39 ans. Anthropologue indépendant, arabisant
et spécialiste de la société yéménite. Mais
demandeur d’emploi, pour être sorti des
sentiers battus.
J’ai posé mes valises à Sète il y a six ans,
dans l’espoir d’être vraiment utile quelque
part. Pour l’instant j’ai surtout enseigné les
mathématiques et travaillé sur des questions
de laïcité. J’ai aussi fait office de scribe
auprès des Gilets Jaunes du Bassin de Thau,
jusqu'au début de l'été.
Engagé dans l’Alternative Sétoise depuis ses
débuts, je la considère comme un cadre pour
réparer localement la démocratie, en rendant
possible l’expression pacifique de la
conflictualité entre toutes les composantes de
la population. Je candidate ainsi à la tête de
liste, afin de garantir un équilibre entre
co-construction et interpellation citoyenne,
entre démocratie participative et démocratie
directe, jusqu’à la fin de notre campagne et
dans la prochaine équipe municipale.
* * *
Yémen = pays pauvre du Sud de la
Péninsule Arabe, aujourd’hui en guerre, mais
qui à l’époque faisait très peu parler de lui.
Anthropologie = discipline universitaire
prônant l’étude scientifique de l’homme dans
des contextes lointains ou très particuliers,
reposant sur l’immersion prolongée du
chercheur dans la société étudiée.
Ensemble, le Yémen et l’anthropologie m’ont
pris dix ans de ma vie, de 23 ans à 33 ans.
Dix années passées à me débattre avec une
thèse que je n'ai jamais pu écrire, parce
qu'au fond personne ne voulait la lire. Un
jour il a fallu lâcher prise, laisser le Yémen
aller vers son destin, et Sète est la ville où
j’ai atterri. Sète m'a permis de réapprendre à
vivre peu à peu, en cheminant entre ses
différents quartiers. C’est sans doute la
raison pour laquelle, ici, je me sens capable
de réconcilier notre société meurtrie avec
l’intelligence, et de redonner à la gauche le
goût d’affronter le réel. Une confiance que
l’Alternative Sétoise me donne à son insu.
C’est assez mystérieux, et en même temps
parfaitement logique.