L'Orient et la chambre de Ames
Pourquoi mon
engagement au Yémen apporterait-t-il quoi que ce soit au monde de
l'entreprise ?
Parce que l’Orient a partie liée avec nos structures de perception, et
notre époque souffre d’avoir voulu l’oublier.
Dans l’expérience bien connue de la chambre d’Ames, il est très difficile à l’observateur de prendre conscience de la géométrie de la pièce. S’il est coincé à son poste, sans possibilité de s’extraire, la seule manière consiste à observer attentivement le va-et-vient d’un autre personnage au fond de la pièce. Mes péripéties au Yémen ont exactement cette fonction.
Sur les questions de laïcité et de vivre-ensemble, notre vision du monde est tributaire de l’ordre international installé en 1945, aujourd’hui en voie de démantèlement avancé. Les régimes arabes autoritaires qui se sont effondrés en 2011, vis-à-vis de l’observateur européen, étaient construits comme des chambres d’Ames. Or beaucoup de spécialistes persistent aujourd’hui encore à maintenir les murs de travers, afin de préserver leur propre expertise sur ces questions. Pour les universitaires notamment, il est plus facile de s’affronter entre « islamophobes » et « islamogauchistes », que d’affronter ce phénomène calmement. Mais c’est là un problème interne aux sciences sociales : nos entreprises ont assez de leurs propres défis RH, sans avoir en plus à porter ceux des « Humanités ».
Bref, invitez moi à prendre un café, et vos problèmes se remettront très vite en perspective.