Le verbatim de mon agression sexuelle
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Mise en ligne le 15 juillet 2020.
Je mets en ligne aujourd’hui quelques pages de mon carnet de terrain de 2003 (pages C025 à C040), correspondant aux notes rédigées du 25 au 30 septembre 2003.
Cette année-là, je travaillais avec un petit carnet que j’avais toujours avec moi, sur lequel je prenais des notes sommaires (surtout du vocabulaire, des expressions, des dictons), et avec un grand cahier, sur lequel je reprenais au propre le déroulement de la journée écoulée, chaque soir ou au plus tard le lendemain matin. Cette chronique est tenue sur la page de droite, conformément à la méthode enseignée dans les classes, la page de gauche étant laissée libre pour des remarques d’ordre théorique, ou au contraire pour des intuitions plus subjectives, voire des états d’âme. Ce sont les pages de ce grand carnet qui sont retranscrites ici. J’épargne au lecteur de déchiffrer mon écriture, mais les pages elles-mêmes étant accessibles par des liens insérés entre crochets.
L’intérêt de ces pages, c’est de tenter de comprendre comment j’ai cessé de tenir ce grand cahier, quelques jours plus tard, c’est-à-dire les circonstances de mon premier passage à l’écriture sociologique.
Dans le théâtre de la segmentarité
Quelques moments forts (LIENS)
26/9 : La rencontre avec Waddah
28/9 : Le dernier passage de Ziad
29/9 : La journée du coup de téléphone
30/9 : Dernières heures dans le quartier
1/10 : premières réflexions dans l’autocar
Huit mois plus tard en juin 2004, je dépose mon premier travail en anthropologie à l’Université Paris-X Nanterre : « Le “Za’im” et les frères du quartier. Une ethnographie du vide ». Le portrait d’une bande de jeunes citadins désoeuvrés, dans un petit quartier d’habitation du centre-ville moderne, noyé dans les avenues commerciales et par l’afflux des travailleurs ruraux. Le mémoire est centré sur la figure de Ziad, un jeune diplômé en expertise comptable qui s’apprête à s’élancer dans une brillante carrière, mais qui garde l’influence d’un grand-frère sur ses amis d’enfance. J’ai rencontré Ziad le 13 août, deux semaines après mon arrivée à Taez, lors du mariage d’un professeur de français, et entre nous s’est établi d’emblée une vive affinité intellectuelle. Ziad tente d’abord de m’attirer à Sanaa (ce point n’est pas dit dans le mémoire), et me laisse finalement arpenter seul les rues de son secteur, sous l’observation tacite de son frère Nabil. Il ne rentre à Taez que le 3 septembre, et commence à me socialiser dans son quartier, parmi ces jeunes dont les commerçants et mes interlocuteurs de l’université disent qu’ils sont des voyous. Pourtant à un certain stade de mon séjour, la situation se retourne de manière totalement inattendue : c’est de l’intérieur-même du quartier que vient la contestation. L’autorité de Ziad vacille, ses propres amis d’enfance le présentant comme un apprenti dictateur sournois et manipulateur. Après quelques tentatives de reprendre la main sur ses troupes, Ziad décide finalement de se retirer dans son village, me laissant à mon propre sort et dans une grande confusion.
Mon désarroi dans cette période vient de ce que personne ne veut revenir sur l’affaire qui vient de se dérouler - ce dont j’ai pourtant besoin, pour rédiger quelque chose de compréhensible…
•La moitié de mes interlocuteurs considèrent qu’il ne s’est rien passé, que c’étaient juste des histoires brodées par des jeunes désoeuvrés ;
•L’autre moitié, ceux qui ont vécu avec moi de l’intérieur l’intrigue du Za’îm, continuent de se confier, de manière souvent poignante, quant à leur soif de liberté et l’oppression d’un « Régime », dont je commence à peine à saisir les contours.
Aucun interlocuteur ne consent à porter un regard dépassionné sur le coeur de cette affaire : soit ils sont animés par une flamme révolutionnaire, soit ils bottent en touche par un diagnostique sociologique, approximatif et méprisant. Le seul point sur lequel tous pourraient éventuellement s’accorder, c’est la dangerosité de Nabil. Et de fait au fil des jours, cette dangerosité prend corps. Elle se cristallisera quelques jours plus tard, dans un incident qui est resté fixé dans ma mémoire : un soir, on me fait monter précipitamment dans un appartement, échappant ainsi « de justesse » à une pseudo-tentative de viol.
En fait dans mes notes, l’incident proprement dit ne constitue absolument pas un tournant traumatique : il occupe une ligne en tout et pour tout, le 28 septembre (voir ici). Au point que je ne l’ai pas retrouvé en 2018, quand je me suis vraiment replongé dans ces notes pour la première fois. Je n’ai pas voulu croire que cette ligne désignait bien l’incident qui m’était resté en mémoire. J’en concluais que l’incident s’était produit le 29 au soir, parce que je décelais un changement de ton dans les notes rédigées le 30 au matin : alors seulement, je commence à interpréter sexuellement tous les gestes de Nabil, à me reprocher d’avoir été naïf, de n’avoir pas voulu voir…
En fait, ce changement de ton s’effectue progressivement, en lien avec une évolution collective que je peux maintenant reconstituer. Tous les acteurs du quartier savent déjà à l’avance que je vais passer de la mainmise de Ziad à celle de Waddah. Ils le savent parce que c’est inscrit dans la logique des rapports entre les deux branches de cette famille, leur territoire respectif. À partir du moment où je refuse de suivre Ziad au village, je tombe tacitement sous la responsabilité de Waddah.
Pour rappel, le grand-père maternel de Ziad et Waddah a eu deux épouses :
Mais en 2003 bien entendu, je n’ai absolument pas conscience de tout ce qui se trame dans les coulisses. Comme un baromètre, mes notes reflètent la montée d’une pression. Il faut dire aussi qu’à cette époque (jusqu’à 2011), Taez n’était pas censée être une région tribale - parce que les anthropologues ne percevaient pas les situations locales en termes de segmentarité. Et moi-même ce n’est qu’après de longues années, que j’ai été capable de déceler la marque de la « segmentarité » dans ma propre histoire (voir mon texte de 2011-2012 « L'ethnologue et les trois frères de Taez, ou la chute des des figures charismatiques urbaines dans le Yémen des années 2000 »).
– « Mon cher fils, monte avec nous ! Ne reste pas avec les impies ! »
– « Je vais me retirer, dit-il, sur une montagne qui me mettra à l’abri des eaux ! »
Puis les flots s’interposèrent entre eux ; et le fils de Noé fut submergé.
•Fin de mes notes du 25 septembre : passage introspectif. Je décris mes états d’âme concernant Ziad, et pourquoi je refuse de me laisser éloigner de l’objet de mon enquête. Suivre Ziad au village, d’une certaine manière, ce serait me livrer à lui.
•Notes du 26-27 septembre : Rencontre avec Waddah et premiers échanges. Premier contact / première discussion. Où l’on découvre le rôle décisif d’acteurs secondaires (Wâ’il, Nashwan) dans la mise en place de cette relation, dans la continuité des péripéties antérieures (relatées dans mon mémoire). Aussi premières accusations contre Nabil, que je suis loin de prendre pour argent comptant.
•Notes du 28 septembre : Ziad de passage à Taez. Ziad tente une dernière fois de m’entraîner au village. La discussion de cet après-midi comporte des échanges « hauts en couleur », qui portent une lumière crue sur la situation. Pour autant Ziad se retire, assez contrarié.
•28 septembre au soir : l’incident avec Nabil, qui conduit à un approfondissement de l’entretien avec Nashwan.
•Notes 29 septembre : sous l’influence de Nashwan, j’alerte Ziad sur ce qui s’est passé. Ziad me promet de revenir à Taez.
•Notes du 30 septembre : Nabil me tombe dessus, je botte en touche. J’apprends que Houda est à Sanaa, je décide de partir souffler un peu.
•Notes du 1er octobre : dans le car (je m’installe dans une subjectivité sociologique).
Je n’ai pas eu besoin de me replonger dans ces notes, quand j’ai parlé pour la première fois de cette histoire, dans une vidéo en arabe sur youtube au printemps 2018. Même si je déformais certains détails, la vérité profonde de cet incident ne m’avait jamais quitté - à savoir la présence de la pudeur et du respect, par delà une situation apparemment explosive. C’est cette vérité profonde qu’aucun interlocuteur n’accepte de prendre en compte jusqu’à aujourd’hui.
À propos des chercheurs en sciences sociales, je pense à ce proverbe : « Ne lance pas de pierres, si ta maison est de verre… ». Certes, mais est-il encore permis de construire sa maison en pierre, « tel un mur scellé » (Coran 61:4) ?
Codage couleur des différents niveaux d’écriture :
Corps du carnet de terrain [explicitations]
Remarques supplémentaires de la page de gauche
[SUITE A RETRANSCRIRE]
(27 septembre) journée du 26.
Croise Omar par hasard, vers 1h30, qui va au qat. M’invite chez Taymour, mais je dis que je préfère aller cher Mohammed Faysal.
Mamlaka avec Walid (« Pourquoi tu m’aimes pas… ? »)
Fuwwaz 2 s’incruste, puis moi, puis Walid.
(entre temps, Khaldun m’a téléphoné pour annuler le qat chez lui : « on va chez un autre copain ».)
Quartier : Wadi Bana : région d’origine des Aïdi.
Autre personnalité : [shériff]‘âqil ‘ubaydî, mais représentant de l’État. → pour la paperasse.
Différents individus qui s’imposent par leur force individuelle, se distinguent par leurs qualités.
→ (Soleil / Kaoukab [astre]) → mais moi je suis indépendant. Que les faibles ont des Za’îm.
Mais connaissent Ziad, quand Fuwwaz leur explique.
Quand on sort, Fuwwaz dit : « La discussion était pas très intéressante… »
Na’if. Croise Ammar sur le rond-point. Veut qater. Je dis j’ai pas envie, puis insiste. Je lui donne 200.
[Page de gauche :] Quelque chose dans le rapport à l’argent & l’économie des aides. Tip.
On va vers mamlaka. Nashwan, Walid, Abdallah.
Je dis je reviens après manger pour connaître Waddah.
Mais quand je reviens, on monte chez le mort.
Mohammed Faysal, Abdallah, Ammar (Kazim al-Sahir), Omar, Ammar. Nashwân, Saïd, Moi.
On fait les Maouled, Omar chante très fort…
Saïd me parle, m’explique maouled ~soufi. Interdit en Arabie et beaucoup d’autres endroits. Ici tout le monde. Discussion sur l’orientalisme.
Chambre (je dois rentrer…). Je dis que Omar ne dit pas ce qui se passe… Saïd : appart déjà loué…
Puis au retour : ce n’est pas que Omar veut pas, mais difficile pour les célibataires : dukkan.
Saïd dort sur le toit de Nashwan.
Omar me demande → je dis je sais pas, tu dois.
Waddah aime ce que je dis. Dit que il y a que Nashwan et « Walid abu… » qui l’ont compris. S’excuse pour le début (test).
Je lui demande de parler, pour que je le connaisse. Il dit que je peux pas le connaître…
Discours convenu sur le quartier : une seule main. Une seule famille. Celui avec qui tu as mangé, pas possible qu’il le trahissent.
[page de gauche :] Test des étrangers. Gardent les infos.
« Parler : ce qui fait qu’on connaît les gens » (Nashwan).
Certaines personnes ne parlent pas → on ne les connaît pas. On doit se fier à l’intuition. Faire confiance.
Waddah : si tu avais été mon hôte ici, toutes les portes se seraient ouvertes, qat, invité ici et là, dormir et couvert…
Qaba’il [honneur tribal], karam [générosité], dit de lui Nashwan.
De Ziad. Passé (depuis 7 mois pour Waddah, depuis 4 ans pour Saïd).
Violent… faisait peur (Khawf). (Nashwan acquiesce).
→ les gens continuent d’agir et de juger par rapport au passé.
Mais moi je le comprends. On a eu des engueulades, on s’est frappés, mais…
Tout ça, c’est de la narration, fiction dressée sur les évènements. Mais liens d’une autre nature (voir + loin [illisible])
Morale (honnêteté…), jugement des pairs / Plaisir de la vie, connerie, amitiés/rivalités.
Comme hier, Mohammed Faysal qui me dit qu’Abdallah est son meilleur pote… → + complexe. D’ailleurs Abdallah n’est pas sur la même longueur d’onde. Sans que ça porte à conséquence.
(je lie métaphore : radio).
Respect, type magnifique…
Discu sur la religion. On va acheter des beignets avec Saïd, on choppe Salah.
Waddah sort faire un tour avec Nashwan, je les suis sans trop savoir.
[C032.jpg] Waddah voulait m’éloigner.
Nabil. Drogues. Violent. Histoires de viols d’enfants.
« Ammar et Waddah, c’est les seuls qui ont pas traîné dans ce genre d’histoire, mais sinon toute la famille ».
Nabil + un autre, qui a été ostracisé après viol d’enfant.
Ces accusations contre Nabil viennent à l’appui d’un constat : Nabil ne me respecterait pas, il n’aurait pas le comportement approprié. Moi j’ai plutôt confiance, même s’il n’y a pas spécialement d’atomes crochus entre nous, je le sens bien. Nabil instaure une complicité fondée sur la vulgarité, mais parce que c’est son fonctionnement et son langage, pas parce qu’il me veut du mal. Or Waddah veut s’insérer dans le type de rapport que nous entretenons, qu’il juge malsain, dangereux pour moi. Je me rends compte de l’opération, et je ne peux pas ignorer la mise en garde de Waddah, mais je fais en sorte que ça se lise dans mes notes.
En arrière plan de cette scène, il faut voir que Waddah et son frère Walid appartiennent à un autre milieu, plus citadin et plus privilégié : leur mère est une femme de la ville. Ils sont intimidés par ces cousins, constamment sur le fil entre l’admiration et la réprobation. Notre petit jeu ne les amuse pas du tout, du coup : cet enchantement qui s’installe autour de moi, autour de l’idée que moi je pourrais être un homme d’honneur, alors que je viens de France. D’où le comportement de Walid, très irritant (voir le lendemain). Il y a une sorte de jalousie.
Au fond, c’est sur cette jalousie que se nouent les rapports avec Waddah. Car j’avais déjà ces rapports en France avec les autres premiers de la classe, qui ne supportaient pas mes alliances avec les cancres du dernier rang. Les gardiens du dualisme. C’est pour ça que j’ai quitté la France. Et en même temps, je sais que je ne peux pas faire abstraction des « réalités ». D’où mon alliance avec Waddah.
On parle de Ziad avec Nashwan.
Lui et Ziad, amitié très proche, très influents l’un sur l’autre, mais quand est arrivé pb à la maison (tuteur qui coupe les fonds car ne va pas à l’école), maladie… N’a pas du tout fait attention. Pour lui tout seul. Contrôle tout. Intérêts, projets. Veut te faire jouer des rôles sans que tu saches (Abdallah).
Dès que tu joues un jeu, il en change // mon histoire.
Moi : explique avec logique : considère bonne porte d’entrée, respectable, protection, pour entrer dans le quartier.
Très important à comprendre !!! => On reste méfiant, sur un certain canal.
Parle de ce quand il parle comme ça aux autres, ils le disent fou. → je parle des niveaux de discours. En effet (// Aqsa).
→ s’exclame, c’est fort ce que tu dis…
Ensuite, discu sur logique, sentiments, paradoxes, Discu / humains… Sont assez fascinés.
Waddah essaie de me convaincre, mais je lui expose mon statut quo. Est satisfait : « Ce type comprend l’islam ». Veulent que je rencontre le grand-père de Nashwan à Hodeida.
« Omar petit tête » Nashwan.
Saïd parle qu’il n’a lu que 10 livres. (c’est ce qu’on en fait…).
Ammar → Waddah regrette de devoir partir à Sanaa. Où es-tu depuis trois jours que je suis ici !
Nashwan s’exclame : « c’est la première fois que il est comme ça. D’habitude ne dit rien, reste. » Waddah dit touché par moi.
On va prendre thé.
Parle de l’affaire avec moi. (Ne t’en fais pas il va revenir, tranquille).
Abdallah, Salah, se retournent, Omar.
Puis anecdotes… Avec Mansour Abu Arafat. Jeu, voitures, cris… Cours d’histoires, les engueulades… Les bagarres avec quartiers voisins (Mohammed Faysal organise…).
Le toit de Nashwan. Vidéo. Oum Kalthoum.
Se dégage séparation entre Abdallah… Wa’il.
1 jour musulmans, 1 jour Kafir, 1 jour…
[Page de gauche :] à ce moment-là, sommes-nous vraiment sur la base, ou sommes-nous sur un autre canal ?
Ce n’est pas du mensonge, c’est une façon de voir les choses.
À travers façon dont ils se présentent à moi, mise en scène / extérieur, normes.
→ passage à l’âge adulte.
Passé, on a vécu 2-3 ans, après c’est retombé.
« Ah, si tu étais venu il y a un an ! »
Nashwan veut revivre → voyage chez Arafat.
« Mais passé a conséquences sur futur. » dit Waddah [Qui est exilé à Sanaa…] « Moi j’essaie d’oublier le passé. ». Pensif. Va se coucher. 71923600
[C034.jpg]
Thé avec Ammar et Nashwan. Histoires de son grand-père. Ammar me demande comment se passe les relations avec la famille de ma chérie.
Khaldoun. [il perd son père ces jours-ci]
Tour à [l’Hotel] Shamsan avec Ammar pour trouver une chambre.
Petits indices d’exaspération, pas anodins.
[C035.jpg] Notes pour un questionnaire – guide d’entretien.
Niveau d’études.
Prof père, grand-père. Émigration.
Région d’origine.
Lieux de sociabilité.
Projets de vie.
Religiosité → comment poser ? « Est-ce que tu te considères… » ?
Frères + situation !
-Nashwan me téléphone pour me proposer de venir avec moi si je trouve pas Ammar.
-Réveille Ammar, et on part au jawazât [bureau des permis de séjour, où je dois pointer tous les mois]. (la copine de Ziad appelle). Ensuite on repasse voir la pièce.
On achète qat pour 2, puis on tombe sur Walid & Ziad → Salta.
Au resto, Ziad me raconte qu’il s’est fiancé au village. « mais il me racontera + tard, quand on qatera ».
C’est une manœuvre pour m’attirer au village, et en fait je le sens, d’où les guillemets. Ziad cherche à m’inviter dans une histoire dont il est le héros, mais ça ne m’intéresse pas.
Le charme est brisé à ce stade, c’est bien le drame de nos rapports…
Passe à Walid tout son fric, et lui demande d’acheter du qat (1200 d’après Walid).
- Blagues avec Ammar, il veut plus me passer le qat, après quand il divise, pas très équitable. Ensuite il prend dans mon qat, je lui fais remarquer.
- Walid & Ziad & moi. Walid dit à Ziad que Nashwan a écrit une lettre sur toi, et il veut te faire une leçon…
J’interviens, je dis pourquoi tu racontes ça…
Ziad dit qu’il est d’accord, mais je lui dis que lui-même il écoute et il utilise ça.
On voit bien dans ce passage comment l’intrigue du Za’îm me permet d’exister subjectivement, de faire la morale à la fois à Ziad, à Walid, à Nashwan, à tout le monde en fait. Toutes les sensibilités sont représentées, toutes les postures imaginables dans l’ordre social post-colonial. Et moi je distribue les points. Mais en même temps tout repose sur moi, sur ma subjectivité, et c’est ce mystère qui m’attire de manière magnétique.
- Raconte ensuite que Ammar aurait raconté que je suis un PD. Je souris. Quand il entre, me disent de lui demander des explications. Eux lui demandent, il se défend, c’est pas lui qui l’a dit, c’est Nasser.
[Ajout page de gauche:] (jeudi 2 octobre, Waddah) a assisté à engueulade, Ziad dit à Ammar, alors que je suis allé acheter de l’eau : « Alors comme ça tu veux enculer Mansour ! ».
Moi je coupe la discussion en disant que je m’en fous, qu’il raconte ce qu’il veut ce qui m’importe c’est comment il se comporte avec moi.
Ziad : Moi ça m’importe. Tu es notre hôte… C’est une insulte pour nous !…
→ Non, je suis pas hôte.
-Débat sur Za’îm. Waddah (qui n’est pas encore remonté) dit que c’est des blagues. Que personne ne sera jamais za’îm. Que personne ne contrôle. « Et moi, ça ne me plaît pas de contrôler, je ne recherche jamais ça. »
[C037.jpg]
- Ziad dit à un moment « Non, je veux pas monter à Sanaa. Je suis en plein dans une recherche, avec Mansour… ». Faux cul.
- Dit qu’il est contre que je monte à el-Hodeida pour voir le Sheikh Omar… (Si tu lui parles comme tu me parles à moi, il te tue).
C’est une idée de Nashwan, qui a de la famille à Hodeida, et ce cheikh lui est apparenté (voir plus haut). C’est comme Waddah deux semaines plus tard, qui fera les démarches pour obtenir un rendez-vous avec le cheikh Abdelmajid al-Zindani, après s’être décrédibilisé par un quiproquo sexuel.
En fait cette configuration est en place déjà en amont, et Ziad est beaucoup plus lucide, sur le fait que notre histoire est déjà inassummable : avec moi, il est sorti des sentiers battus depuis longtemps.
La blague est surtout une manière de tester l’interlocuteur.
Je blague : « Ah ! Oui, c’est peut-être ça… »
Ziad sort. Revient énervé, veut repartir au village.
→ je vais lui donner, on discute.
Il dit qu’est-ce que tu fais, toi / chambre.
(aujourd’hui, serre la main, mais n’est pas resté dans la pièce…)
Bref, je veux profiter des gens et que tu sois là.
« Non, par rapport aux gens. ».
- Et il est parti. Dans mafraj, passe Bessam. Veut parler de la mort, « c’est un sujet auquel je pense en ce moment » (ivre, il me semble). S’engueule avec Nashwan parce qu’il lui dit « ses 4 vérités ». Après avec moi, grossier, dit que on veut pas d’étrangers ici…
Ammar aussi : « va racheter du qat… » Fatigué. « C’est de ta faute (soleil), va m’acheter… ».
Pour changer de sujet, je lance l’histoire des 1000 [rials].
Je m’énerve contre lui, hausse le ton.
[ajout à gauche : ] Et là Nashwan dit : « Ce type il nous apprend notre religion. »
([Walid] me dit que m’a menti parce qu’il s’en fout, et qu’il ne m’aime pas).
J’apprécie, je lui dis je sais bien, après si tu es responsable ça peut changer.
[Barré : ] Bref, je ne sais pas si ce retournement…
Je leur décris, exemplaire de comment Ziad utilise les gens (ici Ammar et Nashwan et Walid) (qui étaient sûrs que son argent chez Walid). Donne un minimum de renseignements, et les autres le suivre sur la confiance (vend la peau de l’ours) pour d’autre raisons (flatte).
Ex : Omar l’autre nuit.
+ Vous pensez que je suis un con.
Mon argumentaire est entièrement construit contre la société, ou contre l’islam : Contre cette connivence de l’intelligence collective, qu’inlassablement les années suivantes je tenterai de réintégrer. Ici manifestement, je le vis comme une tentative de manipulation généralisée.
Très révélateur aussi, cette phrase qui revient : « Vous pensez que je suis un con ». Mais ce n’est pas qu’ils me prennent pour un idiot, au contraire : plus je comprends les subtilités de la situation, plus je me défends intelligemment, plus quelque chose se dérobe à moi, qui me rend fou, et plus ils prennent plaisir à me regarder me débattre.
Il y a dans cette expérience une réfutation de la méthode ethnographique, telle que formulée juste après : l’idée qu’on apprend en surmontant les problèmes. En fait non, ce problème est insurmontable. Parce qu’en fait, tout repose sur ma subjectivité.
On sort. Papote avec Ahmed de mes résultats. (De fait, c’est vrai qu’on apprend plus avec les problèmes…).
Il dit : « les gens en général, ils pensent que tu es un enculé. (Raison pour venir, étranger…)
Ziad ne fait qu’utiliser ça. Triste.
Comme on disait l’autre jour, un jeu échoue, il essaie un autre. »
C’est un peu fatiguant ces histoires, il ne faut pas le prendre trop à coeur…
Page de bilan dans laquelle j’affirme une subjectivité sociologique.
Euréka. J’écris une histoire de corruption.
C’est ça la corruption. C’est que tous jouent sur deux tableaux différents.
Corruption des sentiments, toujours sur le qui-vive.
En même temps, n’empêche pas d’aimer…
Ziad, j’imagine, doit avoir compris cela depuis longtemps. Il se demande ce qui m’attire là dedans.
Comment Ziad obtient-il son autorité ?
→ phénomène spécifique, à un terreau de corruption.
Maintenant, voir la problématique dans la durée. S’en sortir.
Ziad, figure magnifique. (aller voir Waddah aussi ! [rencontré deux jours plus tôt])
- religion. → il y croit, et cette foi l’isole. L’enferme.
Sort du quartier avec ça. (au moins il pense, me présente les choses comme ça…).
Ambiguité : c’est aussi un « entrepreneur »… sert aussi sa domination.
Donc je vais écrire d’abord la corruption ordinaire. - Amitié. Quoi d’autre.
Dans son environnement (drogue).
Et puis des portraits. S’en sortir.
[ajout ultérieur, dans une encre différente]
1ère phrase : explication essentialiste : chrétien / musulman.
2ème phase : explication moralo-économiste. Corruption.
Faut-il en fait parler de jeux de valeurs différents ?
(Mardi 30 septembre) Lundi 29 septembre.
10h, Mahfouz Abu Ammar → Appart de la mosquée el-khayr. Change un peu de comportement quand voit la feuille → espoir.
Sauf que Ammar me fait des suggestions sexuelles.
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Vieux type |
Arafat |
Jeune frère d’Arafat ~15 ans |
……… |
……… |
قاضي |
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Autre h, qui était général. |
Moi |
منصور العودي |
…… |
…… |
Le Qadi m’apparaît pas sympathique du tout, منصور un peu plus, et l’officier aussi.
Arafat, qui se cache pour me donner cigarette.
Remarque du père, 1 peu paternaliste.
Occasion d’expliquer ce que je fais.
On me demande de raconter, plusieurs fois. - +ENS, …
Le message passe → « Bref, tu veux changer d’amis ? »
+ En Général, je parle des difficultés éco, vie difficile → même regard qu’eux.
Qat chez Khaldoun. Papote avec Lotfi. 32 ans,
depuis 6 mois à Sanaa (ateliers de Rolex, ou…), avant 4 ans à Aden (idem), avant magasin.
Marié à 21 ans, divorcé. 2 fils, Mohammed~10 et Bessam ~5 qui vivent avec sa mère ?
Aden mieux que Sanaa. Tu peux sortir. Sanaa : (Métro) boulot dodo. Gens pas ouverts. Se sent étranger.
Qate beaucoup (2 paquets) +shamma (tabac à chiquer).
Même discours que Khaldoun : y’a les gens biens, et y’a les gens pas bien.
Frères : Yasser. Salah. سند.
Je réalise en ce moment :
- J’ai pris les mises en garde de Khaldoun comme une mise en garde de quartier à quartier (ethnocentrisme. quartier riche, quartier pauvre).
=> oublié qu’il y avait peut-être des « gens bien » à l’intérieur.
-Plus, bien sûr, position d’hôte → réticences à te présenter comme chercheur.
Viens ensuite le moment de l’indép.
Vers 8h, passe au mamlaka La pièce de Ziad. Nabil - avec un copain inconnu :
- « Ahlan ! [«Bienvenue»] Où est Ziad ? »
- « Où étais-tu hier, je t’ai cherché… ».
- « Je voulais que tu me passes de l’argent. »
=> je suis la créature des Khodshy, ils font ce qu’ils veulent avec moi.
Retour chez Nashwan. Walid arrive. Parle de sa peur (j’ai pas joué au Sheikh!) (Tu ne rentres pas dans la pièce !). Je demande s’il sait où est Ammar.
→ Me dit « Pourquoi ? Qu’est-ce que tu veux. » l’air curieux…
(Je demande à Walid, pourquoi veut garder le mmmmamlaka ILLISIBLE ?
→ « J’ai donné loyer… » « Me plait… 3 ans ».
→ Nashwan : moi je sais. Il y a un ami à lui qu’il veut garder, et s’il veut le garder il doit garder le Mamlaka.
(C’est vrai!) Oui.
C’est manifestement une histoire romantique inventée sur le moment, produite devant moi pour me tester.
Effet direct de ma curiosité sociologique assumée, que je n’ai pas la pudeur de dissimulée, et qui suscite en réponse des intrigues mises en scène.
On voit ici que mes réflexions sur le rôle de l’affect dans la sociabilité s’alimentent de matériaux produits par les jeunes, qui cherchent à me tester.
(Je dis ce que je pense de lui : bon fond, mais faible. Suit les autres, est d’accord pour ce qui est de Ziad et Nabil.
On parle de Nabil, de Ziad, peur (même état depuis 2 jours).
(moi je stresse a posteriori, en retrospective)
Ma remarque trahit un moment de basculement subjectif.
Apparemment, Nabil a dit à Walid qu’il ne veut aucun jeune dans la pièce.
Ammar S est à la fois le plus entreprenant, dans sa manière de tester ma sexualité, et aussi le plus sincère, dans les moments de franchise auquel ces joutes donnent lieux.
Notamment, Ammar m’assure que Ziad n’est pas impliqué dans le nouveau « complot » contre moi, mais je ne le crois pas, au moment de la prise de notes : je n’arrive pas à concevoir ce dont il parle.
Lors de la prise de notes, j’identifie un complot de Ziad.
Ammar arrive, commence à se bouffer le nez. « Menteur, tu marches dans toutes les arnaques » / Ziad. (parce que Nashwan a peur que Nabil apprenne qu’il a parlé à Ziad (cf ci-dessous, coup de fil avant l’arrivée de Ammar..
→ je m’excuse, en racontant mes doutes,
+ nouvelle rumeur, tt à coup → programmé ?
« Oui programmé. » « Mais lui n’est pas dedans. »
Je dois faire plus confiance à mes intuitions
Sous-entendu : Ziad est bien l’instigateur du complot – bien que Ammar m’assure du contraire.
Parle de Ziad, me dit que Ziad est le pire des manipulateurs. T’utilise…
Pièce ! Enjeu important. Cf Nashwan aussi.
[C044.jpg] Quand on sort, me dit « tu veux que je reste avec vous chez Nashwan cette nuit ? J’ai beaucoup des bons/doux souvenirs dans cette pièce avec Nashwan… Tu sais ce que c’est des doux souvenirs ?
Bref, c’est une taupe.
Enfin Ziad est dans le coup car retournement coïncide avec son passage.
Est-ce que tu commences à avoir confiance maintenant ?
On croise un copain à lui,prof de sciences religieuses. 235 926 ياسر هلال
-Insiste qu’il se sacrifierait pour moi devant Nabil…
On achète qat.
-Moi je veux juste un ami, sincère.
Bref, Nabil le frappe, mais Ammar se sacrifierait pour lui. Tout en dénonçant sa violence, il me fait des avances sexuelles. Quelle énigme irrésistible !
À ce stade, il n’y a que deux interprétations possibles :
- soit nous avons affaire à un « empire de la passion » (un espace domestique, ni plus ni moins), régissant toutes ces relations du quartier.
- Soit tout est une manipulation de Ziad, (dont je m’imagine qu’il est) le seul qui a perçu ma faiblesse, et qui tente de l’exploiter.
Seule la relation avec Waddah (quelques jours plus tard) me permettra de croire à la première option, de lui donner corps, au sens propre comme au figuré. Dans l’immédiat, c’est la seconde option qui me permet d’affirmer ma rationalité : je veux croire que Ziad est le chef d’orchestre de tout ce complot, car de mon point de vue il est le seul qui a perçu ma faiblesse. En réalité, il est évident pour tous les Yéménites que mon sentiment amoureux envers Ziad s’inscrit dans une ambivalence plus générale, une quête de l’islam, dont ils perçoivent de nombreux signes dans mon comportement. Mais je ne peux concevoir cette conscience collective (ce serait admettre l’islam). Ziad est le seul qui assume face à moi cette conscience collective, qui me fait savoir qu’il perçoit en même temps qu’il perçoit. À ce stade il a décidé de se retirer, et il se lave les mains de ce qui arrivera. Mais pour ma part, je ne peux croire à l’autonomie cognitive des autres acteurs, à leur lucidité : Ziad est le seul qui peut jouer, car il est le seul qui voit en moi. Les autres sont aveugles, désirent à travers moi des choses triviales.
« Non, Ziad c’est un type bien, meskin »
Meskin… → regard bien condescendant
Rumeur : c’est qui ce Français qui qate beaucoup.
+ Gvt, enlèvement mon cul. Veut t’éloigner de nous.
Je parle de la corruption, à toutes les échelles. Comportement des Jeunes → Ali Abd Saleh.
(en présence d’Ammar) ; Sa’ïd : مجتمع ظالمة société injuste
[C045.jpg] Ammar dit à Nashwan et moi de monter, il papote avec Sa’îd. (il est pas très bavard).
Après 20 minutes, Sa’îd remonte tout seul. Quand je demande où est Ammar, me dit que son père de Ammar est venu le chercher.
Est-ce qu’il a eu des doutes ?
Ou une baisse de moral.
Manifestement, il y a discussion sur mon compte, intuition que je cherche à faire passer dans la prise de note, sans pouvoir l’énoncer.
Discussion Nashwan Sa’îd.
- Ammar (+tard) : est-ce qu’il est sincère ? شرّي
non, il ment. Question → marche des fois avec Ziad. On le voit venir, quand il veut ton qat. CE qui me plait chez lui, c’est que quand il voit que tu le prends mal, il se dégonfle et te console. (avec un peu de tendresse) tu le vois venir, qui s’approche et qui te prend ton qat. Je l’aime bcp.
Et ouais, apprentissage à faire avec les gens qui slaloment.
Réussir à aimer sans la confiance.
Il y avait du vrai, quand Ziad me dit que je veux qu’il se comporte avec toi en fr, et c’est pas possible.
- Ziad, on discute s’il est sincère quand il prie.
Nashwan : non, c’est pour l’image & se marier.
Avant était violent, qatait au « projet de l’eau », tu venais, il te prenait ton qat puis lève toi où je te tape. → seul.
Après s’est calmé avec la pièce. Les gens venaient à lui spontanément.
→ developpe un rôle comme le « sage » du village.
Nashwan : celui qui le comprend le mieux.
Un jour, Ziad lui faisait la morale : tu es un moins que rien, فاشل raté / en échec, tu étudies pas. Lui a dit : c’est ta science qui est فاشل, une science qui n’inclut pas les mœurs, et qui ne te force pas à réfléchir sur toi-même.
J’ai des mœurs, qui valent mieux que les tiennes.
Constat sinistre, la plupart des jeunes étudiants que j’ai rencontré, pas intègres.
Sauf. Nashwan // Taher
[C046.jpg] Nashwan
Père (qui lui enverra des sous pour monter à Sanaa, mais ne le recevra pas). Lui donnait pension. → vivait bien, avait les moyens d’avoir des amis. « Il y avait une sorte de joie. Je prenais les choses avec humour. »
Mais type aux states, lui demande d’être gérant de l’immeuble (louer, loyer), d’être fidèle et il l’aidera en échange.
Quand mère tombe malade (insuline → diabète) et doit être opérée en Arabie Saoudite, lui demande → commence à se retourner. Ecrit fax à son père, qu’il ne fait rien, qate…
→ coupure des fonds.
Mère, le réveille le matin.
Position, chez toi => les gens viennent.
→ secrets, au courant.
Mais fatiguant. Sait tout sur tout le monde. Les sert eux, pas toi.
Filles l’aiment. Pas Ziad (quand il est malade, elles se pressent à son chevet)
ضروف !
Et maintenant, se dit fou…
Ammar m’a raconté qu’au début, il lui disait qu’il voulait me connaître pour que sa mère trouve son problème psy. Ammar se moque : « en quelle langue ? »
histoire bien possible, révélatrice du personnage
[C047.jpg] Bessam : // Ziad.
Pour Sa’îd : celui sur lequel Ziad est monté.
Sa’îd, à la fin, me demande si j’étais vexé par son comportement au « conseil ». Non. Me raconte que a dt à Ziad, après la dispute ou Nashwan est resté : « tu lui dis bienvenue, pour 3 mois, et après tu le jettes ? »
Et puis discussion à la Bertolt Brecht.
-Sut com : image valorisante.
→ coop de tous. Les + forts monte sur les + faibles.
(je les appelle les ناجحين des gens qui ont réussi=> protestation. Ce ne sont pas des Nagihîn, pas d’honneur.
Said : - Abdennasser, lui demande de peindre chez lui, ne paye pas.
-accués d’avoir volé une voiture garée devant chez lui… 2 fois le type passe : où est la voiture/
Nashwan :
- père ruiné par un de ses frères.
En général, entre frères !
- Saïd : Ne t’en fais pas, c’est juste du vent. Un jeu.
[Quand je] Dors chez Nashwan [sans doute au cours de l’après-midi]. Je rêve de tribunal, de jugements, de normes de jugement.
Central en effet. Normes de jugement.
[C048.jpg] Le 30 septembre 03.
Aujourd’hui, sûr de moi. Je joue.
~13h, je ne trouve que Ahmed et Omar et Salah qui trainent devant épicerie ? J’invite Omar à manger asida. « Mais à ton compte ? » (précise bien) ; oui, oui, t’en fais pas.
Demande où est Ziad, je dis je sais pas trop, dit il devrait rentrer aujourd’hui.
→ au courant, mais refuse de dire par qui.
« Il a dû téléphoner à quelqu’un ».
Me dit qu’il est en colère contre Salah, histoire d’appart, je dis bon, c’est pas grave, un peu sans blasé.
→ « j’ai l’impression que tu penses que je te mens »
→ « pourquoi tu as cette impression »
Après, rien à se dire.
Nashwan veut faire la même chose - avec Ammar - , je dis qu’il y a pas de problème.
Nashwan a peur des suites de l’histoire, donc me demande de ne pas le citer…
Arrive Nabil, accompagné de Wâ’il. Me demande quel est le Pb ? Pourquoi j’ai téléphoné à Ziad ?
Je ne suis pas عرطة, vous croyez mais…
Nabil se calme. Fait un peu la morale aux jeunes.
[C049.jpg] Sortent directement, Wa’il me dit juste que s’il y a des problèmes, parle en directement.
Nashwân et Walid me félicitent.
« Il va te faire respecter dans le quartier… »
La réaction des Yéménites est complètement incompréhensible à l’époque. Je me débats dans des relations cordiales, et en même temps qui comportent une part totalement obscure.
Pars chez Tareq. J’apprends Houda à S.
La présence de ma prof d’arabe à Sanaa sert d’alibi pour me retirer, juste pour quelques jours à l’origine, de quoi prendre un peu de distance.
Retour quartier vers 19h. Papote avec Nashwan.
Ammar, je lui propose de m’accompagner à manger. Invite l’autre Ammar, sinistre.
Taher nous rejoint (connaît cet Ammar, sale type).
→ Abu Ammar, pour l’appart (menteur).
Chez Khaldoun, je raconte l’histoire de Nabil et Ziad, Khaldoun s’énerve un peu « Depuis le début je te le dis… »
Retour, on blague avec Nashwan, Salah, Sa’if, Omar, (+el-Oudayni)+ ?
Je chante bcp, fort.
Ammar et Abdallah m’emmmènent faire un tour, acheter une glace, intimidant de mes 2… « On va te tuer » « Tu as déjà tué… ? »
Abd est énervé contre moi. Faut dire je suis sur de moi et je lui fais sentir.
Mohammed Faysal me propose chambre à côté Sha’ab, 8000, cher, m’embobine. → on verra quand je rentre.
[C050.jpg] Ahmed me dit : « tu reviens ? » Quand je pars avec Abd et Ammar. Je blague : tu es Gassous, Gassous ‘alal Gâssous. Tu es un espion. Un espion sur l’espion.
Ammar encore assez affectueux, mais se calme un peu, par moment seulement.
Nashwan me dit que je suis très fort à qui veut l’entendre.
Salah passe, tard.
Je blague que je vais l’écraser comme une araignée.
Parce que son jeu est à nu, à ce stade, je pense.
Camion de Police qui passe, court après 2 jeunes.
(Mohammed Faysal leur dit qq chose…) Affaire de vol.
Situation personnelle cruciale : ce sont les moutons noirs.
→ personne ne veut se porter caution. Personne ne leur prête / ne les croit (Nashwan).
Sanaa [dessin ampoule qui éclaire]
→ acceptent qu’il prenne la plus grosse part, dès lors qu’il donne les miettes aux petits.
Genre [? illisible] Ziad : « Donne 100 rials pour acheter un coca à Mohammed Faysal ! »
Ne dit pas à tout le monde qu’il part pour chercher du boulot.
À Salah : « je pars régler quelques affaires… ».
Dans le car. Discussion avec Nashwan.
[à propos de Ziad avant :] (il était mal poli, mauvais, il disait « je veux », prenait…).
« Qu’est-ce qu’il a dit sur moi ? »
→ Au contraire, Ziad le priait de venir qater chez lui.
→ Et puis au contraire, avant était un type bien.
(Je lui dis qu’au début je le prenais pour un clown, bouffon).
→ Version de l’histoire :
1 des premiers soirs où tu avais traîné chez Zid, il m’a dit : « ce type, il parle de sujets importants, sérieux, il parle très bien. → je veux que tu parles aussi avec lui et que tu me dises ce que tu en penses.
Mais moi, je n’ai pas marché dans leur truc. Le lendemain, quand « je t’aime », je n’ai parlé que de sexe, et des conneries.
Ils étaient en colère.
Même après, Salah est venu me dire : « Qu’est-ce qui t’arrive ? »
Discutaient Fawaz, Ziad, Jalal et Salah, pour savoir si j’étais franc-maçon.
Version du soir où il m’a viré.
Ziad est monté devant che Nashwan, a parlé devant Ammar, Sa’îd, Nashwan, Salah, Salah, Omar, +.... A dit ce type il est malin, il a des intérêts, il faut une recherche.
Reste dans le flou → chacun comprend à son niveau.
Salah l’appuie, dt qu’il a eu loisir de m’observer quand on a discuté à اخوين [funduq al-ikhwayn, colline dotée d’un hôtel. Cf supra.
[C052.jpg]
Tu veux comprendre Ziad ? Regarde le père. C’est comme Ziad. Sa mère ? Adorable.
Interprétation de quand il m’a viré. A compris que tu étais de ceux qui veulent changer les règles du jeu.
Avant jouaient aux échecs avec toi. Echecs.
Pourquoi a appelé Nabil ? - N’avait pas envie de rentrer. - Parce qu’il veut que tu l’appelles au secours.
Oui, Ammar, joue avec Ziad. عمار شرير ! [Ammar c’est un diable!]
Abdallah → fou.
Aujourd’hui, coup de tristesse.
Je fais la sieste et je rêve d’angoisse.
En même temps rien que le fait de revoir Houda me remet dans l’ambiance Ulm.
Est-ce que j’appelle Lucie pour déjeuner.
Quelle violence !
Cousins par la première épouse du grand-père maternel :
Cousins par la première épouse du grand-père maternel :
•Ahmed (27 ans), qui a grandi dans le quartier, d’une famille métisse (muwallad).
•Abdennasser (~ 40 ans) : voisin, qui travail aux renseignements.
1Jeanne Favret-Saada « Relations de dépendance et manipulation de la violence en Kabylie ». L’Homme 8, no 4 (1 octobre 1968): 18‑44. [republié en 2005 sous un titre modifié : “Vengeance et segmentarité en Kabylie coloniale”, in Algérie 1962-1964: essais d'anthropologie politique, Bouchène, pp. 63-100].
2Jocelyne Dakhlia. L’empire des passions. L’arbitraire politique en Islam. Paris: Aubier, 2005.