Retombées d’intérêt général (14 mai 2019) Traitement de l’information sur le Moyen-Orient Réflexivité institutionnelle et lutte contre la radicalisation Pédagogie et éducation populaire L’avenir du mouvement Gilets Jaunes Auprès d’organisations internationales Recherche d’une solution à la crise yéménite Une alliance stratégique en vue d’un changement de paradigme dans les études arabes
Dans la société françaiseTraitement de l’information sur le Moyen-OrientAuprès des personnes et institutions concernées de près ou de loin par les problématiques moyen-Orientales (organisations humanitaires), l’association propose une lecture originale de la crise du Moyen-Orient, fondée sur l’épistémologie, la cybernétique, et l’anthropologie fondamentale plutôt que l’anthropologie culturaliste. Elle travaille non à partir de « vérités alternatives » mais sur la base d’un traitement original des canaux d’information habituels (monde académique, journalisme, organisations internationales), dont elle prend en compte les angles morts structuraux en contexte moyen-oriental. Réflexivité institutionnelle et lutte contre la radicalisationDans le contexte démocratique français, l’association intervient dans d’autres contextes institutionnels (travailleurs sociaux, organismes traitant de « radicalisation »…), où elle promeut la réflexivité institutionnelle. Dans ces contextes, la « petite histoire » du Royaume de Ziad est mobilisée comme support « thérapeutique », d’identification et de psychodrame, permettant de favoriser l’émergence d’une conscience réflexive d’ordre historique et épistémologique (selon l’approche de l’anthropologue et cybernéticien Gregory Bateson). Ces interventions visent notamment une laïcité réelle - c’est-à-dire la neutralité stricte de l’institution vis-à-vis de l’appartenance religieuse. Elle s’emploie à mieux expliquer la violence des rapports nord-sud, qui ne se limite pas à une dimension matérielle et économique, comme la violence du rapport d’enquête qui sous-tend l’appréhension humaniste du monde. Illustration : Une analyse originale (cybernétique) de l’affaire Merah Pédagogie et éducation populaire« Le Royaume de Ziad » est l’une de ces histoires offrant un accès privilégié à ce que l’anthropologue Gregory Bateson (1904-1980) appelait « la structure qui relie » : Quelle est la structure qui relie le crabe au homard et l’orchidée à la primevère ? Et qu’est-ce qui les relie, eux quatre, à moi ? Et moi à vous ? Et nous six à l’amibe, d’un côté, et au schizophrène qu’on interne, de l’autre ? (…) Pourquoi les écoles n’enseignent-elles presque rien de la structure qui relie ? Est-ce parce que les professeurs se savent porteurs du baiser de la mort, qui ôte la saveur à tout ce qu’ils touchent, qu’ils refusent ainsi d’aborder ou d’enseigner les choses réellement importantes de la vie ? Ou bien sont-ils porteurs du baiser de la mort justement parce qu’ils n’osent rien enseigner de ces choses-là ? Quel est donc leur problème ? (…) Je m’en prenais récemment aux insuffisances de l’éducation occidentale : dans une lettre à mes confrères du Conseil d’administration de l’Université de Californie, j’avais glissé la phrase suivante : « Si l’on brise la structure qui relie entre eux les éléments de l’apprentissage, on en détruit nécessairement toute la qualité. ». Je vous propose cette expression, la structure qui relie [the pattern which connects], comme un autre titre possible pour ce livre. Gregory Bateson, La Nature et la Pensée (1979), p.16. Sur les retombées pédagogiques potentielles en contexte Sétois, pressenties à partir de mon expérience d’enseignant en mathématiques (2014-2015) et mon passage par le lycée professionnel (2015-2016), je renvoie à un projet d’association antérieur, abandonné faute de légitimité institutionnelle locale. L’avenir du mouvement Gilets JaunesFace aux transformations actuelles de la société française dans son rapport au politique, il est urgent de refonder le pacte laïque en contexte de mobilisation sociale. Cela ne peut se faire qu’aux prises avec les situations locales. Les mouvements idéologiques de gauche ont longtemps prétendu assigner les musulmans à une forme de mobilisation qui souvent ne leur correspond pas, avec une forme de catéchisme qui s’ignore. Si Ziad se prend depuis plusieurs années pour ‘Issa - c’est-à-dire Jésus le prophète musulman - c’est que notre histoire cristallise ces contradictions latentes, qui sont aussi celles des sciences sociales face à l’islam, d’ordre intellectuel et cognitif. À travers cette histoire de notre temps, l’association propose un cadre laïque pour appréhender sans tabou la différence religieuse, ses conséquences pour la citoyenneté, le rapport à l’État et les mobilisations sociales. Auprès d’organisations internationalesActeurs humanitaires à TaezEn la personne de Yazid al-Khodshy, l’association dispose d’un interlocuteur local, non aligné, ayant toujours eu à coeur de maintenir une marge d’indépendance vis-à-vis des différentes factions en présence. « Shérif » de son quartier (‘âqil) depuis 2009, Yazid al-Khodshy est l’une des rares personnalités locales à ne pas avoir abandonné son poste (sauf dans une brève période en avril 2015, au plus fort des combats). Fort de cet ancrage local, Yazid a toujours eu à coeur de maintenir son indépendance vis-à-vis des différentes factions et organisations politiques. À l’été 2018, cette position non-alignée lui permet de jouer un rôle de médiateur dans les conflits liés à l’accès à l’aide humanitaire. Ce qui lui a permis en avril dernier, soit dix ans après son entrée en politique, d’accéder au statut de Cheikh. (Voir mon texte « Un cheikh pas comme les autres ») À travers son Conseil de Surveillance, l’association est conçue pour mobiliser autour de Yazid al-Khodshy les protagonistes historiques de l’enquête : « Le Royaume de Ziad » représente un levier d’action sur les intérêts propres de Yazid, permettant d’assurer une représentation pluraliste, en mobilisant de manière expérimentale toutes les ressources de cette enquête. Sur la centralité de Taez dans la guerre, et le caractère emblématique du quartier de Hawdh al-Ashraf, voir ici. Recherche d’une solution à la crise yéméniteL’association entend contribuer « par le bas » à la recherche d’une solution à la crise yéménite - pas tant de manière théorique, en offrant une « perspective complémentaire », mais de manière expérimentale et empirique : en construisant un cadre intelligible et légitime à la poursuite de l’interaction avec les acteurs de cette enquête, qu’ils vivent aujourd’hui en exil ou toujours à Taez, de nature à favoriser les alliances décentralisées entre les sociétés civiles. FOCUS : La bataille de Taez et les acteurs internationaux : un système cybernétique Si Taez, en son coeur, reste acquise depuis août 2015 au camp des puissances sunnites, la ville a été en proie ces dernières années à une guérilla fratricide, entre factions alignées sur les différentes puissances régionales en compétition : d’une part les milices salafistes, armées et financées par les Emirats Arabes Unis, d’autre part les milices des frères musulmans, alliées à l’Arabie Saoudite sur le terrain yéménite et soutenues idéologiquement par le Qatar. Pour autant la bataille de Taez n’est pas qu’une « guerre par proxy ». Bien qu’elles peinent à le reconnaître, les institutions internationales sont parties prenantes de cette situation. Car le conflit entre salafistes et frères musulmans ne découle pas d’un clivage idéologique réel, quoi qu’en disent les « islamologues » de service, plutôt d’un problème structurel des rapports entre les institutions internationales et l’activisme musulman. Ainsi, la rivalité intra-sunnite qui déchire la ville de Taez en son coeur, s’interprète en dernière analyse comme une rivalité structurelle entre islamistes cooptés par les sciences politiques occidentales (cf le Prix Nobel de la Paix attribuée en 2011 à l’activiste Tawakkol Karman, issue des frères musulmans) et islamistes incooptables, dont le parrainage est « sous-traité » aux Emirats Arabes Unis, par une Arabie Saoudite déjà sur la sellette dans l’opinion occidentale. Il semblerait ainsi que l’extrémisme religieux, quoi qu’il représente un danger réel pour la stabilité du monde, soit largement alimenté (à leur insu) par les experts issus du monde académique occidental, du fait de l’inertie de leurs catégories mentales et de l’ambivalence des rapports à leurs informateurs. Dans une perspective cybernétique, ces caractéristiques structurelles des institutions internationales définissent l’équation géopolitique qui met le Moyen-Orient à feu et à sang. ConclusionUne alliance stratégique en vue d’un changement de paradigme dans les études arabesUne méthode de recherche s’est imposée au coeur des sciences sociales occidentales, depuis quatre décennies environ : l’ethnographie, une démarche empirique et expérimentale, réflexive et souvent multi-située, conçue pour faire évoluer la théorie anthropologique vers plus de symétrie et de généralité. Dans les études consacrées à l’aire culturelle arabo-islamique, cette évolution peine encore à s’imposer, en lien avec la pesanteur des contraintes politiques (enjeux économiques et géostratégiques) et intellectuelles (histoire de l’Orientalisme). Confiants que l’anthropologie symétrique du monde contemporain (je pense notamment aux travaux de Jeanne Favret-Saada) permet de dénouer bien des situations même sur les questions liées à l’islam, l’association Le Royaume de Ziad propose de mobiliser « hors les murs » les enseignements de cette méthodologie (on parle aussi parfois de recherche-action).
À condition, bien évidemment, de lier la parole et les actes, la réflexion collective et la mobilisation caritative, en collaboration avec des acteurs établis du champ humanitaire. Nous proposons ainsi d’établir une sorte de jumelage entre deux contextes locaux, fondé sur la solidarité et le témoignage direct, afin de trouver peu à peu des clés communes à l’appréhension de notre destin collectif. L’esprit commun de cette initiative, nous ramène au Royaume de Ziad, qui est l’origine de cette histoire : cette question des rapports intellectuels symétriques, et de la responsabilité particulière des diplômés dans la genèse des crises actuelles, que j’ai pu observer aussi bien à Taez que dans le contexte Sétois. Une approche centrée donc, d’une part, sur l’incitation à la réflexivité, d’autre part, sur la popularisation d’outils de critique épistémologique, y compris auprès d’un public musulman (théologie et sciences sociales), afin d’opérer à l’articulation des crises, celle du « populisme » occidental et celle du Moyen-Orient. Donner un avenir au Royaume de ZiadConformément à l'article premier de la loi française du 1er juillet 1901, les adhérents de l’association « mettent en commun leurs connaissances ou leurs activités » dans le but de donner un avenir au Royaume de Ziad, c’est-à-dire :
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