Une fixation sur l’islam ?

11 février 2019

Bonjour Martin,

Je suis essentiellement d’accord avec toi, sur les questions de priorité. Et je sais bien que mes analyses souvent ne sont pas compréhensibles en l’état : question de contexte, les mots sont associés à une charge qui me dépasse, et que nous n’avons pas encore les moyens de désamorcer.

Je tiens néanmoins à donner des clés sur mon travail, pour ceux qui souhaiteraient s’y plonger. Ce chantier remonte à une dizaine d’années au moins, et je l’ai mis en place en ligne avant le mouvement des Gilets Jaunes ; il s’adresse surtout à des personnes extérieures à Sète, qui suivent mon travail depuis longtemps. Je pense aussi pouvoir trouver des interlocuteurs au sein du mouvement, notamment à travers cet atelier « Constitution et Histoire » dans lequel je me suis investi. Mais pour moi il n’y a pas d’urgence.

Surtout, je fais clairement la différence avec mes interventions en AG et mon rôle comme « scribe ». Dans ce cadre-là, il n’est pas question d’orienter la discussion sur l’islam : je fais simplement savoir que je suis prêt à m’aventurer aussi sur cette question, à recueillir aussi cette parole-là, de ceux qui font une fixation sur l'islam. Et d'ailleurs en pratique, on n'a même pas besoin d'en parler, on retombe sur des questions qui concernent le mouvement - les questions d'horizontalité notamment… Comme quoi en fait, ce sont les autres qui font une fixation sur l'islam, sur l'urgence qu'il y aurait à protéger les musulmans - de quoi exactement? On ne sait pas trop bien… Bref, je pense qu’il est illusoire d’enterrer cette question à l’heure actuelle, et que c’est à ceux-là d’évoluer - en gros les « intellos » de sensibilité progressiste, qui doivent apprendre à se repositionner sur cette question, ces questions, des rapports entre les sociétés européennes, les différentes religions monothéistes et leur substrat anthropologique. D'où notre atelier.

Bien sûr il y a un lien entre les deux. Si je me comporte comme ça en AG, c’est parce que je me sais capable « d’assurer » à l’atelier du lundi : quelque soit ce qui devra sortir de ce mouvement, j’ai confiance que je saurai accompagner la réflexion - et c’est aussi une confiance dans ma société, dans l’intelligence de la société française et dans les sciences sociales. Mais pour ma part je ne fais pas une « fixation » (mon lien avec l’islam est d’une autre nature… 🤣).

Ma propre réflexion avance beaucoup en ce moment, presque chaque jour, des choses que je n’arrivais pas à formuler auparavant et qui simplifient tout. Même si ce n’est pas toujours clair pour ceux qui me lisent, je pense que ça va le devenir, en lien avec l’évolution du mouvement. C’est logique en tous cas que je nourrisse cet espoir - pas juste l’espoir collectif auquel je prête ma plume, mais un espoir à titre personnel - sinon je ne serais pas là.

Merci de m’avoir lu, d'avoir fait l'effort de déchiffrer mes analyses malgré ce malentendu, et de m’avoir donné l’occasion de le clarifier. À l'occasion, je serais heureux aussi de discuter avec toi de tes sujets d’historien.

A bientôt,

Vincent

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