Premiers contacts

Jeudi 7 février 2019. Aujourd’hui, j’ai fait le ménage dans mon dossier « gilet jaune », et je suis tombé sur des textes rédigés début décembre. Comme ces notes du lundi 3, amorce d’un « journal » que je n’ai jamais poursuivi. Trois jours après mon premier rond-point, ma première poignée de main, j’ai eu le réflexe de poser cet « aide-mémoire », comme pour commencer à penser simultanément ces rencontres si différentes, ce mouvement si protéiforme, qui me prenait par surprise dans ma propre société. Une semaine après j’étais tombé malade, et j’ai passé les fêtes à me vider les bronches. Je ne suis revenu dans le mouvement qu’en janvier, à travers les réunions « GJ pacifistes » du Beach, l’atelier constituant de Jean-Charles, puis les AGs au Palace. Je me suis mis à écrire des compte-rendus, ça a plu, et finalement c’est comme ça que j’ai trouvé ma place. À présent je suis à nouveau sur les ronds-points.

 

Vendredi 30 novembre

Je passe au Rond-Point Carrefour de Balaruc, pendant que Gaby est à la boxe, je discute avec Christian de Montbazin.

 

Samedi 1 décembre

Rond-point carrefour de Balaruc. Je travaille à l’aube puis j’arrive pas trop tard, vers 8h30 > 12h.

Bon contact avec Christian. Aussi jeunes qui m’aident à placer un grand gilet jaune cousu. Ambiance bon enfant.

 

Discu avec dame parisienne, séparée, qui harangue un peu les automobilistes, mais sincère. Discu avec jeune femme qui annonce le monde nouveau, en train de se mettre en place. Se dit membre d’un parti, institut Schiller et parle d’une certaine Helga Zepp-LaRouche. Nous échangeons vite fait, butons sur Bachar al-Assad.

 

Expérience d’arrêter les voitures, de les faire débrayer, me fait beaucoup cogiter. Honte au début d’être sur la chaussée. Puis j’assume. Je me mets vers Rond-Point grand frais, côté Sète. Croise un type de la mosquée, salam par la fenêtre, et Falki passe au loin.

 

Dimanche 2 décembre – péage Poussan

Aprem 11h> 15h. J’y vais surtout pr comprendre question de la violence

[un grand panneau routier a été détruit la veille, à l’arrivée du péage].

J’y vais un peu franco au début, et une question m’échappe « où il faut se placer pour comprendre qui gère un peu… » et le type s’éloigne. Comme d’hab, je suis complètement à la masse sur l’enjeu des RGs et de la surveillance.

 

J’entends aussi les gens qui parlent des pbs de budget, combien de temps ça va durer. Ou à propos de ceux qui sympathisent de loin : « ils seront bien contents de ce qu’on va gagner, ils en profiteront aussi ». Caractère rudimentaire de l’objectif, et en même temps simple et clair.

 

Mec écolo qui vient de Clermont L’rault, vend des panneaux solaires, qui débat de sa vision…

Mec tête de méchant qui se revendique de l’armée du peuple. Je lui demande c’est quoi l’armée du peuple, me répond « les bisounours ça mène à rien ».

Aussi femmes d’âge moyen, qui disent il faut de la casse, sinon ils céderont pas.

Discu personnes assez âgées, autour des syndicats.

Type instable, qui accuse d’être un espion un autre jeune (typé espagnol sombre). Je ne sais pas des fois si c’est pas de moi qu’il parle.

 

Lundi 3 décembre

[le blocage du port a été annoncé]

Tentative à l’entrée face place Delille

Je remonte l’avenue avec mon gilet en boule dans la main. Croise Mohammed l’étudiant, qui bosse là en fait dans une boite. Il me dit : « Les gilets jaunes on est d’accord, mais les dockers ils font chier. »

Situation un peu gênante, du coup je reviens chez moi finalement.

(En même temps je bosse sur mon texte solitude de Waddah, j’ai envie d’avancer).

RP entrée port

Rencontre des CGT avec Geoffrey, au moment où ils lèvent le blocage. On va en face.

Geoffroy mépris envers journalistes « Comment peuvent-ils se regarder devant une glace »

ça me plait.

Depuis ce matin je me demande ce que je pourrais écrire sur mon gilet jaune.

- « Sociologue ayant appris à débrayer »…?

 

 

Midi Libre du 14 décembre 2018 (dessins du samedi 8 décembre). Voir aussi Thau Info.
 

 

 

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