3 ans ».

→ Nashwan : moi je sais. Il y a un ami à lui qu’il veut garder, et s’il veut le garder il doit garder le Mamlaka.

(C’est vrai!) Oui.

C’est manifestement une histoire romantique inventée sur le moment, produite devant moi pour me tester.

Effet direct de ma curiosité sociologique assumée, que je n’ai pas la pudeur de dissimulée, et qui suscite en réponse des intrigues mises en scène.

On voit ici que mes réflexions sur le rôle de l’affect dans la sociabilité s’alimentent de matériaux produits par les jeunes, qui cherchent à me tester.

 

(Je dis ce que je pense de lui : bon fond, mais faible. Suit les autres, est d’accord pour ce qui est de Ziad et Nabil.

On parle de Nabil, de Ziad, peur (même état depuis 2 jours).

(moi je stresse a posteriori, en retrospective)

Ma remarque trahit un moment de basculement subjectif.

Apparemment, Nabil a dit à Walid qu’il ne veut aucun jeune dans la pièce.

 

Ammar S est à la fois le plus entreprenant, dans sa manière de tester ma sexualité, et aussi le plus sincère, dans les moments de franchise auquel ces joutes donnent lieux.

Notamment, Ammar m’assure que Ziad n’est pas impliqué dans le nouveau « complot » contre moi, mais je ne le crois pas, au moment de la prise de notes : je n’arrive pas à concevoir ce dont il parle.

Lors de la prise de notes, j’identifie un complot de Ziad.

Ammar arrive, commence à se bouffer le nez. « Menteur, tu marches dans toutes les arnaques » / Ziad. (parce que Nashwan a peur que Nabil apprenne qu’il a parlé à Ziad (cf ci-dessous, coup de fil avant l’arrivée de Ammar..

 

Coup de fil à Ziad (sans Ammar). Je lui dis qu’ici Nabil est devenu fou, et que je préfère qu’il rentre. Après Nashwan lui parle, puis lui demande de ne pas répéter à Nabil.

 

Ammar (fait mine de) bouder : « Je l’ai laissé, pas acheté médoc, pas voulu racheter de qat. Alors que malade à cause de toi.

→ je m’excuse, en racontant mes doutes,

+ nouvelle rumeur, tt à coup → programmé ?

« Oui programmé. » « Mais lui n’est pas dedans. »

Je dois faire plus confiance à mes intuitions

Sous-entendu : Ziad est bien l’instigateur du complot – bien que Ammar m’assure du contraire.

 

On sort manger lui et moi à Baghdad [échoppe de brochettes grillées]. Entre temps Nabil le frappe encore.

Parle de Ziad, me dit que Ziad est le pire des manipulateurs. T’utilise…

Raconte que le mamlaka lui appartient, mais quand on a ouvert la pièce, Ziad l’a occupé de force, à la fois en menaçant. → Ammar a dit si tu sors pas, je te tire une balle dans le bras → mais je dois étudier…

Pièce ! Enjeu important. Cf Nashwan aussi.

[C044.jpg] Quand on sort, me dit « tu veux que je reste avec vous chez Nashwan cette nuit ? J’ai beaucoup des bons/doux souvenirs dans cette pièce avec Nashwan… Tu sais ce que c’est des doux souvenirs ?

Bref, c’est une taupe.

Enfin Ziad est dans le coup car retournement coïncide avec son passage.

Est-ce que tu commences à avoir confiance maintenant ?

On croise un copain à lui,prof de sciences religieuses. 235 926 ياسر هلال

 

-Insiste qu’il se sacrifierait pour moi devant Nabil…

On achète qat.

-Moi je veux juste un ami, sincère.

Bref, Nabil le frappe, mais Ammar se sacrifierait pour lui. Tout en dénonçant sa violence, il me fait des avances sexuelles. Quelle énigme irrésistible !

À ce stade, il n’y a que deux interprétations possibles :

- soit nous avons affaire à un « empire de la passion » (un espace domestique, ni plus ni moins), régissant toutes ces relations du quartier.

- Soit tout est une manipulation de Ziad, (dont je m’imagine qu’il est) le seul qui a perçu ma faiblesse, et qui tente de l’exploiter.

Seule la relation avec Waddah (quelques jours plus tard) me permettra de croire à la première option, de lui donner corps, au sens propre comme au figuré. Dans l’immédiat, c’est la seconde option qui me permet d’affirmer ma rationalité : je veux croire que Ziad est le chef d’orchestre de tout ce complot, car de mon point de vue il est le seul qui a perçu ma faiblesse. En réalité, il est évident pour tous les Yéménites que mon sentiment amoureux envers Ziad s’inscrit dans une ambivalence plus générale, une quête de l’islam, dont ils perçoivent de nombreux signes dans mon comportement. Mais je ne peux concevoir cette conscience collective (ce serait admettre l’islam). Ziad est le seul qui assume face à moi cette conscience collective, qui me fait savoir qu’il perçoit en même temps qu’il perçoit. À ce stade il a décidé de se retirer, et il se lave les mains de ce qui arrivera. Mais pour ma part, je ne peux croire à l’autonomie cognitive des autres acteurs, à leur lucidité : Ziad est le seul qui peut jouer, car il est le seul qui voit en moi. Les autres sont aveugles, désirent à travers moi des choses triviales.

Abdelnasser, de la Sureté Politique

Retour : on croise AbdelNasser. Habitant du quartier d’une quarantaine d’années, fonctionnaire de la sureté politique.

Dit qu’il est surtout inquiet pour moi. Terrorisme, Enlèvement, intégristes, etc.. Veut que j’aille voir les gens sérieux.

Moi j’ai maintenant une compréhension assez bonne, et je peux leur montrer que j’ai bien compris. → je tombe d’accord avec lui : ces jeunes meskine…

« Non, Ziad c’est un type bien, meskin »

Meskin… → regard bien condescendant

Jeunes : ne pensent qu’à qater, manger, dormir. Pas intéressant ? Va voir machin, qui a son affaire ici.

Rumeur : c’est qui ce Français qui qate beaucoup.

 

Discussion avec Sa’îd / récit Nashwan

Réaction de Nashwan. Enervé, ce type c’est comme Ziad, il veut te mettre le grapin dessus. Moi je vais t’amener voir son père, c’est lui que tu dois voir.

+ Gvt, enlèvement mon cul. Veut t’éloigner de nous.

 

Je parle de la corruption, à toutes les échelles. Comportement des Jeunes → Ali Abd Saleh.

(en présence d’Ammar) ; Sa’ïd : مجتمع ظالمة société injuste

 

[C045.jpg] Ammar dit à Nashwan et moi de monter, il papote avec Sa’îd. (il est pas très bavard).

Après 20 minutes, Sa’îd remonte tout seul. Quand je demande où est Ammar, me dit que son père de Ammar est venu le chercher.

Est-ce qu’il a eu des doutes ?

Ou une baisse de moral.

Manifestement, il y a discussion sur mon compte, intuition que je cherche à faire passer dans la prise de note, sans pouvoir l’énoncer.

Discussion Nashwan Sa’îd.

- Ammar (+tard) : est-ce qu’il est sincère ? شرّي

 non, il ment. Question → marche des fois avec Ziad.  On le voit venir, quand il veut ton qat. CE qui me plait chez lui, c’est que quand il voit que tu le prends mal, il se dégonfle et te console. (avec un peu de tendresse) tu le vois venir, qui s’approche et qui te prend ton qat. Je l’aime bcp.

 

Et ouais, apprentissage à faire avec les gens qui slaloment.

Réussir à aimer sans la confiance.

Il y avait du vrai, quand Ziad me dit que je veux qu’il se comporte avec toi en fr, et c’est pas possible.

- Ziad, on discute s’il est sincère quand il prie.

Nashwan : non, c’est pour l’image & se marier.

Avant était violent, qatait au « projet de l’eau », tu venais, il te prenait ton qat puis lève toi où je te tape. → seul.

Après s’est calmé avec la pièce. Les gens venaient à lui spontanément.

→ developpe un rôle comme le « sage » du village.

 

Nashwan : celui qui le comprend le mieux.

Un jour, Ziad lui faisait la morale : tu es un moins que rien, فاشل raté / en échec, tu étudies pas. Lui a dit : c’est ta science qui est فاشل, une science qui n’inclut pas les mœurs, et qui ne te force pas à réfléchir sur toi-même.

J’ai des mœurs, qui valent mieux que les tiennes.

 

Constat sinistre, la plupart des jeunes étudiants que j’ai rencontré, pas intègres.

Sauf. Nashwan // Taher

[C046.jpg] Nashwan

Père (qui lui enverra des sous pour monter à Sanaa, mais ne le recevra pas). Lui donnait pension. → vivait bien, avait les moyens d’avoir des amis. « Il y avait une sorte de joie. Je prenais les choses avec humour. »

 

Mais type aux states, lui demande d’être gérant de l’immeuble (louer, loyer), d’être fidèle et il l’aidera en échange.

Quand mère tombe malade (insuline → diabète) et doit être opérée en Arabie Saoudite, lui demande → commence à se retourner. Ecrit fax à son père, qu’il ne fait rien, qate…

→ coupure des fonds.

 

Mère, le réveille le matin.

 

Position, chez toi => les gens viennent.

→ secrets, au courant.

Mais fatiguant. Sait tout sur tout le monde. Les sert eux, pas toi.

Filles l’aiment. Pas Ziad (quand il est malade, elles se pressent à son chevet)

ضروف !

Et maintenant, se dit fou…

 

Ammar m’a raconté qu’au début, il lui disait qu’il voulait me connaître pour que sa mère trouve son problème psy. Ammar se moque : « en quelle langue ? »

histoire bien possible, révélatrice du personnage

 

[C047.jpg] Bessam : // Ziad.

Pour Sa’îd : celui sur lequel Ziad est monté.

 

Sa’îd, à la fin, me demande si j’étais vexé par son comportement au « conseil ». Non. Me raconte que a dt à Ziad, après la dispute ou Nashwan est resté : « tu lui dis bienvenue, pour 3 mois, et après tu le jettes ? »

 

Et puis discussion à la Bertolt Brecht.

-Sut com : image valorisante.

→ coop de tous. Les + forts monte sur les + faibles.

 

(je les appelle les ناجحين des gens qui ont réussi=> protestation. Ce ne sont pas des Nagihîn, pas d’honneur.

Said : - Abdennasser, lui demande de peindre chez lui, ne paye pas.

-accués d’avoir volé une voiture garée devant chez lui… 2 fois le type passe : où est la voiture/

Nashwan :

- père ruiné par un de ses frères.

 

En général, entre frères !

- Saïd : Ne t’en fais pas, c’est juste du vent. Un jeu.

 

[Quand je] Dors chez Nashwan [sans doute au cours de l’après-midi]. Je rêve de tribunal, de jugements, de normes de jugement.

Central en effet. Normes de jugement.

30/9 : Dernières heures dans le quartier

[C048.jpg] Le 30 septembre 03.

 

Aujourd’hui, sûr de moi. Je joue.

~13h, je ne trouve que Ahmed et Omar et Salah qui trainent devant épicerie ? J’invite Omar à manger asida. « Mais à ton compte ? » (précise bien) ; oui, oui, t’en fais pas.

Demande où est Ziad, je dis je sais pas trop, dit il devrait rentrer aujourd’hui.

→ au courant, mais refuse de dire par qui.

« Il a dû téléphoner à quelqu’un ».

Me dit qu’il est en colère contre Salah, histoire d’appart, je dis bon, c’est pas grave, un peu sans blasé.

→ « j’ai l’impression que tu penses que je te mens »

→ « pourquoi tu as cette impression »

Après, rien à se dire.

 

La confrontation avec Nabil

Trouve Walid et Nashwan dans le Mamlaka. Walid veut faire un pacte relations nouvelles avec moi, pas une transaction.

Nashwan veut faire la même chose  - avec Ammar - , je dis qu’il y a pas de problème.

 

Nashwan a peur des suites de l’histoire, donc me demande de ne pas le citer…

 

Arrive Nabil, accompagné de Wâ’il. Me demande quel est le Pb ? Pourquoi j’ai téléphoné à Ziad ?

stress…

Je dis que je ne suis pas à l’aise ici, que il y a beaucoup de ragots, que je n’entends pas, que vous jouez avec moi, et je sais pas quel est votre but, derrière l’amitié. Donc j’ai eu discussion avec…

Je ne suis pas عرطة, vous croyez mais…

Nabil se calme. Fait un peu la morale aux jeunes.

[C049.jpg] Sortent directement, Wa’il me dit juste que s’il y a des problèmes, parle en directement.

 

Nashwân et Walid me félicitent.

« Il va te faire respecter dans le quartier… »

La réaction des Yéménites est complètement incompréhensible à l’époque. Je me débats dans des relations cordiales, et en même temps qui comportent une part totalement obscure.

Pars chez Tareq. J’apprends Houda à S.

La présence de ma prof d’arabe à Sanaa sert d’alibi pour me retirer, juste pour quelques jours à l’origine, de quoi prendre un peu de distance.

 

 

Retour quartier vers 19h. Papote avec Nashwan.

Ammar, je lui propose de m’accompagner à manger. Invite l’autre Ammar, sinistre.

Taher nous rejoint (connaît cet Ammar, sale type).

→ Abu Ammar, pour l’appart (menteur).

 

Chez Khaldoun, je raconte l’histoire de Nabil et Ziad, Khaldoun s’énerve un peu « Depuis le début je te le dis… »

Retour, on blague avec Nashwan, Salah, Sa’if, Omar, (+el-Oudayni)+ ?

Je chante bcp, fort.

 

Ammar et Abdallah m’emmmènent faire un tour, acheter une glace, intimidant de mes 2… « On va te tuer » « Tu as déjà tué… ? »

Abd est énervé contre moi. Faut dire je suis sur de moi et je lui fais sentir.

Mohammed Faysal me propose chambre à côté Sha’ab, 8000, cher, m’embobine. → on verra quand je rentre.

 

[C050.jpg] Ahmed me dit : « tu reviens ? » Quand je pars avec Abd et Ammar. Je blague : tu es Gassous, Gassous ‘alal Gâssous. Tu es un espion. Un espion sur l’espion.

Ammar encore assez affectueux, mais se calme un peu, par moment seulement.

Nashwan me dit que je suis très fort à qui veut l’entendre.

Salah passe, tard.

Je blague que je vais l’écraser comme une araignée.

Parce que son jeu est à nu, à ce stade, je pense.

 

 

Camion de Police qui passe, court après 2 jeunes.

(Mohammed Faysal leur dit qq chose…) Affaire de vol.

1/10 : premières réflexions dans l’autocar

Dans ces premières notes rédigées après ma « fuite » à Sanaa, on voit se mettre en place l’hypothèse d’une population stigmatisée : le quartier ne représente plus à mes yeux le coeur de la société yéménite, mais une de ses marges. Hypothèse absurde : le quartier forme un ensemble évidemment plus « authentique », plus représentatif sociologiquement, qu’une rangée de commerçants ou qu’une poignée d’anciens étudiants au département de Français qui se retrouvent pour qater. Mais cette hypothèse tiendra le temps de rédiger ma maîtrise.

En fait, cette hypothèse va avec une certaine idée de la condition humaine. Je ne m’en rends pas compte immédiatement, mais je suis gagné par la théologie des sciences sociales. (déformation centripète caractéristique, qui organise le réel autour de l’Institution, en masque la contingence et l’historicité)

Situation personnelle cruciale : ce sont les moutons noirs.

→ personne ne veut se porter caution. Personne ne leur prête / ne les croit (Nashwan).

Sanaa [dessin ampoule qui éclaire]

Ziad, c’est un peu celui qui offre aux autres de se liguer pour pouvoir rivaliser à l’extérieur. C’est lui qui offre à ses brebis la perspective d’attraper un gros poisson comme moi.

acceptent qu’il prenne la plus grosse part, dès lors qu’il donne les miettes aux petits.

Genre [? illisible] Ziad : « Donne 100 rials pour acheter un coca à Mohammed Faysal ! »

Nashwan, hier : me dit qu’il s’est remis à prier à la mosquée (« Tu t’en fous,toi, mais pour moi c’est important »).

Ne dit pas à tout le monde qu’il part pour chercher du boulot.

À Salah : « je pars régler quelques affaires… ».

Intéressant. Ici je perçois une sorte de honte liée à l’interaction avec moi, sans la comprendre vraiment.

 

[C051.jpg]

Dans le car. Discussion avec Nashwan.

[à propos de Ziad avant :] (il était mal poli, mauvais, il disait « je veux », prenait…).

« Qu’est-ce qu’il a dit sur moi ? »

→ Au contraire, Ziad le priait de venir qater chez lui.

→ Et puis au contraire, avant était un type bien.

(Je lui dis qu’au début je le prenais pour un clown, bouffon).

→ Version de l’histoire :

1 des premiers soirs où tu avais traîné chez Zid, il m’a dit : « ce type, il parle de sujets importants, sérieux, il parle très bien. → je veux que tu parles aussi avec lui et que tu me dises ce que tu en penses.

Mais moi, je n’ai pas marché dans leur truc. Le lendemain, quand « je t’aime », je n’ai parlé que de sexe, et des conneries.

Ils étaient en colère.

Même après, Salah est venu me dire : « Qu’est-ce qui t’arrive ? »

 

Discutaient Fawaz, Ziad, Jalal et Salah, pour savoir si j’étais franc-maçon.

 

Version du soir où il m’a viré.

Ziad est monté devant che Nashwan, a parlé devant Ammar, Sa’îd, Nashwan, Salah, Salah, Omar, +.... A dit ce type il est malin, il a des intérêts, il faut une recherche.

Reste dans le flou → chacun comprend à son niveau.

Salah l’appuie, dt qu’il a eu loisir de m’observer quand on a discuté à اخوين [funduq al-ikhwayn, colline dotée d’un hôtel. Cf supra.

[C052.jpg]

Tu veux comprendre Ziad ? Regarde le père. C’est comme Ziad. Sa mère ? Adorable.

 

Interprétation de quand il m’a viré. A compris que tu étais de ceux qui veulent changer les règles du jeu.

Avant jouaient aux échecs avec toi. Echecs.

Pourquoi a appelé Nabil ? - N’avait pas envie de rentrer. - Parce qu’il veut que tu l’appelles au secours.

Oui, Ammar, joue avec Ziad. عمار شرير ! [Ammar c’est un diable!]

Abdallah → fou.

 

Aujourd’hui, coup de tristesse.

Je fais la sieste et je rêve d’angoisse.

En même temps rien que le fait de revoir Houda me remet dans l’ambiance Ulm.

Est-ce que j’appelle Lucie pour déjeuner.

Quelle violence !

 

Index des personnages

La famille de Ziad

Cousins par la première épouse du grand-père maternel :

Cousins par la première épouse du grand-père maternel :

Les voisins

Commerçants

Département de Français

1Jeanne Favret-Saada « Relations de dépendance et manipulation de la violence en Kabylie ». L’Homme 8, no 4 (1 octobre 1968): 18‑44. [republié en 2005 sous un titre modifié : “Vengeance et segmentarité en Kabylie coloniale”, in Algérie 1962-1964: essais d'anthropologie politique, Bouchène, pp. 63-100].

2Jocelyne Dakhlia. L’empire des passions. L’arbitraire politique en Islam. Paris: Aubier, 2005.